Trois milliards d’un coup
Royaume-Uni : 1967
Titre original : Robbery
Réalisation : Peter Yates
Scénario : Peter Yates, Edward Boyd, George Markstein
Acteurs : Stanley Baker, James Booth, Barry Foster
Éditeur : StudioCanal
Durée : 1h54
Genre : Policier
Date de sortie cinéma : 31 janvier 1968
Date de sortie DVD/BR : 28 juin 2023
Paul Clifton constitue une équipe de criminels afin d’effectuer le vol du siècle dans un train postal qui relie Glasgow à Londres…
Le Film
[3,5/5]
Robbery est un film de Peter Yates tourné au Royaume-Uni, et sorti en France au début de l’année 1968 sous le titre Trois milliards d’un coup. Comme son titre l’indique assez clairement, le film appartient à la catégorie du « film de casse », un sous-genre du polar ayant la particularité de suivre en général un déroulement très codifié, qui ne laissera que peu de place aux surprises : on commence avec une présentation de l’équipe de braqueurs (chacun ayant naturellement son domaine d’expertise), qui se fait ici par le biais d’une impressionnante scène d’action, puis on passe à la phase de préparation et de repérages, et la dernière partie du film se concentre sur la phase d’exécution du plan, la particularité du genre étant bien entendu que le plan en question ne se déroule jamais tout à fait comme prévu.
Dans le cas de Trois milliards d’un coup, le dénouement de l’histoire était cependant connu, et encore dans toutes les mémoires au moment de la sortie du film, puisque Peter Yates y fait référence à une attaque de train commise durant l’été 1963 à Ledburn en Angleterre, contre le train postal Glasgow-Londres – une affaire ayant fait grand bruit à l’époque et qui est encore considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands casses du vingtième siècle. Même si bien sûr beaucoup d’éléments ont été modifiés pour les besoins de la fiction, de nombreux événements relatés dans le film de Peter Yates sont réels. La grande particularité de Robbery est d’ailleurs que les préparatifs du casse ont été recréés avec une précision si impressionnante que le film développe par moments une saveur presque documentaire.
Même s’il met un certain temps avant d’apparaitre à l’écran, le personnage central de Trois milliards d’un coup est Paul, le braqueur perfectionniste incarné par Stanley Baker. Il est à la tête d’une bande de voleurs ayant réalisé plusieurs gros coups, et s’avère bien décidé à réaliser un exploit avec ce braquage de train postal. La plupart des événements dramatiques importants du film nous sont présentés à travers les yeux de Clifton, et Robbery s’attarde de fait énormément sur les préparatifs du braquage, incroyablement précis et détaillés. Le film développe également – et c’est suffisamment rare pour être souligné – un attachement particulier à nous proposer de nombreux dialogues évoquant « l’après-braquage ». Au fil des discussions entre les personnages, le film insiste de façon assez claire sur les risques auxquels les voleurs pourraient être confrontés non seulement pendant mais surtout après le braquage.
Pour autant, comme dans tous les films de casse, le gros morceau de Trois milliards d’un coup réside dans sa dernière partie, dédiée à la mise en application du plan et au cambriolage en lui-même. Cette longue séquence permet à Peter Yates de nous livrer un moment de bravoure au moins égal en intensité à l’ouverture du film, qui nous donnait à voir une remarquable poursuite dans les rues de Londres. Pour l’essentiel, il s’agit ici de scènes totalement dépourvues de dialogues, qui permettent au futur réalisateur de Bullitt de se concentrer entièrement sur le travail des voleurs, sur leurs gestes et leur professionnalisme. Un sacré morceau de péloche !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Avant d’aborder la qualité du transfert en lui-même, on notera déjà la classe visuelle qu’affiche ce Combo Blu-ray + DVD de Robbery / Trois milliards d’un coup, le dernier né de la prestigieuse collection « Make My Day ! » dirigée par Jean-Baptiste Thoret (numéro #60). Le film s’offre ainsi un superbe Digipack deux volets surmonté d’un fourreau, le tout étant comme d’habitude orné d’une illustration classieuse de Vladimir Thoret. Bref, comme toujours avec cette collection initiée par StudioCanal, on a entre les mains un véritable et bel objet de collection que l’on sera fier d’afficher crânement dans son étagère.
Du côté de la galette, pas grand-chose à redire du côté du master Haute Définition : si le rendu général est peut-être un peu doux, le boulot de restauration a été fait avec soin, et la qualité visuelle de l’ensemble est très satisfaisante. Le grain d’origine est présent, le piqué est relativement précis, et les couleurs sont naturelles. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray, même si les plus tatillons pourront peut-être arguer que le grain est un peu plus présent sur les scènes en basse lumière. Côté son, c’est la classe également : le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 (VF+VO) se révèle particulièrement clair dans la restitution des dialogues et des différentes ambiances. Du beau travail.
Au rayon des bonus, on trouvera tout d’abord la traditionnelle présentation du film par Jean-Baptiste Thoret (7 minutes), qui présentera Robbery comme une espèce de chainon manquant entre la carrière de Peter Yates au Royaume-Uni et le reste de sa carrière, qu’il a effectué aux Etats-Unis. On se régalera ensuite d’un passionnant making of rétrospectif (48 minutes), qui reviendra sur le contexte de production du film à partir d’entretiens avec le coscénariste Gerald Wilson, le directeur artistique Michael Seymour, le directeur de la production Gavrik Losey et bien sûr des acteurs Michael McStay, Glynn Edwards et Barry Stanton. Très intéressant !