Sœurs d’armes
France, Italie, Belgique : 2019
Titre original : –
Réalisation : Caroline Fourest
Scénario : Caroline Fourest
Acteurs : Dilan Gwyn, Amira Casar, Camélia Jordana
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h52
Genre : Guerre, Drame
Date de sortie cinéma : 9 octobre 2019
Date de sortie DVD/BR : 3 février 2020
Deux jeunes françaises, Kenza et Yaël, rejoignent une brigade internationale partie se battre aux côtés des combattantes Kurdes. Leur quête croise celle de Zara, une rescapée Yézidie. Issues de cultures très différentes mais profondément solidaires, ces Soeurs d’Armes pansent leurs blessures en découvrant leur force et la peur qu’elles inspirent à leurs adversaires…
Le film
[4/5]
A une époque où, sous l’impulsion – entre autres – de la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations Marlène Schiappa, une espèce de néo-féminisme hardcore semble dominer les médias français, il semble presque « logique » d’avoir vu se monter en France, en l’espace de quelques mois seulement, deux long-métrages, naturellement mis en scène par des femmes, ayant pour sujet les femmes soldats kurdes (YPJ) luttant armes au poing contre l’idéologie de Daesh : Les filles du soleil (2018, 31.000 entrées) et Sœurs d’armes (2019, 85.000 entrées). Ainsi, si ces deux films semblent parfaitement s’intégrer dans « l’air du temps » de la sphère médiatique, le sujet ne semble pas encore réellement passionner le public.
Et pourtant, le moins que l’on puisse dire, c’est que la réalisatrice de Sœurs d’armes Caroline Fourest fait ici preuve d’une ambition formelle et d’une emphase qui rapprochent clairement son film d’un film de guerre « à l’américaine ». L’influence de Ridley Scott se ressent lors de nombreuses séquences (dès les tous premiers plans du film en fait), et l’ensemble prendra rapidement des atours de lutte du « Bien » contre le « Mal », le tout étant servi à grands renforts de séquences guerrières impressionnantes, de ralentis, de musique et d’un pathos peut-être un poil excessif. Malgré le côté immersif et vraiment impressionnant du film, cette propension à proposer un point de vue unilatéral (qui apparaîtra forcément un peu manichéen à certaines sensibilités) tout en dressant un portrait exagérément héroïque de ce petit groupe femmes semble avoir dérangé la critique française, comme si la sincérité et les bonnes intentions de la cinéaste pouvaient finalement être remises en cause par l’utilisation d’une grammaire cinématographique considérée comme trop explicite pour être honnête.
Pourtant, il nous semble que lorsqu’on aborde certains sujets, tels que la barbarie de l’État Islamique, les données sont aussi simples qu’évidentes : comment en effet pourrait-on envisager de ne pas représenter le fanatisme sous son jour le plus révoltant ? Les membres de Daesh sont montrés dans Sœurs d’armes comme les monstres qu’ils sont – même si le propos semble simpliste, sans nuances, pourquoi chercherait-on à compliquer une équation simple en tenant d’humaniser l’inhumain ? Déterminée à tourner « pour la bonne cause », Caroline Fourest ne cherche en aucun cas à excuser l’inexcusable, et livre un film de guerre acquis corps et âme aux soldats du « bien », certes didactique, certes démonstratif, mais sincère et ô combien efficace.
Et si cela pouvait aider la cinéaste à digérer et à relativiser les tombereaux de fiel critique lui étant tombé dessus en octobre lors de la sortie de Sœurs d’armes dans les salles obscures, on lui rappellera juste qu’à sa sortie en France en 2002, La chute du faucon noir avait subi le même genre de réception du côté des critiques. Un peu moins de vingt ans plus tard, le film est unanimement considéré comme un putain de chef d’œuvre… Patience donc : le temps finira par donner au film ses lettres de noblesse.
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est sous les couleurs de Metropolitan Vidéo que nous arrive début février le Blu-ray de Sœurs d’armes, et comme à l’accoutumée, l’éditeur nous livre une galette irréprochable : la photo du film, signée Stéphane Vallée, se trouve littéralement sublimée par un encodage Haute Définition sans faille, qu’il s’agisse des séquences de jour ou de nuit. Le piqué ne souffre jamais de la basse lumière, les couleurs sont pêchues et éclatantes, bref, c’est vraiment superbe durant tout le film. Côté son, c’est également un festival de dynamisme : les effets multi-directionnels vous feront à coup trépigner de plaisir dans vos fauteuils, et le tout est renforcé par un caisson de basses puissant ; les deux mixages sont proposés en DTS-HD Master Audio 5.1, qui passent tous deux des ambiances finement spatialisées durant les scènes les plus calmes à des effets littéralement tonitruants quand la guerre reprend ses droits.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord dans la section « images du tournage » (7 minutes) une série de moments volés sur le tournage du film, montés sans voix off sur la belle musique de Mathieu Lamboley. On continuera ensuite avec trois scènes coupées (3 minutes), intéressantes mais anecdotiques. Mais les plus passionnés se tourneront vers le commentaire audio de la réalisatrice Caroline Fourest, qui reviendra avec calme et méthode sur la part de fiction et la part de réalité de son film, revenant sur chaque élément, citant de nombreux exemples issus de son expérience de journaliste. Elle évoquera bien sûr également quelques aspects plus techniques de son film ; même s’il s’agit de la première fois que Caroline Fourest se prête à l’exercice du commentaire audio, elle s’en sort assez brillamment, ne laissant jamais trop le silence s’installer. Très intéressant !