Sale temps à l’hôtel El Royale
États-Unis : 2018
Titre original : Bad times at the El Royale
Réalisation : Drew Goddard
Scénario : Drew Goddard
Acteurs : Jeff Bridges, Cynthia Erivo, Dakota Johnson
Éditeur : 20th Century Fox
Durée : 2h22
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 7 novembre 2018
Date de sortie DVD/BR : 13 mars 2019
Sept étrangers, chacun avec un secret à planquer, se retrouvent au El Royale sur les rives du lac Tahoe ; un hôtel miteux au lourd passé. Au cours d’une nuit fatidique, ils auront tous une dernière chance de se racheter… avant de prendre un aller simple pour l’enfer…
Le film
[4,5/5]
La jaquette du Blu-ray de Sale temps à l’hôtel El Royale affiche, sans complexe, un néologisme imaginé par nos confrères des Fiches du cinéma : le film de Drew Goddard y est en effet qualifié de « Tarantinesque ». Donc, bien entendu, sous perfusion du style développé depuis des années maintenant par Quentin Tarantino. Il est vrai que le script de Drew Goddard a des airs de « petit malin », et multiplie les similitudes avec le cinéma du papa de Pulp fiction : découpage en chapitres, récit organisé autour de plusieurs personnages d’égale importance, tunnels de dialogues décontractés, soudains éclairs de violence, narration allant et venant d’avant en arrière pour coller au point de vue de tel ou tel personnage, attachement à la Motown et plus globalement à la soul music des années 50/60…
Drew Goddard est allé à bonne école, et signe avec ce récit développant une singulière unité de lieu (si l’on excepte, bien sûr, les différents flashbacks revenant sur le passé des personnages) un bien bel exercice de style, lorgnant certes sur les gimmicks si particuliers de l’univers cinématographique estampillé « Tarantino », mais parvenant tout de même à se forger une identité bien réelle.
Cette identité, Drew Goddard parvient à la créer en mettant au centre de son récit un lieu, l’hôtel El Royale donc, qui se révélera rapidement non seulement un endroit plein de ressources et de mystères, mais s’imposera aussi et surtout comme un « personnage » à part entière dans le récit, et au centre des préoccupations / motivations de quelques-uns d’entre eux. La photo et l’utilisation de codes couleurs très marqués apportent également au film de Goddard une véritable originalité visuelle, absolument unique et remarquable. De plus, on retrouvera au cœur de Sale temps à l’hôtel El Royale l’obsession – très cinématographique – du miroir, du reflet, de voir sans être vu… Des motifs déjà extrêmement présents au cœur de la première réalisation de Drew Goddard, La cabane dans les bois, et que l’on retrouve ici dans le monde très codifié du polar et du Film Noir. Et ce casting de ouf ! On ne pourra que saluer la prestation de l’ensemble des acteurs, avec peut-être une mention toute particulière à Jeff Bridges et Cynthia Erivo, tous deux absolument incroyables.
Sale temps à l’hôtel El Royale n’est donc pas uniquement un film Tarantinesque : même s’il devrait à coup sûr réjouir les amoureux de « l’esprit » Tarantino, le film s’avère suffisamment décalé et original pour réellement se créer une personnalité, qui lui permet de se dégager de l’ombre – peut-être un peu trop envahissante – du réalisateur de Reservoir dogs et des Huit salopards.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Côté Blu-ray, et comme à chaque fois avec 20th Century Fox, le travail sur l’image de ce Blu-ray de Sale temps à l’hôtel El Royale est tout simplement superbe. Respectant à la lettre la photo à la fois nocturne et très colorée imaginée par Drew Goddard et son directeur photo Seamus McGarvey (The greatest showman), la galette Haute-Définition du film affiche un piqué de folie, la définition ne pose pas le moindre problème, même si les contrastes appuient énormément sur les noirs, très profonds et extrêmement présents. Le grain prononcé d’un tournage « à l’ancienne » sur pellicule est parfaitement préservé. Côté son, et comme souvent chez l’éditeur, seule la VO est proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 7.1 irréprochable, tandis que la VF s’offre quant à elle un mixage DTS 5.1 fin et puissant, tenant la dragée haute à son équivalent HD.
De son côté, la section suppléments est certes peu fournie, mais le making of d’une durée d’un peu moins d’une demi-heure s’avère absolument passionnant dans sa façon de déconstruire le projet et de revenir sur les éléments les plus importants du tournage (le décor, les acteurs, le script, la photo et les couleurs). En fin de sujet, on lâchera un peu la bride avec les photos de tournage de Jeff Bridges et ses relations avec le reste du casting : on y apprendra notamment qu’il est un adepte du « jeu des cochons », qui consiste à jeter trois petits cochons en plastique en essayant de les faire retomber sur leurs pattes. On terminera le tour de la section interactivité avec une galerie de photos et les traditionnelles bandes-annonces.