Seuls les anges ont des ailes
États-Unis : 1939
Titre original : Only angels have wings
Réalisation : Howard Hawks
Scénario : Howard Hawks, Jules Furthman
Acteurs : Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 2h01
Genre : Aventures
Date de sortie cinéma : 21 juin 1939
Date de sortie DVD/BR : 7 juillet 2021
Bonnie Lee s’arrête dans un petit aéroport d’Amérique du Sud. Les pilotes y transportent du courrier sur une route qui passe par une montagne dangereuse et embrumée. Bonnie s’éprend du pilote en chef, mais celui-ci semble indifférent…
Le film
[5/5]
Quand il réalise Seuls les anges ont des ailes en 1939, Howard Hawks sort de L’impossible monsieur Bébé (1938), qui mettait déjà en scène Cary Grant – un échec en son temps, même si le film s’imposera au fil des ans comme l’un des plus grands classiques de la comédie américaine. Grand amateur d’aviation, Hawks opère donc un virage à 180 degrés avec ce nouveau projet, qui s’impose probablement comme l’un de ses films les plus personnels.
Pour autant, Seuls les anges ont des ailes développe une tonalité fort différente de son film précédent : il oscille entre le drame et la comédie, et incorpore également des scènes d’action et même qu’une poignée d’éléments typiques de la comédie musicale, très en vogue à l’époque. Il y a fort à parier qu’avec un autre réalisateur à la barre, le résultat eut probablement été assez maladroit, mais Hawks connaissait son affaire, et l’équilibre qu’il parvient à donner au film est encore enrichi par les contrastes qui l’habitent.
Les séquences aériennes qui rythment l’intrigue de Seuls les anges ont des ailes sont parmi les meilleures vues dans le cinéma l’époque : non seulement les effets visuels sont excellents, mais les éclairages tout autant que les mouvements de caméra donnent réellement une impression d’immersion au spectateur, au point que ce dernier puisse parfois penser assister à d’authentiques séquences de vol, issues d’un documentaire. Les effets sonores sont également excellents, d’un réalisme assez époustouflant.
Les dangers auxquels sont confrontés les pilotes de l’aéropostale au cœur du film permettent à Howard Hawks de capturer l’essence d’une certaine culture de la bravoure, qui fait par ailleurs écho aux grands westerns que signerait le maître quelques années plus tard. Pour autant, si l’action est au cœur de Seuls les anges ont des ailes, l’essentiel du film se situe ailleurs, au sol, du côté de ces personnages qui attendent les pilotes, qui cohabitent les uns avec les autres, se disputent régulièrement, mais qui s’aiment aussi.
Car il y a de l’amour dans Seuls les anges ont des ailes : en dépit des amitiés viriles et de la misogynie sous-jacente, la romance entre les personnages incarnés par Cary Grant et Jean Arthur s’avère un des points forts du film d’Howard Hawks. Tous deux sont les représentants du « glamour » de l’âge d’or Hollywoodien. Cary Grant y dégage une confiance en lui et une élégance masculine brute de décoffrage absolument irrésistible, mais c’est aussi un homme meurtri, qui hésite à révéler ses véritables sentiments, et le fera dans la douleur. Jean Arthur de son côté est une femme forte et déterminée, mais aussi une grande romantique, aimant de façon intense, avec l’énergie du désespoir. Entre les deux, on notera la présence de Rita Hayworth, qui dispose d’un rôle plus modeste, mais rayonnait déjà comme une grande star.
Le Coffret Blu-ray + DVD + Livret
[5/5]
Alors que les autres éditeurs vérifient leurs valises avant de partir en vacances, Wild Side a choisi en ce début du mois de juillet de faire plaisir aux cinéphiles français avec la sortie en Blu-ray de Seuls les anges ont des ailes, qui s’impose comme un petit événement, d’autant plus que le film débarque dans un nouveau coffret exceptionnel Combo Blu-ray + DVD + Livret, venant grossir les rangs de sa déjà riche collection de digibooks d’aspect luxueux dédiés à différents films et réalisateurs. Peu à peu, Wild Side étoffe donc une collection que l’on peut sans peine aujourd’hui comparer à la prestigieuse collection « Criterion » aux États-Unis, d’autant que les Combo Blu-ray + DVD des films sortis par l’éditeur français nous proposent toujours des visuels originaux et vraiment très classe.
Côté Blu-ray, le film de Hawks bénéficie d’ailleurs d’un très bel upgrade Haute-Définition : présenté dans son format 1.37 d’origine, le film s’offre un master stable et assez resplendissant, et pour cause : il est tiré d’un nouveau transfert 4K créé à partir du négatif original. Le résultat à l’écran est de toute beauté : l’équilibre subtil entre ombres et lumières y est merveilleusement géré, rendant un hommage franc à la photographie du film signée Joseph Walker. La gamme de noirs et les contrastes sont particulièrement nuancés, et c’est là un élément essentiel dans le sens où les séquences-clés du film sont dans l’ensemble assez sombres. La granulation d’origine a été préservée, et s’affiche avec une finesse remarquable. Enfin, bien sûr, les taches et autres imperfections liées à l’âge du film ont toutes été soigneusement gommées : du très beau travail technique côté image donc, que l’on retrouvera également du côté du son, puisque l’éditeur nous propose à la fois la VF d’époque et la VO anglaise dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0, mono d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle en version originale. En version française en revanche, on remarquera un léger souffle et des voix un peu étouffées, mais ce défaut ne nuit pas réellement au charme suranné de cette piste son.
Du côté des suppléments, on commencera avec le livret inédit de 50 pages intégré au boitier (Mediabook), écrit par Doug Headline et intitulé « Anges et mauvais garçons ». En gros, il s’agit de 35 pages de photos et 15 pages de texte, qui permettront cela dit de replacer Seuls les anges ont des ailes au sein de la carrière de Hawks et de Cary Grant. L’écriture du scénario et la production seront également abordées, avant de terminer avec la réception du film par le public et la critique. Sur le Blu-ray à proprement parler, la parole sera donnée à Noël Simsolo, historien du cinéma et expert de la carrière d’Howard Hawks (il est l’auteur d’un ouvrage intitulé « Howard Hawks, Cinégraphiques » disponibles aux éditions Cahiers du cinéma). On commencera donc tout d’abord avec une présentation du film par Noël Simsolo (22 minutes), qui lui permettra de le remettre dans son contexte de tournage avant d’en aborder les aspects thématiques les plus intéressants. Mais il ne s’arrêtera pas là et nous proposera un très intéressant portrait d’Howard Hawks à travers ses films (32 minutes). On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.