Rambo : Last blood
États-Unis : 2019
Titre original : –
Réalisation : Adrian Grunberg
Scénario : Matthew Cirulnick, Sylvester Stallone
Acteurs : Sylvester Stallone, Paz Vega, Sergio Peris-Mencheta
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h41
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 25 septembre 2019
Date de sortie DVD/BR : 25 janvier 2020
Rambo est désormais installé dans l’Arizona où il mène une vie tranquille dans son immense ranch. Il partage sa vie avec la famille qu’il s’est choisie, Maria et sa petite-fille Gabriela, auprès de qui il se sent entouré et apaisé. Mais Maria part en secret au Mexique sur les traces de son père biologique. Là-bas, elle est kidnappée par un gang de narco-trafiquants pratiquant aussi la prostitution. Rambo part à sa recherche…
Le film
[3,5/5]
Avec Rocky Balboa en 2006, Sylvester Stallone, alors âgé de 60 ans, avait orchestré le début d’un changement radical dans son image. Si les amateurs de gros bourrinage sans âme avaient alors crié au chant du cygne geignard et mou, le film avait été à l’époque quasi-unanimement encensé par la critique internationale, et s’était également offert un joli succès public. On avait alors pensé que Sylvester Stallone aurait dès lors tenté d’entamer une nouvelle carrière, plus humble, plus sensible, au cœur de laquelle il questionnerait son statut d’icône et le mettrait en balance avec son propre vieillissement, comme l’avait fait Clint Eastwood au détour de quelques chefs d’œuvres. C’était mal connaître le bonhomme, qui respecte son public et sait ce qu’il lui doit, qui a préféré aborder ce retour à l’humain à travers plusieurs films de « transition », ne le mettant plus forcément en vedette, mais privilégiant une idée de famille, de transmission d’une génération à une autre – des thématiques que l’on retrouvera en filigrane dans des films tels que la série des Expendables, des Évasion et bien sûr dans la saga Creed, qui prendrait le relais de celle consacrée à Rocky.
Dans le cas de la série Rambo, la nature même du personnage de John Rambo rendait impossible ce retour à l’authenticité et aux valeurs familiales en un seul et même film. Décision fut donc prise de lui offrir un dernier baroud d’honneur avant son retour aux États-Unis, et ce fut le cas avec l’époustouflant John Rambo (2008), qui prenait le temps de redéfinir son héros, de le projeter dans une réalité éloignée mais tangible, que le spectateur découvrait grâce à des images réelles de tortures commises par l’armée Birmane. Se cachant derrière un nihilisme de façade (« J’emmerde çi, j’emmerde ça… »), le personnage incarné par Sylvester Stallone finirait par comprendre et accepter enfin sa véritable nature, celle que lui avait révélé Trautman dans Rambo III (« War is in your blood »). Il comprendrait donc dans la douleur qu’il n’arrive à s’épanouir qu’au combat, et ne parvient à apaiser les conflits intérieurs qui le déchirent que par la violence : un triste constat qu’il fera après avoir massacré quatre pirates birmans dans un éclair de colère et de rage guerrière, le visage déformé par la haine et les yeux fous. Ce qui avait le plus surpris le public au cœur de cet épisode, c’était son incroyable violence, qui plongeait le spectateur au-delà de toute mesure raisonnable dans la barbarie et les séquences de tuerie, qui s’avéraient d’une brutalité extrême, sans concessions, très éloignée de la violence « cartoon » du deuxième et surtout du troisième épisode de la saga. Les corps explosaient, les membres déchiquetés volaient, on violait les femmes et on brûlait ou éventrait les enfants. Stallone décrivait l’enfer dans John Rambo, et y plongeait intégralement son personnage, pour une ultime immersion dans les flammes purificatrices avant le retour au bercail qui débarquait juste avant le générique final : Rambo y revenait au ranch qui l’avait vu naître et grandir.
