Test Blu-ray : Ripoux contre Ripoux

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Ripoux contre Ripoux

France : 1990
Titre original : –
Réalisateur : Claude Zidi
Scénario : Claude Zidi, Didier Kaminka, Simon Michaël
Acteurs : Philippe Noiret, Thierry Lhermitte, Guy Marchand
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h47
Genre : Comédie, Policier
Date de sortie cinéma : 7 février 1990
Date de sortie Blu-ray : 6 octobre 2021

René et François sont maintenant associés dans les trafics du quartier dont ils sont les inspecteurs. Mais François veut préparer le concours de commissaire. À la suite d’un malentendu, alors que François tentait justement de se racheter une conduite, les deux compères sont suspendus. Leurs remplaçants s’avèrent encore plus « ripoux » que leurs prédécesseurs…

Le film

[3/5]

Suite au succès des Ripoux dans les salles en 1984, l’idée de tourner une suite aux aventures de François et René – alias Philippe Noiret et Thierry Lhermitte – s’est lentement imposée dans l’esprit de Claude Zidi et de ses coscénaristes Didier Kaminka et Simon Michaël. Mais comment envisager une suite aux aventures de ces deux flics à la morale élastique, alors que le film précédent les voyait quitter la police après avoir piqué un confortable magot à un trafiquant de drogue ?

« On efface tout, et on recommence » semble avoir été la réponse à cet épineux problème narratif – on considérera dès lors que le dernier quart d’heure du film de 1984 était une projection de l’esprit, un fantasme de la part du personnage de Philippe Noiret, en proie à une profonde dépression suite à la disparition de la librairie de sa femme. Cela tient debout, dans le sens où toute la séquence de la sortie de prison du personnage de René est nimbée d’une étrange lumière, qui pourrait sous-entendre qu’il s’agit d’un rêve.

Quoi qu’il en soit, Ripoux contre Ripoux ne reprend donc pas tout à fait là où l’on s’était arrêté – malicieux comme un enfant en train de jouer au gendarme et au voleur, Claude Zidi adresse un clin d’œil au spectateur : on « fait comme si », on « disait que » les deux personnages du film n’avaient pas quitté la police, et travaillaient bel et bien toujours en binôme pour la police nationale. Certains pourraient penser que cette posture dénote d’une vision pour le moins décontractée du cinéma, aux limites du je-m’en-foutisme. D’autres argueront au contraire qu’il s’agit là d’un élément tout à fait représentatif du rapport qu’entretient Claude Zidi avec son public, l’idée générale étant, avant toute autre chose, de lui donner ce qu’il a envie de voir – sans chichis et sans tourner autour du pot.

Pour les spectateurs qui seraient gênés par ce problème de continuité, la page Wikipédia consacrée à Ripoux contre Ripoux nous explique qu’il pourrait en réalité s’agir, non pas d’un « prequel », non pas d’un « sequel », mais d’un « midquel », que l’on pourrait imaginer s’intercaler peu après que René a réussi à faire de François un ripou, mais avant les événements relatés à la fin du premier film. La vérité est qu’on s’en fout un peu – les dialogues du film tendent à confirmer que cinq ans séparent bel et bien Les Ripoux et Ripoux contre Ripoux. De fait, on ne va pas commencer à s’arracher les cheveux pour ce genre de détail, car l’essentiel au fond, c’est bien de retrouver Philippe Noiret et Thierry Lhermitte, qui se ici confrontés à encore plus ripoux qu’eux.

Dans le rôle de ces deux pire-que-ripoux, on trouvera Guy Marchand et Jean-Pierre Castaldi – le casting idéal si l’on considère leurs têtes de sournois, et les deux acteurs prennent manifestement un malin plaisir à jouer les ordures devant la caméra. Pour le reste, les deux héros se retrouvent donc un peu mis à l’écart par l’intrigue de Ripoux contre Ripoux, qui fait la part belle à une joyeuse galerie de personnages, constituée pour l’essentiel de quelques commerçants de Montmartre recyclés du film précédent. Le style narratif du film précédent, qui jouait la carte de la suite de saynètes humoristiques, laisse ici la place à un scénario plus élaboré, qui malgré quelques digressions inutiles (les scènes à la campagne, la course hippique), parvient à imposer un véritable fil rouge, qui permet au film de se trouver un rythme peut-être un poil plus assuré que le premier.

Côté réalisation, Claude Zidi se fait plus ambitieux, se permettant même quelques jolis plans, habilement mis en scène – on pense par exemple à la mise en place du racket organisé par Marchand et Castaldi, remarquable. Pour autant, la dimension « ethnique et sociale » qui faisait en partie le sel du premier opus semble ici très artificiellement rajoutée, avec des personnages sans âme, complètement transparents, n’ayant d’ailleurs même pas de nom au générique – ainsi, le plus important membre de la communauté black qui accueille Philippe Noiret est simplement appelé « le marabout » !

Au final, ce qui sauve Ripoux contre Ripoux, c’est le casting dans son ensemble : le duo Guy Marchand / Jean-Pierre Castaldi, le duo Philippe Noiret / Thierry Lhermitte, qui au gré de certaines lignes de dialogues, parviendront encore à nous faire sourire. On notera également une composition outrancière mais amusante de Jean Benguigui et un petit rôle pour Jean-Claude Brialy. On n’oublie pas non plus la présence à l’écran de Grace De Capitani, complètement égale à elle-même. Après un premier rôle dans Promotion Canapé de Didier Kaminka, qui sortirait quelques mois après Ripoux contre Ripoux, elle ne tournerait quasiment plus que pour la télévision. Du côté des acteurs n’ayant pas pu ou voulu rempiler, le rôle de Simone tenu par Régine dans Les Ripoux échoit à Line Renaud, et celui de Julien Guiomar est ici incarné par Michel Aumont.

Le Blu-ray

[4/5]

Ripoux contre Ripoux était déjà sorti en Blu-ray en 2014, sous les couleurs d’EuropaCorp, mais le film a bénéficié d’une petite restauration de la part de Gaumont. Ce nouveau Blu-ray de Ripoux contre Ripoux nous propose donc un transfert soigné en 1080p, les couleurs sont chaudes, profondeur de champ et piqué sont au meilleur de leur forme et offrent un niveau de détail très satisfaisant : il s’agit vraiment d’une belle galette. Côté son, le film de Claude Zidi s’offre également une belle réussite acoustique, avec un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 clair, stable et relativement subtil. Du beau travail technique ! On notera par ailleurs que le film de Zidi est disponible à petit prix dans la collection Blu-ray Découverte de l’éditeur (parfois également appelée Gaumont découverte en Blu-ray).

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose un intéressant entretien croisé entre Didier Kaminka, dialoguiste du film, et Thibault Decoster, auteur du livre « Le cinéma de Claude Zidi » (19 minutes). Les deux intervenants reviendront sur les qualités du film, ainsi que sur sa genèse : à l’origine, le scénario était celui des deux premiers épisodes d’une série TV consacrée aux Ripoux, qui n’a finalement jamais vu le jour. Ils évoqueront également le troisième film de la saga, Ripoux 3, que Thibault Decoster trouve complètement raté. C’est amusant, car de notre côté, on le trouve en tous points supérieur à Ripoux contre Ripoux : plus drôle, plus rythmé, plus original. Et comme ils n’ont décidément pas grand-chose à dire sur le film de 1990, ils évoqueront également la série avortée Les Ripoux anonymes, dont un seul épisode a été diffusé sur TF1 en 2011.

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