Slumber Party Massacre / Fête sanglante
États-Unis : 1982
Titre original : Slumber Party Massacre
Réalisation : Amy Holden Jones
Scénario : Rita Mae Brown
Acteurs : Michelle Michaels, Robin Stille, Michael Villella
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h16
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 3 octobre 2023
En l’absence de ses parents, Trish Devereaux invite chez elle quelques amies de son équipe de basket… pour une soirée entre filles ! Ses deux voisines et leurs petits amis, n’étant pas conviés, observent jalousement les préparatifs de l’autre côté de la rue, et préparent une intrusion inopinée, histoire de leur causer une petite frayeur. Mais tout ce petit monde ignore qu’un évadé de l’hôpital psychiatrique a lui aussi l’intention de participer à sa manière à la petite partie… emmenant avec lui son infernale foreuse mécanique pour transformer cette nuit en hurlements de peur et de mort !
Le film
[3/5]
Gros succès de l’ère VHS, le film Slumber Party Massacre, alias Fête sanglante, réalisé en 1982 par Amy Holden Jones sous la houlette de Roger Corman, possède une aura assez culte chez les amateurs les plus acharnés de slashers. Même si le film n’a jamais réellement été considéré comme le plus brillant représentant du genre, on y retrouvait quelques-uns des ingrédients les plus manifestes de la « méthode Corman » : une ambiance décomplexée, de nombreuses scènes sexy, et un personnage de tueur sadique armé d’une espèce de grosse perceuse / foreuse qui s’imposait clairement comme un substitut phallique. En effet, son attitude et ses (rares) paroles laissaient entendre que l’acte de tuer était perçu comme un acte sexuel, un substitut de pénétration.
Contrairement aux tueurs sévissant habituellement dans le genre slasher (Michael Myers, Jason Voorhees, Freddy Krueger…), le tueur de Slumber Party Massacre, Russ Thorn, n’avait ni passé ni backstory. Quasiment aucune information n’était fournie au spectateur concernant ses motivations ou sa psychose : on constatait juste qu’il était complètement taré. Et cela a finalement suffi aux amateurs de massacres sur celluloïd, puisque le film original a connu deux suites, en 1987 et 1990, avec toujours une solide popularité en vidéo. Le succès de Slumber Party Massacre a également permis à Roger Corman de lancer deux autres séries de slashers similaires comprenant le terme Massacre dans leurs titres : la série Sorority House Massacre (1986-1990) et, plus tard, la série Cheerleader Massacre (2003-2011).
Initialement conçu comme une parodie de slasher, le projet écrit par la scénariste féministe Rita Mae Brown a changé d’inclinaison sous l’influence de son producteur Roger Corman, et ses ambitions ont été très nettement revues à la baisse. Mais que vous choisissiez de voir Slumber Party Massacre comme un film d’horreur « sérieux » ou comme un pastiche du genre, au final, le résultat est le même : à l’exception, peut-être, du personnage incarné à l’écran par Jennifer Meyers (Courtney, l’insolente petite sœur de l’héroïne), les personnages féminins du film n’y apparaissent que comme des coquilles vides, de la chair à pâtée destinées à être largement montrées à poil et à périr sous les coups du tueur. D’ailleurs, l’identité du maniaque ne fait l’objet d’aucun suspense : il nous est présenté dès les premières minutes du film, et il n’y a même pas de réelle tentative afin de donner un background au personnage. On nous présentera simplement un certain Russ Thorn (Michael Villella), un sadique fétichiste des perceuses électriques, qui s’est évadé de prison.
A partir de là, le carnage peut commencer, et Slumber Party Massacre se contentera d’aligner les scènes de meurtres sans réellement se soucier d’une quelconque cohérence. Si un sous-texte féministe semble se cacher sous la surface, le film ne développe jamais vraiment ses idées de façon très satisfaisante, même si tous les hommes du film sont présentés comme des pervers en puissance (qu’il s’agisse du tueur ou des deux lycéens excités qui matent les filles par la fenêtre pendant qu’elles se déshabillent), et même si, bien entendu, l’arme du tueur – une foreuse qu’il brandit fièrement entre ses jambes – n’est pas extrêmement subtile dans la façon dont elle se pose comme un symbole de la sexualité masculine.
Pour autant, Slumber Party Massacre demeure relativement efficace dans son créneau. Malgré le manque d’originalité de son sujet, Amy Holden Jones parvient par intermittence à nous livrer quelques belles séquences, telles que celle, très amusante, au cours de laquelle deux jeunes filles terrorisées se barricadent dans une chambre sans s’apercevoir que le tueur est derrière elles, en train d’entrer par la fenêtre. Certaines lignes de dialogues s’avèrent également plutôt amusantes. Bref, le film ne nous propose rien de véritablement innovant, mais fournira beaucoup de fun aux amateurs de bandes déviantes des années 80. Par conséquent, en dépit de sa portée artistique relativement limitée, Slumber Party Massacre s’est donc imposé comme un succès retentissant, et le culte autour de son tueur à la perceuse est resté assez vivace au fil des années.
Le Blu-ray
[4/5]
C’est donc Rimini Éditions qui a aujourd’hui la bonne idée d’éditer Slumber Party Massacre dans une belle « édition spéciale » Combo Blu-ray + DVD + Livret, au sein de la riche collection « Angoisse ». Et côté image Haute Définition, on admettra que c’est du tout bon : la préservation du grain argentique ne gâchera en rien une définition exemplaire, riche d’un niveau de détail souvent étonnant. Les noirs sont profonds, les couleurs sont soignées, bref, c’est du tout bon. Côté son, la version originale et la version française sont encodées en DTS-HD Master Audio 2.0 (toutes deux en mono d’origine) et se révèlent claires et précises, malgré peut-être un côté un poil plus « sourd » en VF – il est à noter qu’il s’agit du savoureux doublage français d’origine.
Dans la section suppléments, en plus de la traditionnelle bande-annonce, on trouvera dans le boitier un intéressant livret de 24 pages écrit par Marc Toullec et intitulé « The Slumber Party Massacre, entre filles ».