Preacher – Saison 1
États-Unis : 2016
Titre original : –
Créateurs : Sam Catlin, Evan Goldberg, Seth Rogen
Acteurs : Dominic Cooper, Joseph Gilgun, Ruth Negga
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 8h00 environ
Genre : Série TV, Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 26 octobre 2016
Au premier coup d’oeil, le révérend Jesse Custer n’a rien de spécial. Après tout il n’est qu’un homme d’église d’une petite ville, perdant peu à peu ses fidèles et laissant s’éteindre sa foi. Mais il va bientôt avoir la preuve que Dieu existe bel et bien. Et qu’« IL » est un sacré fils de… Avec sa petite-amie Tulip et un vampire nommé Cassidy, le voilà parti sur les routes américaines pour le trouver…
La saison
[5/5]
Régulièrement annoncée, toujours annulée, l’adaptation filmée de Preacher, le comic-book culte de Garth Ennis et Steve Dillon, aura pris son temps pour arriver sur nos écrans. C’est d’ailleurs finalement pour la télévision que le miracle s’est produit, avec une première saison de dix épisodes écrits sous la houlette de Sam Catlin, Evan Goldberg et Seth Rogen, et sous la supervision des auteurs des comics originaux, crédités en tant que producteurs exécutifs.
« Non, mais attends, j’ai bien lu, là ? Il a écrit MIRACLE ? »
Oui, si l’on considère les aléas qu’aura pu subir ce projet si souvent tombé dans les limbes du « development hell » depuis une vingtaine d’années, la série Preacher telle qu’elle nous arrive aujourd’hui est un véritable miracle. Bien sûr, les aficionados de l’œuvre graphique d’Ennis et Dillon crieront peut-être au scandale en découvrant les très nombreuses modifications opérées par Evan Goldberg et Seth Rogen sur l’intrigue de la série (abandon du « road movie », changement de background pour Jesse, Tulip et Tronchedecul, etc, etc – les différences sont légion, dénotant d’une réelle volonté des auteurs d’adapter la série de comics à son nouveau médium), mais le fait est que les personnages que nous adorons sont presque tous là (on en garde tout de même sous le coude pour les saisons à venir). La série TV conserve aussi et surtout le ton irrévérencieux, l’humour très noir et la « cool attitude » de cette série née, tout comme le label Vertigo (la branche « adulte » de DC Comics), du succès et de la liberté de ton de comics « trash » et décomplexés des années 90, tels que les séries Heavy Metal Judge Dredd (John Wagner / Simon Bisley) ou Lobo : The last Czarnian (Alan Grant / Simon Bisley), ou encore de l’explosion de cinéastes tels que Quentin Tarantino ou Kevin Smith.
Formellement, les auteurs de Preacher ont opté pour un pragmatisme relativement sobre et réaliste, délaissant les délires SF de Steve Dillon dans la représentation du paradis ou des démons. Cela n’empêche pas la série d’afficher une classe visuelle assez imparable, avec des mentions écrites qui claquent et un design général assez impressionnant pour la ville d’Annville. Les scènes d’action se succèdent et s’avèrent parfois assez géniales (l’affrontement entre le trio Fiore / Deblanc / Jesse et l’archange dans le sixième épisode est assez monumental), l’humour est très présent et on retrouvera régulièrement les outrances chères au comic-book, avec des dérives « gore » ou des gags d’une vulgarité salvatrice. D’une manière générale, le rythme des épisodes de Preacher est d’ailleurs tout à fait bluffant : il ne sera pas rare qu’une fois le générique de fin arrivé, le spectateur regarde sa montre en se disant « wow, déjà fini ? ». Vous en conviendrez, il s’agit là d’une chose extrêmement rare…
La fin de la saison arrive donc à vitesse grand V, et c’est la mort dans l’âme que le spectateur devra attendre la diffusion de la deuxième saison en 2017, d’autant que la saison s’achève sur un événement-clé… du tout premier comic-book (les initiés comprendront). Les auteurs ayant pris de larges libertés avec la trame des comics, on ne sait d’ailleurs pas réellement à quoi s’attendre pour les épisodes à venir. Les amoureux de Preacher en sont d’ailleurs finalement aux anges, puisque la série donne finalement l’impression de prolonger des comics dont le dernier numéro remonte à plus de quinze ans. Quel pied !
Pour ceux qui auraient encore des doutes quant à l’immense réussite du show créé par Sam Catlin, Evan Goldberg et Seth Rogen, voici ce que déclarait récemment Garth Ennis, créateur du comic-book, à nos confrères d’Entertainment Weekly : « Steve Dillon et moi même sommes très heureux de voir Preacher tourné pour la TV, ce qui semble bien plus naturel pour cette histoire qu’un film de deux heures. À eux deux, Sony TV et AMC ont offert aux téléspectateurs deux de mes shows préférés : Breaking bad et Mad men, et c’est exactement le genre d’engagement créatif et de courage dont Preacher a besoin. De toute évidence, cela a pris un certain moment, mais Ken Levin, aidé de Neal Moritz et de son équipe ont refusé d’abandonner, bien après que je sois même devenu sceptique, et leur enthousiasme sans faille pour le projet nous a amenés là on nous devons être. Je suis particulièrement impressionné par le fait que Seth Rogen, Evan Goldberg et Sam Caitlin comprennent parfaitement Preacher, ce qui signifie qu’ils l’interprètent pour ce qu’il est, et non une vague approximation. L’un dans l’autre, il semble que Preacher peut être maintenant adapté à la télévision d’une façon que je n’aurais pas précédemment pensée possible, et j’apprécie beaucoup que Steve et moi ayons été inclus dans les discussions de la façon dont nous l’avons été ».
Le coffret Blu-ray
[5/5]
C’est naturellement sous les couleurs de Sony Pictures que débarque cette première saison de Preacher, dont les dix épisodes sont dispatchés sur trois Blu-ray. Niveau transfert, les galettes Haute Définition proposées par l’éditeur sont littéralement impeccables, voire même somptueuses : piqué d’une précision absolue, profondeur de champ au taquet, encodage sans problème malgré beaucoup de séquences tournées de nuit… Les couleurs sont éclatantes, et les noirs sont profonds sans jamais paraître « bouchés » : c’est du grand Art. Côté son, la VO est encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, et propose un mixage très solide, sachant se révéler vraiment fin et efficace, en plus d’être bien bourrin durant les scènes d’action. La VF en Dolby Digital 5.1 est naturellement un peu en deçà en termes de rendu sonore, mais demeure très immersive, d’autant que le doublage est très soigné.
Côté suppléments, on trouvera une large sélection de scènes coupées et/ou étendues, disponibles sur presque tous les épisodes de la saison. L’éditeur ajoute à cela une sélection de featurettes très riches et intéressantes, revenant sans la moindre langue de bois sur la mise en chantier chaotique de la série, et les différentes tentatives depuis 1998 pour porter Preacher à l’écran. On reviendra également sur les diverses cascades du show, sur la géniale scène d’affrontement à la tronçonneuse ou encore sur le personnage du Saint des tueurs, qui devrait fort logiquement voir son temps de présence à l’écran considérablement augmenter durant la deuxième saison.