Test Blu-ray : The Bricklayer

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The Bricklayer

États-Unis, Bulgarie, Grèce : 2023
Titre original : –
Réalisation : Renny Harlin
Scénario : Matt Johnson, Hanna Weg
Acteurs : Aaron Eckhart, Nina Dobrev, Tim Blake Nelson
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h50
Genre : Thriller
Date de sortie DVD/BR : 11 octobre 2024

Alors que des journalistes internationaux sont assassinés en Europe et qu’un complot désigne la culpabilité des États-Unis, un vétéran de la CIA est contraint de sortir de sa retraite pour infiltrer l’ennemi et empêcher l’escalade vers un conflit mondial…

Le film

[3,5/5]

Dans le cinéma d’action contemporain, il arrive que le titre du film évoque le métier ou le surnom du personnage principal : Le Transporteur, The Debt Collector, L’Expert, The Mechanic, The Courier, The Beekeeper, The Gardener, The Driver, Le Protecteur, The Tracker, The Punisher, Missionary Man, The Runner, The Baker, The Watcher, The Doorman… La plupart du temps, ce genre de titre qui claque n’est pas traduit en français, et pour cause : si on les traduisait, le dernier film en date de Jason Statham s’appellerait L’Apiculteur, et la dernière série B mettant en scène Aaron Eckhart, The Bricklayer, s’appellerait… Le Maçon. Vous imaginez ça, dans le métro, en quatre par trois, avec une grosse tagline badass ? « Il fait pas que poser des briques – Le Maçon. » Bam ! « Son fruit préféré c’est la mûre – Le Maçon. » Po-Po-Po-Po ! Ci-dessous, ce qu’auraient pu donner les affiches du film si on n’avait pas opté pour le titre en VO.

The Bricklayer est adapté d’un roman de Noah Boyd, alias Paul Lindsay, un ancien agent du FBI. Il s’agissait du premier roman d’une série consacrée au personnage de Steve Vail, entamée en 2010, et qui n’en compterait finalement que deux, la mort étant venu cueillir l’auteur en 2011. Dans le roman, Steve était un ancien du FBI, licencié pour insubordination. Le scénario du film, signé Hanna Weg et Matt Johnson, troque le FBI contre la CIA, histoire de donner une dimension plus « internationale » à l’intrigue, et à envoyer notre maçon au cœur de la Grèce, ce qui correspond parfaitement à l’ambition de ces petits DTV orientés action / espionnage tournés entre Sofia et une poignée de hauts-lieux touristiques européens dont The Bricklayer est un fier représentant.

Là où The Bricklayer se démarque clairement de ses petits camarades, c’est dans la personnalité que l’on trouvera derrière la caméra : rien de moins que Renny Harlin, qui depuis une quinzaine d’années semble bel et bien avoir déserté les plateaux Hollywoodiens pour tourner où le vent le mène, de l’Asie à Europe de l’Est en passant par sa Finlande natale. Pour ceux qui l’ignoreraient, Renny Harlin est un des réalisateurs les plus emblématiques du cinéma d’action des années 90. Découvert en 1988 avec Prison, qui deviendrait un des best-sellers de la génération video-clubs, il confirmerait tout le bien que l’on pouvait penser de lui avec Le Cauchemar de Freddy, le quatrième épisode des aventures du Boogeyman d’Elm Street. Il serait par la suite rapidement courtisé par la Fox, qui lui confierait en 1990 la réalisation de 58 minutes pour vivre, la suite de Piège de cristal.

Et si le nom de Renny Harlin est souvent associé à l’une des plus grosses catastrophes industrielles du cinéma Hollywoodien (L’Île aux pirates, 1995), les cinéphiles d’âge mûr (mur ? voilà Le Maçon) qui nous lisent se souviendront probablement avec une intense émotion de leur découverte de Cliffhanger : Traque au sommet en 1993, mais aussi et surtout du formidablissime Au revoir à jamais en 1996 – un film qui comporte en son sein une des meilleures répliques de tout le cinéma du Vingtième Siècle : « That’s a duck, not a dick ». Autant dire donc que quand la production de The Bricklayer a réussi à mettre le grappin sur Renny Harlin, elle a pour ainsi dire trouvé la poule aux œufs d’or – une situation inespérée, probablement née de plusieurs concours de circonstances tels que ceux ayant amené Brian De Palma à se retrouver, en 2017, en train de tourner Domino : La Guerre silencieuse dans plusieurs pays d’Europe.

