Sables mortels
États-Unis : 1992
Titre original : White Sands
Réalisation : Roger Donaldson
Scénario : Daniel Pyne
Acteurs : Willem Dafoe, Mickey Rourke, M-E Mastrantonio
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h41
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 25 novembre 1992
Date de sortie DVD/BR : 4 octobre 2023
Ray Dolezal, shérif-adjoint, enquête sur la mort mystérieuse d’un homme dont le corps a été retrouvé au milieu du désert du Nouveau-Mexique. L’inconnu, vêtu d’un costume de ville, tenait dans sa main une arme de service pressée contre sa tempe et dans l’autre un attache-case renfermant 500.000 dollars…
Le film
[3,5/5]
Avant la révolution Se7en en 1995, qui a considérablement bouleversé la donne américaine en matière de polar, le thriller US jouait essentiellement la carte du néo-polar poisseux, mettant en scène de petites crapules évoluant, généralement, sous un soleil de plomb dans les plaines poussiéreuses de l’Ouest des États-Unis. Sang pour sang (Joel Coen, 1985) et Hot Spot (Dennis Hopper, 1990) prenaient place dans le Texas, La Mort sera si douce (James Foley, 1990) dans le désert du Colorado, Kill Me Again (John Dahl, 1989) dans le Nevada, Red Rock West (John Dahl, 1992) dans le Wyoming…
Dans le cas de Sables mortels, ce sont les paysages spectaculaires du Nouveau-Mexique qui serviront de toile de fond à l’enquête tarabiscotée menée par le shérif incarné à l’écran par Willem Dafoe. C’est d’ailleurs en partie grâce à ces décors pour le moins saisissants que le thriller de Roger Donaldson parvient à se démarquer des autres néo-polars tournés à l’époque : le scénario de Daniel Pyne (La Manière forte, L’Enfer du dimanche) utilise en effet de façon très efficace l’aridité du climat, qui se répercute dans la sécheresse des interactions entre les personnages, le tout au cœur d’une intrigue où, bien sûr, la manipulation est reine et où personne n’est réellement ce qu’il semble être.
Pour le reste, les éléments-clés de ce genre d’histoire répondent tous à l’appel, de la sacoche pleine de dollars aux escales dans les motels miteux, et dès la mise en place de l’intrigue, Sables mortels happe littéralement le spectateur, l’emportant avec lui au cœur d’une intrigue labyrinthique peuplée de personnages aux multiples facettes. Ainsi, à partir de la découverte d’un cadavre au milieu du désert – mort avec une mallette contenant un demi-million de dollars à côté de lui – le personnage du shérif Ray Dolezal interprété par Willem Dafoe remontera à un trafic d’armes sur le marché noir et aux personnages de Lennox (Mickey Rourke) et de la sulfureuse Lane (Mary Elizabeth Mastrantonio). Parallèlement, Ray devra frayer avec un agent du FBI (Samuel L. Jackson) aux motivations troubles…
L’intrigue de Sables mortels met un certain temps avant d’abattre toutes ses cartes et d’introduire tous ses personnages, mais le premier acte du film constitue un petit modèle d’efficacité, d’autant qu’il permet au spectateur de retrouver l’excellent M. Emmet Walsh dans la peau d’un médecin légiste un peu grande gueule. En vieux briscard d’Hollywood, Roger Donaldson tient parfaitement son rythme et nous offre occasionnellement une poignée de scènes vraiment excellentes. Si ces dernières s’imbriquent volontairement dans le récit dans le but de détourner l’attention du spectateur du nœud de l’intrigue, Sables mortels révèle ses différents secrets d’une façon solide, de manière à ce que le spectateur puisse tenter d’assembler les pièces du puzzle au fur et à mesure que le film se déroule. Un excellent petit thriller !
Le Blu-ray
[4/5]
Disponible depuis quelques semaines chez tous vos dealers de culture sous les couleurs de ESC Éditions, Sables mortels s’offre enfin une édition Blu-ray, qui viendra à point nommé pour remplacer le vieux DVD du film qui traînait sur votre étagère depuis plus de vingt ans. Côté Blu-ray, la copie du film de Roger Donaldson est d’excellente tenue, avec un grain cinéma parfaitement respecté, des couleurs fidèles aux teintes d’origine et des contrastes finement travaillés. La restauration a fait place nette des tâches, rayures et autres griffes disgracieuses, et propose une image très stable, avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences. Côté son, l’éditeur nous propose VF et VO en DTS-HD Master Audio 2.0, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, on appréciera la VF typique des années 90, et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier.
Côté suppléments, l’éditeur ne se sépare pas de ses excellentes habitudes, avec la traditionnelle bande-annonce du film, qui s’accompagnera d’une intéressante présentation du film par Frédéric Albert Lévy (35 minutes). Il y dressera un parallèle entre Sables mortels et Profession reporter d’Antonioni, reviendra sur la figure du « yuppie » dans les années 90, sur le rapport de Roger Donaldson à l’espace, la question de l’identité, etc.