Tentacules
États-Unis, Italie : 1977
Titre original : Tentacoli
Réalisation : Ovidio G. Assonitis
Scénario : Tito Carpi, Steven W. Carabatsos, Jerome Max
Acteurs : John Huston, Shelley Winters, Bo Hopkins
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h42
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 27 avril 1977
Date de sortie DVD/BR : 3 mai 2024
Ocean Beach est une petite ville sur la côté pacifique qui mène une existence tranquille jusqu’à ce qu’un bébé et un pécheur disparaissent dans d’étranges circonstances. Quelques heures plus tard, leurs cadavres affreusement mutilés sont retrouvés sur la plage. Le shérif accompagné d’un journaliste et d’un océanographe vont de découvrir la cause de cette horreur : une créature énorme et sanguinaire assoiffée de vengeance contre les hommes…
Le film
[3/5]
Après le succès incroyable des Dents de la mer de Steven Spielberg en 1975, les producteurs de tous bords se sont jetés à corps perdu dans les films traitant de « menace animale ». Des créatures de la mer ou des airs, en passant par celles de la terre comme les lapins, les crapauds, limaces et autres vers de terre, il en pleuvait de partout dans les années 70/80, chaque espèce rivalisant de malice pour renverser de façon meurtrière le règne de l’homme.
Pour autant, on admettra volontiers que les films s’inscrivant dans le sous-genre de la menace animale utilisent généralement un nombre assez restreint de ressorts dramatiques. En gros, sur fond de manipulations génétiques, de mutations ou de rupture comportementale plus ou moins explicable, le film de menace animale opte soit pour la notion d’invasion, qui est plutôt utilisée dans le cas des « petits » animaux, ou pour celle du gigantisme, avec un animal anormalement gros ou agressif s’attaquant à l’homme.
Bien évidemment, Tentacules appartient à la deuxième catégorie, puisque comme son titre l’indique à demi-mots, il met en scène une pieuvre géante qui profite du beau temps estival pour bouffer allégrement les touristes. Produit et réalisé par Ovidio G. Assonitis, le film est donc un dérivé italien du film de Steven Spielberg, ayant la particularité de mettre en scène plusieurs stars internationales, telles que John Huston, Shelley Winters, Bo Hopkins ou encore Henry Fonda, face à un monstre marin censé être une pieuvre géante mais qui, honnêtement, pourrait être tout ce que l’imagination de chacun voudrait qu’elle soit.
Très lent au démarrage, Tentacules mettra du temps à révéler sa créature. Le film prend place dans le sud de la Californie, et au début du film, une série de morts mystérieuses dans l’eau ou près du rivage plongera les autorités locales dans la tourmente. Contrairement au spectateur, ils ne connaissent pas le titre du film, et comme ils ont vu Les Dents de la mer, ils pensent au départ à un grand requin blanc. Ned Turner (John Huston), un journaliste chevronné de 71 ans, décide alors de mener sa petite enquête et prend contact avec Will Gleason (Bo Hopkins), un dresseur d’orques. Ensemble, ils arrivent à la conclusion que ce monstre marin doit être beaucoup plus gros qu’un requin, et face aux morts qui s’accumulent, ils décident de partir en mer pour détruire la créature. Mais pour y parvenir, il aura besoin de l’aide de Summer et Winter, deux orques géants…
S’il est évident que l’intrigue de Tentacules va nous mener à un affrontement contre le monstre dont les gentils sortiront victorieux, la tonalité générale du film est parfois un peu surprenante, dans le sens où elle alterne les passages sérieux et les scènes plus humoristiques, et que ce contraste parait malheureusement un peu trop maladroit pour s’avérer convaincant. De fait, l’intrigue passe régulièrement d’une certaine intensité dramatique, par exemple lors de la mort du personnage de Delia Boccardo ou des coups de pression d’Henry Fonda, à la bouffonnerie pure et simple, notamment sur les scènes mettant en scène Shelley Winters ou celles qui suivent le trio composé par Sherry Buchanan, Marc Fiorini et Franco Diogene, le gros rigolo de La Flic à la police des mœurs, La Prof à la plage et Nue pour l’assassin.
Mis en scène avec l’enthousiasme propre à ces séries B dérivées d’un gros succès, Tentacules est au final un film curieux, nous proposant certains passages en dehors des sentiers battus du genre, et qui pourront s’avérer assez amusants dans leur genre. Pour autant, ces ruptures de tonalité nuisent également à l’homogénéité de l’ensemble, ce qui pourra donner au film d’Ovidio G. Assonitis des allures de gros nanar. Dans tous les cas, au premier ou au second degré, Tentacules tient du petit plaisir coupable que les cinéphiles l’ayant découvert pendant leur enfance reverront probablement avec un sourire nostalgique aux lèvres.
Le coffret Blu-ray + DVD + Livret
[4/5]
C’est Rimini Éditions qui nous propose aujourd’hui de redécouvrir Tentacules sur support Blu-ray, au sein de sa collection « Angoisse » consacrée au cinéma fantastique : un pari éditorial que l’on salue bien bas. Comme d’habitude, le film nous arrive dans un joli Digipack surmonté d’un fourreau cartonné aux couleurs de la collection.
Côté Blu-ray, le master proposé par l’éditeur n’est certes pas de première jeunesse, mais s’avère globalement satisfaisant, et ce même si l’image comporte encore pas mal de défauts. Les couleurs sont belles néanmoins, les noirs sont profonds, les contrastes remarquables, bref, tout est réuni pour redécouvrir le film d’Ovidio G. Assonitis dans les meilleures conditions possibles. Du côté des pistes son, le film est mixé en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine à la fois en version française, anglaise et italienne ; les amateurs de versions françaises délicieusement surannées se régaleront d’une VF dont le doublage était assuré, entre autres, par Jean Davy, Thamila Mesbah, Philippe Ogouz et René Arrieu.
Du côté des suppléments, on ne trouvera sur la galette que la traditionnelle bande-annonce, mais l’éditeur nous propose également un livret de 24 pages consacré à la carrière d’Ovidio G. Assonitis, écrit par l’inusable Marc Toullec.
