Ready player one
États-Unis : 2018
Titre original : –
Réalisation : Steven Spielberg
Scénario : Ernest Cline, Zak Penn
Acteurs : Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn
Éditeur : Warner bros.
Durée : 2h20
Genre : Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 28 mars 2018
Date de sortie DVD/BR : 8 août 2018
2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l’OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l’oeuf de Pâques numérique qu’il a pris soin de dissimuler dans l’OASIS. L’appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu’un jeune garçon, Wade Watts, qui n’a pourtant pas le profil d’un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…
Le film
[4,5/5]
Au grand dam de certains cinéphiles, que l’on devine dépassés, voire submergés par la frénésie d’images folles dont nous submergent les blockbusters contemporains, les liens entre le cinéma et le jeu vidéo n’ont jamais été si forts. L’influence du duo Neveldine/Taylor et de leur diptyque Hyper tension, dont l’esprit frondeur a été recyclé par James Gunn sur le mode « familial » dans les deux premiers Gardiens de la galaxie se ressent ainsi de plus en plus sur le blockbuster actuel, qui y va de ses références à gogo à la culture populaire et/ou geek. Ainsi, le cinéma de studios actuel plonge son grand spectacle sous un véritable déluge d’effets numériques et une frénésie boulimique de rythme et d’images ; à l’écran et dans les salles, ça passe ou ça casse. Mais au final, on en revient toujours aux « bases » : l’essentiel afin de réussir son coup est toujours bel et bien de proposer une réelle « vision » de cinéaste, une personnalité qui va s’imprégner au spectacle et transcender le matériau de base.
Ainsi, si Ready player one propose sans le moindre doute possible une véritable « vision » de metteur en scène de la part de Steven Spielberg, il n’en plaira pas pour autant à tout le monde, bien des spectateurs risquant de rejeter en masse un film trop foisonnant, trop chargé, trop virtuose. Car Spielberg signe avec ce festival de science-fiction hybride et fou une œuvre destinée à mettre à l’amende tous les cinéastes évoluant sur ses plates-bandes depuis des années, et à démontrer que le « Boss » en matière de divertissement, c’est lui et cela sera toujours lui. Porté par la musique absolument géniale d’Alan Silvestri et par une myriade d’effets spéciaux aussi novateurs qu’époustouflants, le génie Spielberg livre en effet une œuvre-somme, pleine à craquer d’éléments visuels dont il semble bien que l’on ne pourra, en tant que spectateur, jamais réellement faire le tour, même en plusieurs visionnages. Plus impressionnant encore, il semble bien déterminé à travailler à la fois sur le passé et le futur du cinéma de divertissement, livrant avec Ready player one un spectacle littéralement ébouriffant, d’autant plus remarquable que malgré le sujet du film, il fait encore preuve de suffisamment de modestie pour ne pas se laisser aller à l’auto-citation, quand bien même ses films ont indéniablement marqué la « pop culture » de façon bien plus prégnante que certains autres auxquels il rend hommage au détour d’un plan ou d’une séquence.
Construisant son film sur le modèle éprouvé du jeu vidéo, les scénaristes du film (l’auteur 100% geek Ernest Cline, aidé par le scénariste chevronné Zak Penn, qui lui a à coup sûr permis de trouver l’ampleur nécessaire à la mise en forme du script) permettent à Spielberg de nous livrer un film à « niveaux » (la course / la boite de nuit / Shining / la bataille finale), chaque niveau s’avérant très différent du précédent mais tous s’offrant un résultat toujours absolument révolutionnaire et jouissif. Epuisant, étourdissant « ride » de cinéma montagnes russes, Ready player one nous propose de plus en filigrane un discours toujours aussi fin non seulement sur le jeu vidéo (et les liens qui unissent les « gamers » aux jeux sur lesquels ils peuvent passer des jours entiers) mais également sur la société actuelle, au cœur de laquelle tout un chacun semble de plus en plus isolé, malgré l’illusion du nombre et de la communauté ; joli tacle aux réseaux sociaux que Papy Spielberg ne semble pas des masses porter dans son cœur. En somme et pour mettre un terme à ce papier qui pourrait faire des pages et des pages (mais on ne doute pas que les détracteurs du film pourraient en faire tout autant !), on terminera avec quelques propos de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff, qui saluait lors de sa sortie dans les salles quelques-unes des qualités du dernier Spielberg :
