Sin City 2 – J’ai tué pour elle
États-Unis : 2014
Titre original : Sin City – A dame to kill for
Réalisateur : Frank Miller, Robert Rodriguez
Scénario : Frank Miller
Acteurs : Mickey Rourke, Jessica Alba, Josh Brolin
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h42
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 17 septembre 2014
Date de sortie DVD/BR : 17 janvier 2015
Dans une ville où la justice est impuissante, les plus désespérés réclament vengeance, et les criminels les plus impitoyables sont poursuivis par des milices. Marv se demande comment il a fait pour échouer au milieu d’un tas de cadavres. Johnny, jeune joueur sûr de lui, débarque à Sin City et ose affronter la plus redoutable crapule de la ville, le sénateur Roark. Dwight McCarthy vit son ultime face-à-face avec Ava Lord, la femme de ses rêves, mais aussi de ses cauchemars. De son côté, Nancy Callahan est dévastée par le suicide de John Hartigan qui, par son geste, a cherché à la protéger. Enragée et brisée par le chagrin, elle n’aspire plus qu’à assouvir sa soif de vengeance. Elle pourra compter sur Marv… Tous vont se retrouver au célèbre Kadie’s Club Pecos de Sin City…
Le film
[3,5/5]
Il aura fallu presque dix ans à Robert Rodriguez pour réunir une partie du casting de Sin City et pour enfin s’attaquer au plus brillant des graphic novels de la série, J’ai tué pour elle (A dame to kill for). Toujours tourné sous la houlette de l’auteur des romans graphiques originaux, Frank Miller, le film nous propose en complément des démêlés de Dwight avec sa femme fatale, deux histoires inédites situées dans l’univers de Sin City imaginées et écrites par Frank Miller lui-même. Voilà qui, sur le papier, laissait augurer d’un film un peu plus créatif que son modèle, qui se contentait de coller au découpage des bandes dessinées de Miller pour au final nous livrer un film paresseux, dont l’impact sur grand écran n’était pas aussi puissant et brutal qu’il aurait du l’être.
Et s’il ne comble certes pas nos attentes les plus folles, le résultat à l’écran nous montre que neuf ans après sa première incursion dans l’univers de Sin City, Rodriguez a pris conscience qu’une mise en images pensée pour un support tel que le comic-book ne pouvait pas avoir le même impact sur un médium différent ; et pour bien accentuer encore la distance entre les deux médias, il décide, en accord avec Frank Miller, de tourner le film en 3D. Avec l’usage du relief, le cinéaste mariachi se libère donc enfin un peu du découpage des planches des comics ; idem pour les nouvelles histoires, qui insufflent enfin un peu d’air dans sa mise en scène.
En revanche, Rodriguez n’ose pas passer outre certaines contraintes formelles qu’il s’était imposé en 2005, et nous livre donc à nouveau un film en noir et blanc très stylisé, uniquement tourné sur fond vert. Certains plans s’avèrent vraiment somptueux, mais le revers de la médaille, c’est que le film a, comme son ainé, un côté artificiel et toc qui nuit clairement à l’impact émotionnel que pourrait avoir sur le spectateur l’histoire qui nous est racontée. À cela s’ajoutent quelques petits soucis de continuité dus aux neuf ans qui séparent les deux films : même maquillé, Josh Brolin ne ressemble pas des masses à Clive Owen, Dennis Haysbert succède au regretté Michael Clarke Duncan, Jamie Chung ne fera pas oublier la Miho incarnée par Devon Aoki, Rosario Dawson a pris quinze kilos… mais là c’est tant mieux…
Si l’on évoque facilement ses défauts, Sin City 2 : J’ai tué pour elle a aussi pour lui de nombreuses qualités : un casting cinq étoiles, un scénario qui réservera des surprises même aux lecteurs des comics, une mise en scène efficace… Au final, le film est un bon petit divertissement, certes toujours blindé de défauts, mais dont aucun ne s’avère cette fois vraiment rédhibitoire : en ce sens, Sin City 2 : J’ai tué pour elle s’avère vraiment supérieur à son modèle. Et pour les amateurs de ce genre d’esprit comic-book, on conseillera le visionnage de Fais-leur vivre l’enfer, Malone de Russell Mulcahy, qui s’avère une excellente adaptation « non officielle » de Sin City.
Le Blu-ray
[4,5/5]
A l’occasion de ce second film, la franchise Sin City a changé de distributeur, et donc, logiquement, d’éditeur vidéo. Le Blu-ray de Sin City : J’ai tué pour elle arrivera donc dans les bacs de vos revendeurs sous les couleurs de Metropolitan Vidéo. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un film visuellement aussi léché nécessitait un encodage Blu-ray de haute tenue, et c’est bien ce que nous propose l’éditeur : le piqué est d’une précision absolue, les contrastes nets et tranchés, la tenue et la densité des noirs est exemplaire… Il s’agit là d’un Blu-ray techniquement irréprochable, aussi bien du point de vue visuel que sonore : les pistes VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 à la spatialisation du tonnerre, quelque part, à l’image du film, entre les excès cartoonesques et les infimes détails audio les plus scabreux. Bref, c’est vraiment et littéralement du grand art.
Du côté du suppléments, on retrouvera les featurettes habituelles pour à peu près toutes les productions US actuelles : le tout est très informatif mais un poil redondant et auto-satisfait. De cette profusion, on retiendra surtout les deux modules les plus originaux : le premier consiste en une conférence de presse avec une bonne partie du casting du film. Les questions et réponses fusent dans la bonne humeur, et il est toujours amusant d’écouter Eva Green se défendre à demi-mots de la présence de ses multiples et habituelles scènes de nu, « artistiques », « justifiées par l’intrigue » et « jamais vulgaires ». Le deuxième supplément notable consiste en une « version accélérée » du film : sous ce titre curieux se cache en réalité une version muette et accélérée du film avant son passage en post-production. Et comme Sin City : J’ai tué pour elle a été intégralement tourné avec l’utilisation de fond vert, ce module nous donne un aperçu assez captivant d’un tournage complexe, avec tous les artifices et trucages que cela implique. Pour clore la section, l’éditeur nous propose les bandes-annonces de plusieurs films très attendus en 2015 (John Wick, Balade entre les tombes…). Un quasi-sans faute.