Silent running
États-Unis : 1972
Titre original : –
Réalisateur : Douglas Trumbull
Scénario : Deric Washburn, Michael Cimino, Steven Bochco
Acteurs : Bruce Dern, Cliff Potts, Ron Rifkin
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h29
Genre : Science-fiction
Date de sortie cinéma : 3 décembre 1975
Date de sortie DVD/BR : 6 juillet 2016
À la suite d’un désastre écologique sans précédent, les derniers reliquats de la biosphère terrestre ont été transférés à bord de vaisseaux spatiaux en vue d’une réimplantation ultérieure. Parmi les membres de l’équipage du Valley Forge, le botaniste Freeman Lowell consacre toute son énergie à la sauvegarde de ces précieux spécimens. Lorsqu’il apprend que la destruction complète des installations a été ordonnée, il se révolte contre ses coéquipiers, fermement déterminé à poursuivre sa mission…
Le film
[4/5]
Dans les années 70, et avant l’avènement de Star Wars, la science-fiction américaine n’avait de cesse de surprendre le spectateur. Après l’électrochoc 2001, odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1969), bien des cinéastes ont décidé d’utiliser le genre afin de proposer une réflexion philosophique sur la place de l’homme dans l’univers, façon plus ou moins détournée de confronter le comportement de l’homme vis-à-vis de son environnement immédiat. Destruction de la nature, guerres, dérives totalitaires ou scientifiques… Que restera-t-il à l’avenir du monde dans lequel nous vivons ? D’Abattoir 5 (George Roy Hill, 1972) à Phase IV (Saul Bass, 1974) en passant par Silent running (Douglas Trumbull, 1972), L’homme qui venait d’ailleurs (Nicholas Roeg, 1976), La planète des singes (Franklin J. Schaffner, 1968), Soleil vert (Richard Fleischer, 1973) ou même THX 1138 (George Lucas, 1971), tous ces films semblaient s’interroger sur l’état du monde que l’homme laisserait aux générations futures. Une préoccupation qui résonne d’ailleurs très largement chez d’autres cinéastes à l’époque de l’avènement du « Nouvel Hollywood » qui, guerre du Vietnam oblige, fait de l’humain et d’une opposition farouche à toute forme de guerre ses sujets de prédilection.
Silent running est donc de ces films prônant le retour à la nature en mettant en scène, par le biais de la science-fiction, son extinction totale et définitive. Le film de Dalton Trumbull remet également sur le tapis la notion d’humanité, puisque Bruce Dern le hippie SF vêtu de sa robe de bure (et qui nourrit sa chèvre au biberon) ne sera pas à 100% Peace & Love puisqu’il finira lui aussi par commettre l’irréparable et tuer les autres membres de son équipage. Au final, il fera ami-ami avec deux robots (superbe scène de poker) qui, finalement, se révéleront les plus dignes représentants de l’espèce humaine (contrairement à HAL 2000 dans 2001, odyssée de l’espace), se chargeant même d’enterrer les corps des disparus.
Michael Cimino, co-scénariste du film (qui n’hésitait d’ailleurs pas, on l’apprend dans le livret accompagnant le Blu-ray édité par Wild Side, à s’en attribuer la paternité), ne souhaitait pas le « happy-end » mystique pour lequel a opté Trumbull. Cependant, et sans vous SPOILER le plaisir outre-mesure, le final de Silent running semble aujourd’hui parfaitement cohérent avec la nature du film, s’imposant presque naturellement comme une version « positive » du film de Kubrick.
Le Blu-ray
[5/5]
Wild Side Vidéo nous gâte à nouveau aujourd’hui avec la sortie « évènement » de Silent running dans un nouveau coffret exceptionnel venant grossir les rangs de sa déjà riche collection de coffrets « luxe » dédiés à différents films et réalisateurs – il semblerait que peu à peu, Wild Side soit en train de créer une collection que l’on pourrait comparer à la prestigieuse collection « CRITERION » aux États-Unis.
Cette nouvelle livraison comportera donc comme d’habitude à la fois le film sur support DVD et Blu-ray en version restaurée en 2K. Le film en HD bénéficie d’ailleurs d’un upgrade assez époustouflant : le master est d’une stabilité exemplaire, le grain d’origine est préservé, la définition est le piqué sont considérablement accrus… C’est du très beau travail de restauration. Comparée à l’édition Blu-ray éditée par Universal l’année dernière aux États-Unis, Wild Side semble avoir boosté les contrastes, peut-être pour d’avantage coller aux standards du Technicolor de l’époque ; cela dit comme souvent les contrastes accentués semblent boucher les noirs durant les séquences les plus sombres. Qu’à cela ne tienne, c’est vraiment histoire de couper les cheveux en quatre : si vous n’avez pas vu Silent running depuis longtemps, le fait est que cette édition vous permettra de le redécouvrir dans les meilleures conditions possibles. Du côté des enceintes, VF d’époque et VO anglaise nous sont proposées, en DTS-HD Master Audio 2.0, en mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle. On notera une nette domination de la version originale, plus naturelle et plus ample, la version française étant par ailleurs mixée assez bas, et nécessitera probablement de jouer avec la molette de volume de votre ampli pour être tout à fait audible.
En plus d’être un bel objet, le coffret édité par Wild Side n’est d’ailleurs pas avare en suppléments et autres contenus réjouissants : le coffret comprend tout d’abord un joli livret de 74 pages très richement illustré (sur 60 pages environ !) et rédigé dans un style concis et très plaisant par Frédéric Albert Lévy (membre fondateur de la revue Starfix). Sur la galette proprement dite, l’éditeur recycle les suppléments disponibles sur la galette DVD zone 1 de 2002, et jusqu’ici inédits en France : on commence avec un formidable making of d’époque, revenant sur de nombreux aspects du tournage (notamment sur les acteurs amputés à l’intérieur des robots) et laissant largement la parole à une poignée d’intervenants souvent passionnants. Joies et déceptions sont au rendez-vous sur le plateau, et le tout est saisi par la caméra bienveillante de Chuck Barbee, sans jugement ni langue de bois. Passionnant ! Le reste des suppléments se compose d’interviews rétrospectives de Douglas Trumbull et Bruce Dern menées par le maestro Laurent Bouzereau. Bavard et peu avare en anecdotes, Trumbull revient sur son expérience avec Kubrick et sur la genèse du film dans deux modules séparés thématiquement, mais tout aussi indispensables l’un que l’autre. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce du film, qui nous permettra de nous rendre compte du boulot effectué sur la restauration. Bref, une nouvelle fois, Wild Side nous livre un travail éditorial sans faute pour une sortie que l’on aurait bien tort d’ignorer…
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