Le terrain était donc posé pour un cinquième opus de la saga Rambo qui permettrait à Stallone de revenir sur les thématiques qui lui sont les plus chères depuis une quinzaine d’années : famille, transmission, vieillissement. La difficulté de l’exercice était de traiter ces thèmes intimistes tout en donnant aux fans purs et durs de la saga ce qu’ils ont envie de voir. Sylvester Stallone et son coscénariste Matt Cirulnick y parviennent bon gré, mal gré, même si cela nécessite un démarrage lent qui mènera finalement, dans les vingt dernières minutes, à l’explosion de violence et de brutalité attendue. Récit de vengeance en mode « diesel », Rambo : Last blood nécessitait d’introduire une série de nouveaux personnages et de nouveaux enjeux narratifs, tout en posant les bases d’un nouvel environnement de façon relativement crédible (même si l’existence des tunnels sous le ranch est uniquement justifiée par le fait que Rambo « aime creuser… et est un peu barré »), et en gardant à l’esprit que le personnage de Rambo ne verse jamais le premier sang. Pour pallier à l’absence d’action durant la première heure du film, Stallone choisit de réintroduire le personnage de Rambo dans une scène de tempête en forêt, qui fera écho non seulement au premier film mais adressera également un petit clin d’œil aux fans de longue date de la saga, puisque le scénario original de Rambo IV longtemps resté dans les limbes du « Development Hell » tournait également – en partie – autour d’une catastrophe naturelle menaçant le ranch de notre vaillant soldat.
Pour autant, Rambo : Last blood souffre tout de même d’une structure très déséquilibrée, et ne décollera réellement que dans ses vingt-cinq dernières minutes qui, pour le coup, livrent vraiment le grand spectacle barbare attendu. Lors du massacre perpétré par Rambo au Mexique dans la villa du tortionnaire de sa fille de cœur (Óscar Jaenada), on croit même apercevoir se former un sourire sur ses traits, comme si le fait de s’épanouir dans la violence lui redonnait vie. Le tout dernier acte du film, mettant à feu et à sang le ranch de Rambo, renoue d’ailleurs avec le côté jouissif des films d’exploitation des années 70 : avec ses tunnels remplis de pièges mortels, sa propension à en rajouter dans la cruauté (avec un Rambo se régalant à cribler de balles les cadavres) et son bodycount décollant en flèche, Rambo : Last blood s’achève finalement sur une note particulièrement réjouissante, qui nous fera en grande partie fermer les yeux sur les défauts de l’heure qui précédait.
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est Metropolitan Vidéo qui permettra donc aujourd’hui aux fans et aux retardataires de voir et revoir Rambo : Last blood sur support Blu-ray, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’éditeur a vraiment soigné sa copie niveau master. L’image est sublime, la définition est d’une précision à couper le souffle, nous offrant un piqué réellement impressionnant, mettant en valeur les effets visuels du film – réussis – sans faire de cadeaux à Sylvester Stallone, qui ne peut pas réellement cacher ses 73 ans. Les couleurs et surtout les noirs ne dépareillent pas, et contribuent à proposer une immersion totale dans le film. Côté son, la VF et la VO sont toutes deux proposées en DTS-HD Master Audio 7.1, et dont preuve d’une ampleur et d’un dynamisme échevelé, avec une spatialisation aussi riche que fine, des effets dans tous les coins et un rendu parfaitement et définitivement enveloppant : du très beau travail acoustique.
Côté suppléments, on se régalera surtout d’un très intéressant making of (50 minutes), qui reviendra de façon chronologique sur le développement de la production. On y reviendra de façon très approfondie sur le changement de tonalité du récit, ainsi que sur le côté presque documentaire concernant la traite des femmes au Mexique, le réalisateur Adrian Grunberg ayant passé de nombreuses années dans ce pays. Stallone y reviendra par ailleurs largement sur l’idée de « transmission » qui occupe sa carrière ces dernières années, non seulement à travers les thématiques abordées par ses films, mais également sur le plateau, l’acteur s’efforçant de transmettre ses connaissances et son expérience de metteur en scène au profit de l’équipe et du film. Il avouera également que Rambo : Last blood n’est pas un film pour les enfants, mais là pour le coup, vous l’auriez compris par vous-mêmes. On reviendra ensuite sur la musique du film à travers un entretien avec Brian Tyler (17 minutes), qui reviendra sur son travail, qu’il conçoit non seulement pour coller aux images du film, mais également pour la personne qui choisira d’écouter la bande-originale sans support visuel. Modeste, il évoquera également le défi que représente le fait d’intégrer le travail de Jerry Goldsmith dans sa partition. On terminera avec la traditionnelle bande-annonce.
On notera également que le Blu-ray de Rambo : Last blood édité par Metropolitan Vidéo est présenté dans un superbe Steelbook aux couleurs du film.