Police fédérale, Los Angeles – Édition « Ultra Collector »
États-Unis : 1985
Titre original : To live and die in L.A.
Réalisateur : William Friedkin
Scénario : William Friedkin, Gerald Petievich
Acteurs : William Petersen, Willem Dafoe, John Pankow
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h56
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 7 mai 1986
Date de sortie DVD/BR : 6 décembre 2017
Jim Hart n’est plus qu’à trois jours de la retraite. Avant de partir, ce flic intègre et respecté de tous s’est donné pour dernière mission de mettre sous les verrous Rick Masters, un faux-monnayeur sans pitié qui règne sur Los Angeles. Mais il échoue et est abattu de sang froid. Dévasté par le chagrin, son coéquipier Richard Chance jure de venger celui qu’il considérait comme son meilleur ami. Pour faire tomber Masters, il n’hésitera pas à franchir les limites de la légalité, entraînant avec lui son nouveau coéquipier John Vukovich…
Le film
[5/5]
La carrière de William Friedkin a beau être jalonnée de chefs d’œuvres, Police fédérale, Los Angeles, est probablement le plus fascinant, et, même s’il a probablement moins marqué de son empreinte la culture populaire qu’un film tel que L’exorciste, celui provoquant chez le spectateur le souvenir le plus marquant et le plus durable. Sorti sur les écrans en 1985, ce polar hardcore est le fruit vénéneux d’une certaine époque durant laquelle Friedkin, encore largement auréolé par les cartons publics et critiques de French connection (1971), de L’exorciste (1973) ou encore de Cruising (1980), n’avait plus rien à prouver à personne, et se laissait aller à la tentation de la bande hargneuse et jusqu’au-boutiste, balancée comme un uppercut à la face du public.
A cette époque bénie, Friedkin tentait également l’expérimentation formelle et prenait le contrepied de sa saga French connection en imposant une stylisation extrême et une mise en scène ultra-spectaculaire (incluant ce qui restera probablement pour bien longtemps la meilleure poursuite automobile de toute l’histoire du cinéma) qui s’avère bel et bien au service du réalisme le plus cru et le plus brutal qui soit, Police fédérale, Los Angeles proposant au final pour le spectateur une immersion totale et documentée en territoire de gangs à L.A, Friedkin ayant poussé le « vice » jusqu’à embaucher de vrais taulards (des vrais, des tatoués) pour les séquences de prison.
Et si Police fédérale, Los Angeles demeure encore aujourd’hui une œuvre aussi grandiose, malgré le fait qu’elle soit stylistiquement très ancrée dans son temps (les années 80, tous bandanas fluo dehors), c’est sans aucun doute grâce au nihilisme forcené et à la puissance qui s’en dégagent, qui s’avèrent également peut-être bien liés de près à la prestation intense et ambiguë de William Petersen, qui noue au fil du film une trouble relation homo-érotique avec son rival Willem Dafoe, et avait donné l’illusion, l’espace de deux putains de films (celui-ci et le Manhunter de Michael Mann), d’avoir trouvé un nouvel acteur de la trempe d’un Mel Gibson. Malheureusement, nos espoirs seront déçus par la suite, sa carrière trente ans après le film de Friedkin se résumant principalement au rôle récurrent de Gil Grissom dans la série Les experts (série sur laquelle il retrouverait d’ailleurs William Friedkin en tant que réalisateur en 2007).
Le coffret Blu-ray
[5/5]
Police fédérale, Los Angeles est déjà le huitième titre à intégrer les « Éditions ULTRA COLLECTOR », prestigieuse collection de Blu-ray débutée il y a deux ans par Carlotta Films avec la sortie de Body double. Il s’agit d’une édition limitée, numérotée à 3000 exemplaires, dont le visuel a été créé exclusivement pour cette édition par le talentueux Chris Thornley, alias Raid71. On notera donc d’entrée de jeu la classe absolue de cet imposant coffret, contenant un gros livre de 160 pages intitulé «Éloge du faux-semblant », passionnant ouvrage rédigé par un collectif de critiques et réalisé en association avec la revue La septième obsession, et contenant également une quarantaine de photos d’archives. Le livre est présenté comme un vrai livre de cinéma, avec une belle couverture cartonnée, glissé dans un étui à l’italienne. On a donc entre les mains un véritable et bel objet de collection, auquel l’éditeur rajoutera, bien sûr, quelques suppléments sur le Blu-ray du film.
Dès les premiers plans, on constatera que le boulot de restauration sur Police fédérale, Los Angeles a été fait avec grand soin : le bond qualitatif par rapport à l’édition DVD de 2005 est vraiment saisissant, de même que par rapport au Blu-ray édité par MGM en 2010 aux États-Unis. Le grain d’origine a été préservé, le piqué est d’une belle précision, et les couleurs hyper saturées du film sont respectées à la lettre. En deux mots comme en cent, on est en présence d’un magnifique Blu-ray, que l’on suppose similaire à ceux sortis début 2017 chez Shout! Factory aux USA et Arrow au Royaume-Uni : du tout bon, même si l’on pourra déplorer la présence de quelques points blancs occasionnels et de légers fourmillements en basse lumière. Côté son, c’est la classe également : VF et VO sont disponibles dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 respectant parfaitement le dynamique rendu d’origine, les dialogues sont retranscrits de façon parfaitement claire, et la musique de « Wang Chung » retrouve une nouvelle jeunesse.
Au rayon des bonus, Carlotta a mis les petits plats dans les grands, même si les possesseurs des éditions Shout! Factory ou Arrow évoquées quelques lignes plus haut ne seront pas vraiment dépaysés : en effet, l’éditeur recycle l’intégralité des suppléments produits par l’éditeur américain, en les agrémentant naturellement de sous-titres français pour l’occasion. On commencera donc avec un commentaire audio de William Friedkin, qui sera habilement complété par un passionnant making of d’une trentaine de minutes. Les amoureux du film se rueront également sur une intéressante scène coupée (4 minutes) et sur la fameuse fin alternative (9 minutes). Mais ce n’est pas tout, puisque la riche interactivité de la galette nous propose également de formidables entretiens avec les acteurs William Petersen, Debra Feuer et Dwier Brown, ainsi qu’avec certains membres de l’équipe technique (Jack Hues et Nick Feldman du groupe « Wang Chung », Buddy Joe Hooker pour les cascades). On terminera avec un anecdotique spot radio et les traditionnelles bandes-annonces. Bref, cette édition « Ultra Collector » de Police fédérale, Los Angeles impose une richesse éditoriale rare, même si l’on regrette (un peu) que Carlotta n’ait pas ajouté d’analyse « maison » en vidéo de la part de critiques célèbres et passionnants tels que, par exemple, Christophe Gans ou Nicolas Boukhrief, qui écrivaient tous deux pour Starfix à l’époque de la sortie du film – cela aurait été tout particulièrement intéressant d’entendre Boukhrief s’exprimer sur le film de Friedkin, surtout quand on sait que son film Gardiens de l’ordre (2009) s’inspirait très largement de l’intrigue de Police fédérale, Los Angeles…