Retribution
États-Unis : 2023
Titre original : –
Réalisation : Nimród Antal
Scénario : Chris Salmanpour, Andrew Baldwin
Acteurs : Liam Neeson, Noma Dumezweni, Lilly Aspell
Éditeur : StudioCanal
Durée : 1h31
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 23 août 2023
Date de sortie DVD/BR : 23 décembre 2023
Un homme d’affaires découvre qu’une bombe a été placée dans la voiture qu’il conduit par un assaillant inconnu. Ce dernier lui ordonne d’exécuter une série d’actions tout au long de la journée ou la bombe explosera, le tuant lui et sa famille…
Le film
[3/5]
À l’approche de ses soixante ans, Liam Neeson, né en 1952, avait opté pour un radical changement de carrière, délaissant peu à peu le cinéma d’auteur et les rôles complexes et ambitieux (La Liste de Schindler, Michael Collins…) pour se lancer dans le cinéma d’action tendance sévèrement burné. Et comme il a encore aujourd’hui la chance de paraître dix à quinze ans plus jeune qu’il ne l’est en réalité, il s’est spécialisé dans les rôles de Papa Bastonneur. La retraite, très peu pour lui, et chacun de ses nouveaux rôles le met en scène dans un corps de métier différent, aux prises avec d’impitoyables méchants au cœur de thrillers d’action, de polars badass et de blockbusters musclés. Et Bam, et Bim, voilà pour les méchants, prends ça dans les roustons. Et Pan, et Boum, prends-ça dans ta gueule, le terroriste.
Si on n’aurait pas misé un kopeck sur la reconversion de Liam Neeson en découvrant, par exemple, des films tels que Maris et Femmes ou Nell dans les années 90, depuis Taken en 2008, la donne a changé : on a bien été obligé de constater que l’acteur a l’imposant physique de l’emploi, doublé d’un charisme animal qui explose littéralement à l’écran lors des scènes d’action. Sa deuxième carrière a donc rapidement pris un essor impressionnant, et en quelques années, il est devenu une « action star » reconnue, remplaçant petit à petit Bruce Willis ou Steven Seagal dans le cœur des amateurs de bourrin age cinématographique. Cependant, le revers de la médaille quand on commence à enchaîner les films destinés au marché de la vidéo, c’est que l’on a maintenant un peu de mal à différencier les derniers films de Liam Neeson, qui se ressemblent tous un peu. Il faut donc opter pour un peu d’originalité pour se démarquer des autres : après Ice Road, qui mettait en scène de gros camions sur les routes gelées du Grand Nord du Canada, voici aujourd’hui Retribution, un thriller au cœur duquel Liam Neeson restera assis au volant de sa voiture pendant tout le film.
Dans Retribution, Liam Neeson incarne en effet Turner, un gestionnaire de fonds spéculatifs au volant d’une voiture piégée : une bombe judicieusement placée sous son siège l’empêche de se lever (sinon BOUM), alors qu’un mystérieux méchant au téléphone multiplie les exigences, bien décidé à mettre la main sur des fonds secrets dissimulés sur un compte offshore. Si l’intrigue de Retribution vous parait vaguement familière, c’est normal : il s’agit d’un remake du film espagnol Appel inconnu (El desconocido), réalisé par Dani de la Torre en 2015, et disponible depuis quelques années en Blu-ray et DVD chez Koba Films. Derrière la caméra, la production est allée rechercher Nimród Antal. Réalisateur hongro-américain découvert en 2003 avec Kontroll, Antal avait par la suite réalisé l’excellent Motel (2007) avec Kate Beckinsale et Luke Wilson, puis les sympathiques Blindés (2009) et Predators (2010). On n’avait plus eu l’occasion de le voir s’exprimer sur grand écran depuis le film musical Metallica : Through the Never en 2013.
Retribution marque donc le retour de Nimród Antal au cinéma, après quelques années passées à réaliser des épisodes de séries TV (Servant, Stranger Things…). Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cinéaste fait de son mieux pour maintenir le suspense en composant avec une intrigue ne quittant pour ainsi dire quasiment jamais l’habitacle du véhicule conduit par Turner / Liam Neeson. Il multiplie ainsi les angles de prise de vue et les plans originaux, utilisant assez bien l’espace confiné et claustrophobe de la voiture de Turner, et entretenant à l’image la confusion du personnage principal, ce qui tend cependant parfois à amoindrir l’impact des moments d’émotion réservés à l’acteur. Le scénario est relativement habile dans sa façon de caractériser les personnages : la relation entre le personnage de Turner et ses deux enfants (Jack Champion et Lilly Aspell) permet au premier acte de Retribution de grimper en intensité et en colère rentrée.
Aux tensions familiales s’ajoutent les problèmes liés à l’activité de Turner, gestionnaire de fonds spéculatifs ayant des difficultés à composer avec les fluctuations d’un marché devenu incontrôlable. Et si là n’est certainement pas le cœur de Retribution, on ne pourra que souligner le choix de Nimród Antal et de ses scénaristes Chris Salmanpour et Andrew Baldwin d’avoir sciemment changé le métier du personnage principal, les fonds spéculatifs suggérant presque implicitement des transactions louches dans l’inconscient collectif, ce qui permet au récit de garder un peu plus longtemps viable l’hypothèse selon laquelle le personnage principal serait lui-même le poseur de bombe. C’est d’autant plus troublant que dans le dernier acte du film, Liam Neeson ressemble presque à un fou dangereux, le visage déformé par la rage au point d’en apparaitre comme un véritable zombie.
Dans tous les cas, si vous avez vu Appel inconnu, attendez-vous à une nette différence quant à l’identité et aux motivations du poseur de bombe par rapport au film espagnol : cette bifurcation narrative tendra d’ailleurs à modifier de façon assez considérable le dernier acte du film. Et sans en révéler trop sur le final, il nous faut garder à l’esprit qu’après tout, Retribution est un actioner mettant en scène Liam Neeson, et qu’il fallait bien adapter un minimum le récit pour que l’image de l’acteur continue de coller à celle à laquelle son public s’est habitué depuis Taken.
Le Blu-ray
[4/5]
Retribution a débarqué sur les linéaires de vos dealers de culture habituels juste avant Noël, en Haute-Définition et sous les couleurs de StudioCanal. Et côté Blu-ray, l’éditeur nous livre indéniablement – comme à son habitude me direz-vous – une galette techniquement soignée : la définition est au taquet, les contrastes sont tranchants, les noirs somptueux, l’ensemble est précis, avec un beau piqué et des scènes diurnes naturelles et lumineuses. Côté son, VF et VO sont mixées en DTS-HD Master Audio 5.1 et le rendu général s’avère impérial, fin, intense, bien spatialisé et vraiment spectaculaire durant les nombreuses scènes de poursuites qui se multiplient à l’écran durant le dernier tiers du métrage. L’immersion est totale, c’est du très bon travail, dynamique, enveloppant, très efficace. Pas de bonus.