« Le nouveau héros de Steven Spielberg est plus motivé par la quête imaginée par ce père de substitution (une constante chez lui) que par le profit d’une éventuelle victoire. Si ses idéaux sont nobles, il n’a pas encore trouvé le sens profond de son existence. Le père de E.T. prend soin de montrer que la vraie vie se déroule dans la réalité, faite de chair et d’os. Jamais loin d’être naïf, son cinéma est porté par l’espoir indéfectible en un avenir meilleur, une absence de cynisme et une humanité profonde et régénérante. Artiste brillant, il multiplie les trouvailles de mise en scène et pioche dans la culture populaire pour de jolis clins d’œil. »
Le Blu-ray
[5/5]
C’est naturellement sous les couleurs de Warner bros. que vient de débarquer Ready player one sur support Blu-ray. Côté image, c’est sans surprise que l’on constatera que Warner a de nouveau livré un travail sur l’image tout simplement somptueux et irréprochable, à l’exception peut-être d’une séquence ou deux affichant une légère perte de définition. Néanmoins, l’ensemble est assez époustouflant, ce qui est d’autant plus remarquable que le film de Steven Spielberg utilise par moments une granulation plus accentuée que sur d’autres séquences (la séquence se déroulant dans l’Overlook Hotel de Shining notamment affiche un grain plus notable). Par ailleurs, le piqué, les contrastes, les couleurs, sont littéralement au taquet pour flatter nos mirettes : c’est tout simplement magnifique, sublime. Pour ce qui est du son, VF et VO s’offrent des mixages en Dolby Atmos, qui seront décodées en l’absence de matériel adéquat en Dolby TrueHD pour la VF et en Dolby Digital + pour la VO ; vous l’aurez donc compris : faute de place sur le Blu-ray pour héberger deux pistes en Dolby TrueHD, la branche française de Warner bros. fait donc aujourd’hui à nouveau l’effort de privilégier le « gros » son pour la piste francophone, ce que devraient logiquement apprécier les consommateurs de l’hexagone. Ce n’est pas la première fois que Warner fait le choix de privilégier la piste son française, mais cela fait toujours plaisir de constater que l’éditeur ne se contente plus, comme il a pu le faire par le passé, de simplement recycler la galette américaine pour le marché français. Bien sûr, les fans de VO râleront peut-être un peu, mais on ne peut que saluer le boulot éditorial et technique proposé ici par Warner. Niveau rendu acoustique, bien sûr, les deux pistes audio proposent une immersion de dingue, avec des effets multicanaux constants, puissants, spatialisés avec une finesse incroyable et proposant plus que jamais un vrai rendu cinéma à la maison. Époustouflant !
Du côté des suppléments, le Blu-ray de Ready player one contient, comme d’habitude avec Warner, un ensemble de featurettes très complet et passionnant, composant mis bout à bout (on notera d’ailleurs la possibilité de tout visionner d’une traite via une fonction « play all ») rien de moins qu’un making of d’une durée de presque deux heures (1h57), ayant la particularité de proposer un ton très équilibré entre le « promotionnel » et le purement « informatif ». On reviendra donc tout d’abord sur le bouquin d’Ernest Cline à l’origine du film, et de l’attachement des membres de l’équipe à l’esthétique des années 80. Le deuxième module, qui s’avère également le plus long (57 minutes), nous proposera quant à lui exploration en profondeur de tout le film, en commençant par l’adaptation du roman pour le grand l’écran, et en s’attardant ensuite sur les représentations visuelles de l’Oasis et du monde réel proposées par le film ; on reviendra également sur la conception des costumes et des accessoires, les différents « avatars » des héros et le tournage en « performance capture ». Une large part est également accordée à la photo du film, signée Janusz Kamiński. Le module suivant, d’une durée de 25 minutes, reviendra en long, en large et en travers sur les effets spéciaux du film, extrêmement complexes, ainsi que sur la possibilité pour Steven Spielberg d’effectuer une prévisualisation des rushes en réalité virtuelle. On s’attardera ensuite sur le sound design du film (ou comment créer les foisonnants éléments sonores qui peuplent le film, autant que la recréation de certains sons « cultes »), ainsi que sur la musique signée Alan Silvestri, inspirée et aussi créative que le film en lui-même. On terminera ensuite avec un entretien avec Ernest Cline et Tye Sheridan, qui discutent du film sur le mode « détendu » lors d’une avant-première. Le tout est naturellement proposé en Haute Définition et VOST : aussi passionnant qu’indispensable !