Symphonie pour un massacre
France, Italie : 1963
Titre original : –
Réalisation : Jacques Deray
Scénario : Jacques Deray, José Giovanni
Acteurs : Jean Rochefort, Michel Auclair, Claude Dauphin
Éditeur : Pathé
Durée : 1h55
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 2 août 1963
Date de sortie DVD/BR : 11 avril 2018
Sur un gros coup avec quatre truands, Jabeke entend faire cavalier seul pour rafler la mise et entreprend d’attiser la haine entre ses complices…
Le film
[4/5]
Adapté du roman « Les mystifiés » d’Alain Reynaud-Fourton (publié chez Gallimard dans la fameuse collection Série Noire, n° 717), Symphonie pour un massacre s’impose rapidement comme un thriller très noir, dont les influences majeures vont chercher du côté du « Film Noir » américain. Déployant une intrigue implacable, suivant une ligne directrice claire, le troisième long-métrage de Jacques Deray tourne autour d’une série de personnages de truands, semblant tous uniquement motivés par l’appât du gain et de savoir qui s’en mettra le plus dans les fouilles. Dès les premières séquences, qui mettent en scène José Giovanni et Charles Vanel, le ton est en effet donné : l’argent est considéré comme un moteur pour cette improbable gang de malfrats.
Naviguant à vue aux côtés de ces protagonistes n’apparaissant ni comme très sympathiques ni comme très honorables (on est bien loin d’une quelconque « mystification » autour des truands et de leur supposé code moral), même le personnage de Jabeke, incarné par un Jean Rochefort sans moustache, ne trouvera pas non plus réellement grâce aux yeux de Jacques Deray, ni du spectateur : veule, calculateur, ce truand aux yeux plus gros que le ventre se retrouvera rapidement embarqué dans une histoire trop grosse pour lui, le dépassant complètement, d’autant qu’il multiplie les erreurs et les réactions parfois franchement irrationnelles sous le coup de la passion.
Mais Symphonie pour un massacre ne se résume pas pour autant à un simple et réjouissant enchaînement de meurtres : l’intrigue est complexe mais amenée au spectateur de façon limpide -à l’image des allers et retours du personnage de Jean Rochefort dans les vingt premières minutes du film, jamais explicités mais toujours absolument clairs- et certaines séquences s’avèrent tout simplement excellentes. On pense par exemple à la séquence du train couchette (un motif récurrent du genre !), qui développe un suspense vraiment prenant, ou encore à la confrontation avec Charles Vanel, qui marquera à coup sûr toutes les mémoires. Derrière la caméra, Jacques Deray joue avec les codes et les attentes du spectateur, mais livre un film dont la sobriété formelle colle finalement parfaitement à la sécheresse de son propos.
En deux mots, Symphonie pour un massacre s’avère un excellent petit Film Noir made in France, volontairement éloigné de la tradition hexagonale du film « policier » (pas l’ombre d’une enquête ni d’un képi ici), et qui plus est porté par un casting cinq étoiles (Charles Vanel, José Giovanni et Jean Rochefort donc, mais également Michel Auclair et Claude Dauphin). Un petit chef d’œuvre oublié à redécouvrir d’urgence !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Disponible chez Pathé au sein de la nouvelle vague de sa prestigieuse collection « Version restaurée par Pathé », Symphonie pour un massacre vient donc de s’offrir donc un lifting Haute-Définition sur galette Blu-ray. Et aussi bien côté image que côté son, le master proposé par l’éditeur est de très bonne tenue. Si l’ensemble paraîtra peut-être un peu « doux », le film est proposé dans son format 1.66:1 respecté et 1080p. La restauration a indéniablement fait son boulot, les contrastes sont solides, la copie stable, le niveau de détail globalement satisfaisant et le grain argentique a été parfaitement préservé. Côté son, le mixage audio du film est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, clair et sans souffle, et la musique de Michel Magne est parfaitement restituée. On notera également la présence de sous-titres anglais, d’un sous-titrage destiné au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en audiodescription.
Côté suppléments, Pathé nous propose une présentation du film assurée par Jean-Philippe Guérand et François Guérif ; l’un est spécialiste de Jean Rochefort, l’autre de la série noire. L’ensemble est très riche et intéressant, et on notera un boulot tout particulier sur le montage du sujet, pensé de façon à faire se répondre les deux intervenants pourtant enregistrés de façon indépendante.