Sisu – De l’or et du sang
Finlande, États-Unis : 2023
Titre original : Sisu
Réalisation : Jalmari Helander
Scénario : Jalmari Helander
Acteurs : Jorma Tommila, Aksel Hennie, Jack Doolan
Éditeur : M6 Vidéo
Durée : 1h31
Genre : Action, Guerre
Date de sortie cinéma : 21 juin 2023
Date de sortie DVD/BR : 19 octobre 2023
Finlande, 1944. Dans la nature sauvage et hostile de la Laponie, alors occupée par les nazis, un ancien soldat découvre un gisement d’or. Prêt à tout pour sauver son précieux butin, il ne reculera devant rien, quitte à devoir assassiner jusqu’au dernier SS qui se trouverait sur son chemin…
Le film
[4/5]
Pour ceux qui se poseraient la question, Sisu – De l’or et du sang n’est pas à proprement parler ce qu’on pourrait appeler un film de guerre : il s’agit d’un film d’action décomplexé et très orienté « comic book » utilisant cependant en toile de fond un contexte historique précis – la fin de la Seconde Guerre mondiale en Laponie finlandaise et la politique de la « Terre Brûlée » menée par les nazis alors qu’ils quittaient le territoire pour se rendre en direction de la Norvège. Le film se concentre plus précisément sur Aatami (Jorma Tommila), un ancien commando, devenu fou pendant la Guerre d’Hiver et surnommé Koschei (« l’Immortel »), ainsi que sur sa lutte acharnée contre des nazis qui ont tenté de lui voler son or.
L’objectif du scénariste / réalisateur finlandais Jalmari Helander (Père Noël Origines, Big Game) n’est donc certainement pas de dresser un tableau réaliste de la fin de la guerre dans son pays, mais plutôt de créer une expérience cinématographique aussi simple que viscérale, en montrant un vieil homme massacrer des nazis d’une manière de plus en plus spectaculaire et douloureuse. Sisu – De l’or et du sang est donc une série B à l’ancienne, un film d’action graphique, absurde, franc, direct et par moments assez gore, qui se révélera rapidement être un véritable concentré de plaisir déviant.
Le mot « Sisu » est un terme finlandais signifiant « tripes », mais que l’on pourrait traduire par « force du désespoir » ; selon Emilia Lahti, chercheuse à l’université Aalto d’Helsinki, il s’agit de « l’aptitude de tous les humains à dépasser leurs limites perçues et à exploiter leurs réserves de courage ». Dans Sisu – De l’or et du sang, Jalmari Helander traduit cela par le fait qu’Aatami, le vieux soldat au centre du film, est un homme brisé qui ne meurt pas tout simplement parce qu’il « refuse » de mourir. Il s’agit d’un personnage qui ne prononcera pas un mot avant la toute dernière séquence du film, et dont l’histoire est amenée au spectateur par le biais de légendes orales – ce qui tend naturellement à renforcer son statut de « Dieu » de la guerre et de la violence (tout comme le fait qu’il ne prononce jamais un mot).
Sisu – De l’or et du sang est divisé en plusieurs chapitres, et Jalmari Helander prend relativement le temps de présenter ses personnages : le vieil homme taciturne évidemment, mais également les nazis, menés par l’excellent Aksel Hennie (Headhunters, Seul sur Mars), qui voyagent avec un cheptel de prisonnières qu’ils violent à tour de rôle tout en cherchant à piller et à tout détruire sur leur passage dans le cadre de la politique de la terre brûlée menée par l’Allemagne. D’une façon assez intéressante, le spectateur finira presque par s’attacher à ces personnages infects, tant leurs interactions s’avèrent finalement assez « humaines », et au fur et à mesure que la panique s’emparera d’eux quand ils découvriront que chaque tentative afin de tuer Aatami a échoué, et que le petit jeu du chat et de la souris auquel ils s’adonnaient s’est retourné contre eux.
Le personnage principal passera par un véritable chemin de croix, les défis physiques s’enchaînant sans cesse pour faire face à un ennemi brutal et sans visage. Pour autant, Sisu – De l’or et du sang ne fait pas de son héros un ange de la mort indestructible : il est recouvert de blessures qui prouvent sa vulnérabilité, et qui sont fréquemment détaillés au spectateurs par le biais de gros plans, et sa motivation n’est pas tant d’éradiquer le « Mal » absolu que représentent les nazis, mais juste, à titre personnel, de récupérer son or afin de le déposer à la banque. Il ne s’agit pas d’un personnage aux motivations nobles, mais juste d’un homme de plus déchiré par la guerre, qui tente de s’assurer un avenir moins pénible.
Le dernier acte de Sisu – De l’or et du sang atteint un degré assez élevé de surréalisme et de grand n’importe-quoi, aussi faudra-t-il que le spectateur suspende son incrédulité de façon claire et nette afin de se laisser porter par l’attrait viscéral de cette histoire. Mais une fois cet accord tacite passé avec le film, on ne pourra que s’incliner devant l’énergie déployée par Jalmari Helander afin de nous plonger au cœur de ses décors fantastiques et de ses scènes de meurtre incroyablement graphiques. Un très bon moment !
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Sisu – De l’or et du sang débarque donc sous les couleurs de M6 Vidéo, quelques mois après une sortie en salles ayant réuni 75.000 spectateurs dans les salles françaises. La galette Haute Définition du film est d’ailleurs irréprochable, reproduisant avec fidélité la superbe photo de Kjell Lagerroos : le piqué d’une précision à couper le souffle, les couleurs et les contrastes en envoient plein les yeux… Du très beau travail ! Côté son, le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 de la VO joue essentiellement sur les ambiances, bien enveloppantes, avec passages cependant tenant véritablement de la démo acoustique. Si l’on vous conseille plutôt la version originale pour des raisons artistiques (pour les voix et intonations originales des comédiens), la VF, également encodée en DTS-HD Master Audio 5.1 se défend plutôt bien, proposant une immersion optimale pour le spectateur et des effets multicanaux qui dépotent.
Dans la section suppléments, on trouvera un très intéressant making of (24 minutes), qui donnera la parole à l’équipe du film et reviendra longuement sur les particularités du film et du personnage central. Reprenant exactement le même dispositif que le sujet précédent, la featurette consacrée aux effets spéciaux du film (11 minutes) s’avère également très intéressante, notamment grâce aux propos du superviseur des effets visuels Jussi Lehtiniemi et aux aperçus amusants des divers processus de rendu utilisés pour produire certains des effets visuels les plus spectaculaires de Sisu – De l’or et du sang.