Preacher – Saison 2
États-Unis : 2017
Titre original : –
Créateurs : Sam Catlin, Evan Goldberg, Seth Rogen
Acteurs : Dominic Cooper, Joseph Gilgun, Ruth Negga
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 11h00 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 17 janvier 2018
Au premier coup d’œil, le révérend Jesse Custer n’a rien de spécial. Après tout il n’est qu’un homme d’église d’une petite ville, perdant peu à peu ses fidèles et laissant s’éteindre sa foi. Mais il va bientôt avoir la preuve que Dieu existe bel et bien. Et qu‘« IL » est un sacré fils de… Avec sa petite-amie Tulip et un vampire nommé Cassidy, le voilà parti sur les routes américaines pour le trouver…
La saison
[5/5]
Si elle s’écartait volontairement de la trame de road movie déjanté que l’on avait découvert dans les comic-books, la brillante première saison de Preacher a su profiter de sa relative unité de lieu pour construire et développer ses personnages, légèrement différents de ceux imaginés il y a vingt ans par Garth Ennis et Steve Dillon, et plonger le spectateur dans cet univers à l’ambiance teintée de mysticisme et de provocation outrancière typique de « l’esprit » des sales histoires imaginées par Garth Ennis.
Si l’on considère que la première saison du show se terminait grosso merdo là où commençait la trame des comics, la deuxième saison de Preacher, disponible aujourd’hui en coffrets Blu-ray et DVD chez Sony Pictures, devrait fort logiquement un peu réconcilier les fans de l’œuvre d’Ennis et Dillon ayant été déçus par la saison inaugurale. D’un autre côté, il faut savoir garder à l’esprit que chaque adaptation est en quelque sorte une trahison du matériau original ; du côté de la culture populaire, ce ne sont pas Stephen King, Arthur C. Clarke, Philip K. Dick, John Wagner ou encore Mark Millar qui nous affirmeraient le contraire. Ainsi, quand on se lance dans le visionnage de Preacher, il semble à priori que le spectateur, même s’il connaît la BD sur le bout des doigts, soit pertinemment conscient qu’il ne verrait pas une « transposition » de la page à l’écran, mais bel et bien une adaptation. Seth Rogen déclarait d’ailleurs récemment à ce sujet : « Ça m’agace quand les gens me demandent pourquoi la série est différente des comics. On sait pourquoi on l’a fait. On l’a fait pour de bonnes raisons et Garth (Ennis) a été partie prenante du développement. » Et on l’a déjà dit l’année dernière, mais il nous semble bien que le boulot d’adaptation (non seulement au médium, mais également au budget et à l’époque – dans le sens où voir débarquer une telle série sur le petit écran aurait été inimaginable il y a ne serait-ce que dix ans) réalisé par les showrunners Sam Catlin, Evan Goldberg et Seth Rogen tienne littéralement du miracle, dans le sens où même si la série et les comics sont différents, les deux affichent le même esprit frondeur de sale gosse lâchant jurons et énormités dans le but d’amuser la galerie.
Mais revenons à nos moutons – on évoquait le fait que les fans déçus, ceux ayant largement déversé leur bile sur les réseaux sociaux lors de la diffusion de la première saison, retrouveront sans doute un peu leurs petits durant cette deuxième saison. En effet, les fondamentaux jusqu’ici laissés de côté reprennent leurs droits dès le premier épisode : place au road movie, place aux courses poursuites (Jesse, Tulip et Cassidy sont poursuivis par tout le monde), et place aux personnages cultes ! Parmi ceux-ci, on retrouvera le Saint des Tueurs bien sûr, nettement mis à l’honneur durant cette saison, mais également Tronchdecul (en enfer), Herr Starr et le Graal, John Wayne… Quelques-uns d’entre eux manquent toujours à l’appel, mais l’avenir nous dira s’ils interviendront ou pas dans les intrigues à venir – tout reste possible, d’autant que l’on commence seulement à explorer durant cette saison le passé « familial » de Jesse et des L’Angelle. D’ailleurs, le dernier épisode de la saison annonce explicitement [ATTENTION SPOILERS] l’arrivée du personnage de Marie, la grand-mère de Jesse, qui fera fort probablement son apparition dès le premier épisode de la saison à venir… [FIN DES SPOILERS]
A l’occasion de sa deuxième saison, Preacher aborde donc une légère « mutation », avec des personnages constamment en mouvement et non une intrigue uniquement centrée sur l’église et la ville d’Annville. Délaissant la construction à évolution lente qui caractérisait la première saison du show (qui n’empêchait aucunement les épisodes de s’enchainer à vitesse grand V), la deuxième saison joue la carte de la fuite en avant. Paradoxalement, il faudra trois ou quatre épisodes afin que le show regagne une intensité comparable à celle de la saison précédente, mais une fois lancée, la saison enchaine les épisodes qui, malgré leurs 45 minutes au compteur, n’en paraitront à tout que casser que 20 à 25 du côté du ressenti du spectateur, au point qu’il se dise régulièrement « déjà ? » une fois que débarque le générique de fin. Provocation, humour graveleux, violence excessive : la quête de Dieu du trio Jesse / Cassidy / Tulip, riche en rebondissements et en nouveaux personnages, continue donc de se dessiner de façon très différente au cœur d’un show décidément incontournable.
Le coffret Blu-ray
[4,5/5]
Côté technique, une fois encore, Preacher – Saison 2 en Blu-ray, c’est du lourd niveau haute définition. Sony Pictures nous propose un coffret doté de quatre galettes Blu-ray à l’image splendide, affichant des contrastes impeccables et une définition exemplaire. Les 13 épisodes de la saison s’imposent donc d’eux-mêmes avec un rendu visuel de toute beauté et d’une classe absolue, et un piqué ne cessant de briller par sa précision. Les couleurs sont bien saturées, et lors des nombreuses et indispensables séquences nocturnes, les noirs affichent une densité et une profondeur abyssale. Côté son, et vu son côté carrément décomplexé, la série propose une spatialisation très dynamique et démonstrative en matière de mixage multicanal. La scène arrière est omniprésente, distillant des ambiances en tous genres, et les frontales se déchaîneront littéralement lors des passages les plus spectaculaires. VF et VO sont mixées en DTS-HD Master Audio 5.1, et affichent toutes deux un paysage sonore redoutablement immersif, sollicitant parfaitement chacune des 5 enceintes, avec un découpage judicieux des voix et des ambiances. Du grand Art.
Du côté des suppléments, c’est un peu moins fourni que sur la saison précédente en revanche : on trouvera seulement une featurette concentrée sur le tournage et les chorégraphies des scènes d’action avec John Koyama, qui s’accompagne d’un amusant bêtisier. Court mais plaisant !