D’une façon assez curieuse, sur les dix films tournés par Renny Harlin ces quinze dernières années, on n’avait pas eu l’opportunité d’en découvrir énormément en France : seuls État de guerre (2011) et La Légende d’Hercule (2014) sont sortis en vidéo, et Skiptrace (2016), avec Jackie Chan et Johnny Knoxville, est disponible sur Netflix. Cela faisait donc un moment que l’on n’avait eu l’occasion de voir le géant finlandais aux commandes d’un film, et grâce à Metropolitan Vidéo, v’la-ti pas qu’on en découvre deux en l’espace de quelques semaines : l’épatant Les Intrus en septembre, et The Bricklayer aujourd’hui qui, certes, n’est peut-être pas aussi épatant que celui du mois dernier, mais qui démontre que même avec un budget restreint, Renny Harlin réussit à tirer le meilleur de ses équipes et à nous torcher une bonne petite série B des familles là où la grande majorité des autres nous auraient probablement endormis.

« Sofia, tu m’as donné ta boue, et j’en ai fait de l’or ! » Hum, non, ne nous emballons pas, quand même. The Bricklayer reste un « petit » film, très modeste, et le savoir-faire indéniable de Renny Harlin ne parvient qu’en partie à masquer l’indigence de certains passages du scénario. Techniquement cependant, le cinéaste parvient à donner le change grâce à certaines scènes d’action très solides, même si toutes ne sont pas du même niveau. A ce titre, la scène dans la villa semble par exemple avoir volontairement tournée au ralenti, les acteurs et cascadeurs prenant leur temps pour enchaîner leurs coups, dans le but d’éviter les mauvais mouvements et les blessures. C’est une technique régulièrement utilisée au cinéma, le film étant par la suite accéléré afin de donner du punch et du dynamisme à la scène, sauf que là, on dirait bien qu’on a oublié d’accélérer la scène (ou qu’on ne l’a pas suffisamment accélérée), ce qui donne une fâcheuse impression de mollesse à une séquence plutôt sympathique au demeurant. Sabotage !

Pour le reste, le savoir-faire indéniable de Renny Harlin permet à The Bricklayer de faire preuve d’une efficacité certaine, surtout quand le héros, incarné par Aaron Eckhart – les cuisses bien sûr – utilise enfin son matériel de maçon pour faire la peau à un truand et lui colle une truelle dans la carotide. En dépit des clichés et des idées à la con (le héros est fan de jazz, et sa collègue de la CIA incarnée par Nina Dobrev profite de son sommeil pour écouter du jazz en loucedé, dodelinant de la tête comme une gamine de deux ans), le film parvient à maintenir un bon rythme du début à la fin, et finalement, c’est tout ce qu’on lui demande. On notera par ailleurs un petit rôle pour Tim Blake Nelson, qui apparait ici impeccablement coiffé.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est Metropolitan Vidéo qui nous propose aujourd’hui de découvrir The Bricklayer sur support Blu-ray, après avoir laissé quelques semaines d’exclusivité à Amazon Prime Video. Comme à son habitude, l’éditeur nous livre une galette techniquement irréprochable. Le master est d’une superbe précision, affichant un piqué d’une précision absolue tout en préservant un léger grain cinéma. Les couleurs explosent littéralement, et les noirs sont solides et profonds. Côté son, l’éditeur fait également dans le solide puisque le film de Renny Harlin bénéficie d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1 à la fois en version originale et en version française. Les deux mixages s’avèrent immersifs et parfaitement spatialisés, surtout durant les scènes d’action évidemment. Tous les canaux et le caisson de basses sont régulièrement sollicités, bref, c’est du beau travail, il n’y a rien à redire.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose de nous plonger dans l’univers du DTV triomphant avec un petit quart d’heure de bandes-annonces éditeur, qui sont toujours un moment ludique en famille, puisque bien entendu cela sera à celui ou celle qui trouve le titre du film le plus vite. C’est un super jeu, et en plus c’est toujours moi qui gagne. On s’amusera donc à reconnaître les bandes-annonces de The Bricklayer, Lucky Day, La Légende d’Hercule, I Frankenstein, Silent Night, One Ranger, Kandahar et The Enforcer.

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