Rupture
États-Unis, Canada : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Steven Shainberg
Scénario : Brian Nelson, Steven Shainberg
Acteurs : Noomi Rapace, Michael Chiklis, Kerry Bishé
Éditeur : TF1 Vidéo
Durée : 1h42
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 2 mai 2017
Renée Morgan, une mère célibataire qui élève seule son fils de 12 ans, est enlevée par une mystérieuse organisation et se retrouve, quelques heures plus tard, attachée et interrogée par des scientifiques sur sa phobie des araignées dans un laboratoire de fortune. Cette phobie pourrait lui permettre d’atteindre la « rupture »…
Le film
[3,5/5]
Révélé en 2002 par La secrétaire, véritable chef d’œuvre comptant parmi les plus beaux et les plus bouleversants de la décennie 2000, Steven Shainberg était repassé derrière la caméra en 2006 pour signer Fur – Un portrait imaginaire de Diane Arbus aux côtés de Nicole Kidman. Aussi, après dix ans d’absence, le fait de voir arriver son nom accolé à celui de Brian Nelson, scénariste de films d’horreur au milieu des années 2000, aura de quoi interloquer le cinéphile – néanmoins, comme il est également vrai qu’avec les scripts de Hard candy (2005) et 30 jours de nuit (2007), Nelson avait su transcender le talent de cinéaste de David Slade, étoile filante du cinéma de genre US, on ne pouvait qu’être intrigué par l’annonce de ce projet singulier.
« Singulier » est d’ailleurs vraiment le terme adéquat pour qualifier Rupture, qui ne ressemble finalement à rien d’autre que lui-même. Un pied dans la science-fiction, un pied dans le torture porn, et un troisième pied dans la réflexion métaphysique, très similaire à celle abordée par Clive Barker dans sa nouvelle intitulée « Terreur » (recueil Une course d’enfer, Albin Michel, 1988). Déstabilisant, bizarre, il n’est point étonnant que le film ne parvienne pas pour le moment à trouver son public et n’atteigne aujourd’hui que la note de 4,7/10 sur le site de référence IMDb : sur un peu plus de 2000 votants, seuls 4% le considèrent comme un chef d’œuvre avec la note de 10/10 (contre 10% de ceux qui ont vu La secrétaire). Bien sûr, tout cela n’est pas gravé dans le marbre et au fur et à mesure que le film sera découvert, il touchera de plus en plus « son » public.
En attendant, si l’on sait vraiment si l’on le conseillerait à son prochain, on ne peut que reconnaître que Rupture est, pour le moins, un beau morceau de cinéma, tendu et maîtrisé par un Steven Shainberg que l’on découvre plutôt à l’aise avec le genre. D’un point de vue thématique, il se rapproche par certains aspects de La secrétaire, dans le sens où le film sous-tend [ATTENTION SPOILERS] que pour trouver la plénitude ou l’espèce d’état de conscience absolue qu’atteint Renée à la fin du film, chaque être humain doit être amené à dépasser ses peurs, ses douleurs, ses inhibitions. Une certaine idée de la science-fiction sadomasochiste ! [FIN DES SPOILERS] On terminera en saluant la prestation intense et habitée de Noomi Rapace, qui tient sur ses épaules une énorme partie de la réussite hypnotique du métrage.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Côté Blu-ray, et comme à son habitude, l’éditeur TF1 Vidéo nous propose une expérience parfaitement immersive. Couleurs, contrastes, définition, piqué, tout est au top niveau : du très beau travail. L’encodage sans faille rend hommage aux étranges décors du film, mais aussi à la sublime photo signée Karim Hussain. Du côté des enceintes, c’est également un sans faute, avec un DTS-HD Master Audio 5.1 à la spatialisation immersive et puissante, faisant constamment appel aux canaux arrière, à la fois pour les diverses ambiances du film mais aussi pour les effets surround, vraiment impressionnants quand ils se mettent en branle. Le grand spectacle acoustique est donc également de la partie.
Dans la section suppléments, on trouvera un court mais intéressant making of laissant largement la parole à Steven Shainberg et ses acteurs, et dévoilant quelques pistes de réflexion quant à l’interprétation du scénario.