Stars 80, la suite
France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Thomas Langmann
Scénario : Thomas Langmann
Acteurs : Richard Anconina, Patrick Timsit, Bruno Lochet
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h52
Genre : Comédie, Musical
Date de sortie cinéma : 6 décembre 2017
Date de sortie DVD/BR : 1 août 2018
Quatre ans maintenant que la tournée Stars 80 remplit les salles. Alors que les chanteurs partent pour une semaine de ski bien méritée, leurs producteurs Vincent et Antoine découvrent qu’ils ont été victimes d’une escroquerie et risquent de tout perdre. Seule solution pour couvrir leurs dettes : organiser LE concert du siècle en seulement 15 jours…
Le film
[3/5]
Malgré une petite série de succès publics et critiques occasionnellement rencontrés au fil de sa carrière de producteur et réalisateur, Thomas Langmann est souvent considéré comme un poissard de première, au point d’apparaître comme le « chat noir » du cinéma français, un de ceux dont le nom suffit pour attirer le mauvais œil sur le moindre projet artistique. Au terme d’une longue série d’échecs commerciaux, sa société La petite reine est actuellement en procédure de sauvegarde, visant à étaler les dettes sur une période comprise entre deux et neuf ans, ce qui devrait laisser une chance au producteur de « se refaire ».
Loin de nous l’idée de tirer sur l’ambulance : Thomas Langmann traverse à coup sûr une passe réellement délicate de sa vie, les problèmes de couple s’ajoutant qui plus est aux tensions professionnelles – on ne peut, humainement, que lui souhaiter le meilleur, et de s’en sortir sans trop de dommages. Difficile cela dit de ne pas dresser de parallèle entre le producteur / réalisateur de Stars 80, la suite et les personnages d’héroïques losers d’Antoine et Vincent, incarnés à l’écran par Richard Anconina et Patrick Timsit. Comme pour ses personnages, acculés par les créances et au bord du dépôt de bilan, Stars 80, la suite semblait être le film de la dernière chance pour Langmann. Mais si en 2012, le film original avait réuni presque deux millions de français dans les salles, cette suite n’en attirera malheureusement qu’un peu moins de 326.000… Un échec cuisant, retentissant, de l’ordre de la catastrophe industrielle absolue pour La petite reine, dans le sens où l’on est en présence d’un film typiquement franco-français, aux chances de ventes à l’international quasi-nulles…
Pourtant, les spectateurs ayant apprécié le premier film ne pouvaient logiquement qu’y (re)trouver leur compte, avec à nouveau un scénario prétexte à enchainer les numéros comiques et musicaux, une véritable débauche de moyens techniques déployés pour en mettre plein la vue du spectateur et, toujours, la belle énergie déployée par les sympathiques has-been de la troupe de chanteurs. Langmann nous ressert les mêmes séquences de chansons chorales reprises autour du feu de camp, la même scène de Gospel pompée sur Les Blues Brothers, le même final au Stade de France… Et c’est bien là que l’on se dit que l’erreur de Langmann et son équipe a été d’avoir un peu trop tiré sur la corde du cynisme et du recyclage commercial, sous couvert de « cinéma populaire ». Après une dizaine d’années de tournées sous les appellations de RFM Party 80 puis Stars 80, la tournée, il semble que le public soit arrivé à « saturation », d’autant que les chanteurs intervenant dans le film ne se sont pas montrés avares en apparitions à la TV depuis le succès de Stars 80 (et on ne saurait les en blâmer). Ainsi, si le film de 2012 était parvenu à attirer à lui un public plutôt adepte de variétés télévisuelles qui, habituellement, préfère regarder ses idoles chez Patrick Sébastien de son canapé plutôt que de se déplacer dans les salles obscures, le sentiment de « redite » a probablement été le plus fort concernant Stars 80, la suite. On ne peut ainsi s’empêcher de se dire qu’il aurait peut-être été plus judicieux d’opter pour un Stars 90, en faisant intervenir les célébrités de l’époque (Ophélie Winter, Larusso, Stomy Bugsy, avec un final mettant en scène les Spice Girls…). On ajoutera à cela une polémique inutile autour des vannes douteuses de Jean-Luc Lahaye : une plaisanterie graveleuse visible dans la bande-annonce – et finalement écartée du montage final – a en effet provoqué la colère et l’indignation sur les réseaux sociaux, aujourd’hui devenus de véritables leaders d’opinion. C’est triste, car l’autodérision du chanteur et sa capacité à sourire de ses « affaires » faisaient déjà partie des ressorts comiques du premier film, et en constituaient d’ailleurs un des éléments les plus drôles …
Avec sa mise en scène fonctionnelle, ses gags attendus, ses ellipses narratives bizarroïdes et son recours au pathos le plus guimauve, Stars 80, la suite s’impose bel et bien comme le digne descendant de son modèle, quitte à en devenir une espèce d’excroissance tardive et finalement assez inutile. Cependant, quelques bonnes idées surnagent et outre la présence de la toujours sémillante Lio, on retiendra aussi et surtout l’apparition « surprise » en fin de métrage du chanteur Renaud, seul artiste apparaissant dans le film dont la carrière ne se limite pas à un ou deux titres ayant eu la chance de se vendre grâce à l’insouciance et au mauvais goût des années 80 ; même si on n’entendra dans le film qu’une émouvante version de « Mistral gagnant », Renaud, c’est 40 ans de carrière et plusieurs dizaines de morceaux formidables. Et rien que pour le plaisir de le revoir au cinéma, on ne pourra finalement que vous conseiller de voir Stars 80, la suite…
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Stars 80, la suite édité par Wild Side Vidéo nous propose une expérience home cinéma au taquet : l’image est superbe, même dans ses passages les plus sombres, et rend parfaitement hommage à la belle photo du film. La définition est précise, les couleurs très saturées sont respectées à la lettre, et même durant les séquences les plus chaotiques à l’écran (fumée, paillettes, couleurs vives qui tranchent net), le master tient la route et nous ravit pleinement les mirettes. Côté son, le mixage DTS-HD Master Audio 7.1 nous en envoie également plein les oreilles, avec une spatialisation redoutable sur les séquences musicales et des effets dynamiques de toutes parts. Un superbe boulot technique !
Dans la section suppléments, on trouvera un making of d’une quinzaine de minutes divisé en six featurettes probablement utilisées pour la promo du film sur le Net : on aura l’occasion d’y découvrir l’envers du décor, les exigences de Thomas Langmann vis-à-vis de ses acteurs et surtout le tournage de plusieurs scènes, dont plusieurs n’ont au final pas été utilisées. On passera ensuite rapidement sur la bande-annonce du film, destinée à la sortie vidéo, et donc expurgée de la vanne « scandaleuse » de Jean-Luc Lahaye – de la même façon, le fait de la regarder juste après le film permettra au spectateur de se rendre compte que plusieurs scènes présentes dans la bande-annonce ont soit été spécifiquement tournées pour celle-ci, soit se révèlent absentes du montage final. On continuera avec deux courtes scènes coupées (et toujours pas de nouvelles de la blague de Jean-Luc Lahaye), la version « plein écran » du karaoké qui compose le générique de fin, ainsi qu’un sujet sur l’avant-première du film, devant un public littéralement conquis.