Test Blu-ray : Summer of 84

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© 2017 GUNPOWDER & SKY, LLC. TOUS DROITS RÉSERVÉS.

Summer of 84

 
Canada, États-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : François Simard, Anouk Whissell, Yoann-Karl Whissell
Scénario : Matt Leslie, Stephen J. Smith
Acteurs : Graham Verchere, Judah Lewis, Tiera Skovbye
Éditeur : L’atelier d’images
Durée : 1h45
Genre : Thriller, Fantastique
Date de sortie cinéma : 29 décembre 1950
Date de sortie DVD/BR : 8 avril 2019

 

Été 1984. Plusieurs adolescents disparaissent dans une petite ville des États-Unis. Le jeune Davey Armstrong est persuadé que c’est l’oeuvre d’un tueur en série et se met à soupçonner son propre voisin, policier en charge de l’enquête. Aidé de ses 3 inséparables amis, il décide d’enquêter pour faire la lumière sur ces disparitions. Mais cette quête de la vérité va s’avérer extrêmement dangereuse…

 

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Le film

[4,5/5]

Le tournant des années 2010 a vu naître une poignée de cinéastes et quelques collectifs de jeunes réalisateurs dont la particularité est d’avoir grandi durant les années 80, à l’ère dite de la « VHS triomphante », et d’avoir été, de fait, biberonnés à la pop-culture véhiculée par les clips, la TV, la musique et le cinéma de l’époque. Les codes du divertissement populaire des décennies 80/90 ont donc été exploités et détournés par une brochette d’apprentis-cinéastes indépendants, livrant avec régularité des courts-métrages assez brillants, largement relayés par YouTube et les réseaux sociaux. Malaxé, digéré et recraché à l’écran avec, la plupart du temps, un esprit gentiment geek et humoristique, le style esthétique des années VHS a donc officiellement repris du service. Parmi les artisans les plus notables de ce « revival » inattendu, on notera bien sûr le suédois David Sandberg, qui a fait le buzz avec le court-métrage Kung Fury en 2015, le collectif français Forge (Le jour de la comète), le collectif canadien Astron-6 (Father’s day) et bien sûr le collectif québécois RKSS (pour RoadKill Superstar), qui nous a offert quelques courts-métrages assez réussis et désopilants, tels que la trilogie Ninja Eliminator ou l’épatant T is for Turbo, initialement tourné en vue d’intégrer l’anthologie ABCs of Death, mais qui servirait finalement de base à leur premier long-métrage, Turbo Kid (2015).

Après avoir transformé l’essai avec Turbo Kid, jouissif hommage au cinéma d’exploitation post-nuke des années 80, revoilà donc RKSS, aux commandes d’un deuxième long-métrage, Summer of 84, qui présente la particularité de ne pas avoir été écrit par le trio de têtes pensantes du collectif, composé de François Simard, Yoann-Karl et Anouk Whissell (qui sont bien sûr frère et sœur à la ville). Exit donc le délire iconoclaste de leur film précédent, Summer of 84 sera quant à lui conçu comme un vrai thriller, même si bien sûr le film ne s’éloigne pas non plus de leur univers de façon si radicale : l’histoire prend place dans les années 80 et suit un groupe de jeunes gens dans la plus pure tradition des films de l’époque, des Goonies (1985) à Monster squad (1987) en passant bien sûr par Stand by me (1986) et beaucoup d’autre. Le film évoque également d’une façon assez irrésistible le cinéma de Joe Dante : on y suit une bande de copains à la Explorers (1985), et l’intrigue à base d’espionnage de voisins dans une banlieue pavillonnaire rappelle naturellement le formidable Les banlieusards (1989). Dans le même état d’esprit, le film évoque d’ailleurs Gremlins dans ses dialogues.

