Test Blu-ray : Sacrées sorcières

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Sacrées sorcières

États-Unis: 2020
Titre original : The witches
Réalisation : Robert Zemeckis
Scénario : Robert Zemeckis, Guillermo del Toro, Kenya Barris
Acteurs : Jahzir Kadeem Bruno, Anne Hathaway, Octavia Spencer
Éditeur : Warner bros.
Durée : 1h44
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 17 mars 2021

En 1967, un jeune orphelin vient vivre chez son adorable grand-mère, dans la petite ville rurale de Demopolis, en Alabama. Tandis que le petit garçon et sa mamie croisent la route de sorcières aussi séduisantes que redoutables, la grand-mère entraîne notre héros en herbe dans une somptueuse station balnéaire. Malheureusement, ils débarquent au moment même où la Chef Sorcière réunit ses sbires venus du monde entier – incognito – pour mettre en œuvre ses sinistres desseins…

Le film

[3,5/5]

Écrivain à succès essentiellement connu pour ses ouvrages dans le domaine de la littérature jeunesse, Roald Dahl (1916-1990) s’était toujours, de son vivant, montré extrêmement hostile vis-à-vis des adaptations cinématographiques de ses œuvres. Ainsi, quelques mois avant sa disparition, à sa découverte du film Les sorcières de Nicolas Roeg, il avait qualifié le long-métrage de « totalement épouvantable ».

Trente ans après la mort de Roald Dahl, les films adaptés de ses œuvres se sont en revanche multipliés : Matilda (1996), James et la pêche géante (1997), Charlie et la chocolaterie (2005), Fantastic Mr. Fox (2009), Le bon gros géant (2016)… Ses romans ont pris vie, envahissant littéralement le grand écran. L’évolution des techniques et de l’imagerie numérique a en effet permis à de grands cinéastes de livrer « leur » vision de l’œuvre de Roald Dahl.

Avec Sacrées sorcières, l’idée de Robert Zemeckis et de ses co-scénaristes Guillermo del Toro et Kenya Barris était sans doute, à l’origine, de recentrer l’intrigue sur le roman de Roald Dahl. Cela dit, le mot d’ordre à Hollywood de nos jours étant « jeunesse et diversité », quelques modifications seront tout de même apportées au récit, qui se déroulera dorénavant en 1967 en Amérique, et imposera en tant que héros un jeune garçon noir – on imagine sans peine que cette idée, ainsi que la critique sous-jacente du racisme régnant dans les États-Unis de l’époque, sont à mettre au crédit de Kenya Barris. L’idée de l’opposition entre une Amérique riche / pauvre et plus largement blanche / noire fait donc partie des nouveautés apportées au bouquin par les scénaristes du film. Autre nouveauté apportée à l’histoire : on trouvera maintenant une jeune fille transformée en souris accompagnant les deux souris « mâles » dans leur aventure – par soucis de représentativité sans doute, et ce même si le personnage n’apporte en l’occurrence strictement rien au récit.

Pour le reste, le Sacrées sorcières de Robert Zemeckis restera globalement fidèle au roman de Dahl, jusque dans son dénouement ne versant pas forcément dans le happy end attendu. Le film s’ouvre sur une introduction moderne et iconoclaste, portée par la voix off de Chris Rock, qui cédera vite la place au récit tel qu’on le connaît, occasionnellement sublimé par les idées de mise en scène renversantes – sans mauvais jeu de mot vis-à-vis de la séquence d’accident qui ouvre la narration – de Robert Zemeckis.

Car n’ayons pas peur de l’affirmer haut et fort : s’il n’est pas exempt de quelques défauts, Sacrées sorcières porte néanmoins clairement et fièrement la marque de son réalisateur Robert Zemeckis. Si certains observateurs – probablement aveugles – ont déploré une mise en scène trop impersonnelle lors de leur découverte du film, on ne compte cependant plus les plans originaux et pleins de vie dont nous gratifie le cinéaste, et sa maîtrise innée de la technique cinématographique. Porté par une réelle maestria formelle, le film est également rythmé et régulièrement secoué par la musique tonitruante d’Alan Silvestri, qui accompagne les images de la plus intense des manières.

La notion de deuil, qui comptait énormément dans le roman de Roald Dahl, retrouve ici également une place de choix, avec une première partie prenant son temps afin d’explorer les différentes facettes du chagrin de l’enfant avant de se plonger dans le récit fantastique à proprement parler. Le sentiment de « perte » dont souffre le jeune héros fait réellement son chemin, notamment grâce à la performance triste et chargée en émotions du jeune Jahzir Kadeem Bruno, dont il s’agit du premier film en tant qu’acteur.

Mais Sacrées sorcières, c’est avant tout une histoire de sorcières, non ? Et à ce niveau là, le film de Zemeckis ne décevra pas, en nous donnant à découvrir une « Grandissime Sorcière » absolument mémorable, incarnée par une Anne Hathaway en état de grâce. Oubliant toute notion d’amour propre, elle campe en effet ici un personnage haut en couleurs, vêtu de grands chapeaux, d’un turban, d’une perruque blonde, ronronnant, minaudant, en faisant des caisses avec un accent douteux et une prononciation pour le moins comique du mot « ail ». S’éclatant littéralement dans son interprétation, Hathaway donne le maximum de sa personne, alternant les séquences grotesques et celles où elle se révèle physiquement absolument flippante – on pense bien sûr à la scène des bras dans le conduit d’aération, mais également à la scène du restaurant, durant laquelle elle parvient à donner froid dans le dos au spectateur… sans avoir recours au moindre effet spécial.

Au final, Sacrées sorcières s’impose donc comme un grand spectacle familial, au cœur duquel le goût immodéré de Robert Zemeckis pour les effets visuels extravagants colle parfaitement autant à l’histoire qu’il raconte qu’au personnage incarné par Anne Hathaway. Une bonne surprise donc !

Le Blu-ray

[4/5]

Autant être clair d’entrée de jeu, le Blu-ray de Sacrées sorcières édité par Warner bros. s’imposera rapidement comme une véritable galette de démo technique. Avec sa définition au taquet, son piqué précis et ses couleurs / contrastes époustouflants, l’image nous offre un rendu Haute-Définition assez exceptionnel. Une claque de tous les instants, qui commence dés le premier plan dans le désert. Côté son, l’éditeur nous propose une impressionnante piste son en VO, mixée en DTS-HD Master Audio 5.1, qui impose une dynamique et une précision assez bluffantes, et le caisson de basses est sollicité de manière à vous remettre le tiercé dans l’ordre à plus d’une reprise. C’est également un joli spectacle acoustique en VF : même si le mixage Dolby Digital 5.1 peine à égaler l’efficacité de la VO en termes de grand spectacle acoustique, il se révèle tout de même parfaitement immersif, tonitruant, ample et d’une précision redoutable dans la restitution des ambiances. On a donc vraiment droit à un spectacle visuel et sonore d’une ampleur rare.

Dans la section suppléments, on aura droit à un petit ensemble de featurettes tout à fait sympathique. On commencera donc avec un court making of (6 minutes), durant lequel la parole est essentiellement donnée à Anne Hathaway et Robert Zemeckis. Ces derniers reviendront également sur la particularité d’adapter un récit de Roald Dahl (5 minutes), et un très court module reviendra sur la potion de transformation en souris (1 minute). On terminera le tour des bonus avec un bêtisier pas très glorieux (2 minutes) et, surtout, avec quatre scènes coupées, dont certaines sont proposées avec des effets spéciaux non finalisés (6 minutes). Intéressant !

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