Comme les trois cinéastes l’expliquent dans le commentaire audio présent sur le Blu-ray édité par L’atelier d’images, le projet Summer of 84 leur a été présenté en 2015, anticipant de fait l’effet de mode lié au carton de la série Stranger things. Car autant être clair d’entrée de jeu, il sera absolument IMPOSSIBLE de ne pas penser à la série événement de Netflix à la découverte du film des trois québécois. Pour les trois cancres du fonds qui n’auraient jamais entendu parler de la série, Stranger things se déroule AUSSI dans les années 80, relate AUSSI les péripéties d’un petit groupe de copains, dans une petite ville américaine en proie à des phénomènes étranges, le tout étant AUSSI saupoudré de disparitions d’enfants. Dans un entretien accordé par RKSS au journal québécois Le Devoir, Anouk Whissell se voulait néanmoins rassurante : « On a mis du temps à la regarder, pour finalement se rendre compte qu’au-delà des parallèles évidents, les deux productions n’ont rien à voir entre elles ». Ses propos seront d’ailleurs confirmés par son frère Yoann-Karl Whissell : « Le ton est tellement différent, et Summer of 84 est ancré dans le réel, pas dans le surnaturel. On n’est pas du tout dans le même genre ».

Et si l’on aurait pu craindre des propos destinés à ne pas « flinguer » la promo du film à travers le monde, la découverte de Summer of 84 confirmera la véracité des propos du collectif de cinéastes : le film nous propose de découvrir et de suivre un groupe de jeunes gens aux personnalités attachantes, et prendra au final la direction d’un vrai petit thriller des familles, comportant son lot de scènes vraiment très réussies, et un final absolument inattendu, implacable et assez époustouflant. Au final, les similitudes avec Stranger things, qui pourront certes un peu parasiter l’immersion dans le film durant les vingt premières minutes, s’estomperont au fur et à mesure que le récit avance, pour laisser la place à une véritable ambiance, renforcée par la musique composée par Le matos, duo électro très influencé par la musique des années 80, par la sublime photo de Jean-Philippe Bernier et, enfin, par les compositions de plans extraordinaires imaginées par RKSS. En deux mots comme en cent, si vous êtes sensible à l’esthétique et à l’esprit si particuliers des grands films populaires américains des 80’s, vous allez kiffer Summer of 84.

 

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Le Blu-ray

[4,5/5]

Le Blu-ray de Summer of 84 édité par L’atelier d’images fait dans l’excellence technique, et s’avère une nouvelle preuve de la domination du support Haute Définition par rapport à son lointain ancêtre le DVD. Le transfert 1080p du film de RKSS est en effet bluffant de précision, avec un piqué et un niveau de détail assez époustouflant ; les couleurs sont éclatantes et naturelles, que cela soit durant les scènes les plus graphiques (des fumées ou des éclairages rouge très prononcés) ou durant les scènes nocturnes. Qu’il s’agisse des plans d’ensemble ou de détail, tout est parfait : contrastes et niveaux de noirs sont également impressionnants de profondeur, et le transfert semble exempt de toute trace de bruit, fourmillements ou tout autre écueil numérique : tout juste remarquera-t-on un léger effet de banding horizontal sur le générique de début. Un quasi-sans faute donc : Côté bande sonore, VF et VO sont toute deux proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 de haute volée, naturellement riches en basses durant les séquences les plus agitées. Les deux mixages rivalisent d’effets d’ambiance, et les dialogues sont toujours clairs. Si on privilégiera la version originale, plus convaincante pour de simples raisons artistiques, on notera que la VF semble avoir été enregistrée en France, et non par l’intermédiaire de boites au rabais en provenance d’Espagne : très bon point à mettre à l’actif de L’atelier d’images.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord un court bêtisier, qui s’accompagnera d’un très intéressant commentaire audio de RKSS (François Simard, Yoann-Karl Whissell, Anouk Whissell). Enregistré en français, avec bien sûr un fort accent québécois et quelques expressions « locales », cette piste s’avère très intéressante et même souvent amusante. Le collectif de cinéastes y reviendra sur la préparation du film, sur les acteurs et le tournage de différentes scènes, non sans faire régulièrement preuve d’un certain humour, notamment dans leur évocation de la construction du « RKSS-verse », qui reviendra comme un running gag tout au long du commentaire. Malheureusement, ils laissent parfois également s’installer de longs « blancs » mais s’en expliquent à l’auditeur, prétextant un état de fatigue intense lié à la préparation de leur nouveau film, qui devrait, selon toute logique, être le très attendu Turbo Kid 2.

 

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