Poesía sin fin
France, Chili : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Alejandro Jodorowsky
Scénario : Alejandro Jodorowsky
Acteurs : Adan Jodorowsky, Brontis Jodorowsky, Leandro Taub
Éditeur : Blaq Out
Durée : 2h08
Genre : Drame, Fantastique
Date de sortie cinéma : 5 octobre 2016
Date de sortie DVD/BR : 13 novembre 2017
Dans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, « Alejandrito » Jodorowsky, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est introduit dans le coeur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement…
Le film
[4,5/5]
« Poesía sin fin commence là où La danza de la realidad se termine. On revoit d’ailleurs des images de ce final, comme si Jodorowsky voulait nous rappeler l’ambiance de son film précédent ; il faut dire que l’on replonge tout de suite dans ce temps qui semble n’appartenir à aucune époque. On y retrouve le père qui veut paraître violent, la mère qui ne parle qu’en chantant, leur fils Alejandro, le nain déguisé (cette fois-ci en Hitler) qui attire les clients dans leur boutique de tissus … Le décor n’est pas une reproduction détaillée d’une époque révolue, comme on le verrait dans un film hollywoodien. Pour des raisons que l’on devine techniques (le budget du film est assez bas), mais surtout artistiques : ce faisant, Jodorowsky nous annonce ce qui nous attend – non pas une reproduction fidèle de la réalité, mais une vision théâtrale, purement poétique, de sa jeunesse.
Poésie qui, comme peut le laisser deviner le titre, est le thème central du film. En effet, alors que l’on aurait pu s’attendre à un récit de sa vie d’adolescent/jeune adulte, le réalisateur veut seulement raconter comment il est devenu ce qu’il avait toujours voulu être : non pas médecin, comme le voulait son père, mais poète. On ignore totalement l’âge du protagoniste, qui est joué par deux acteurs différents : un qui semble avoir 15 ans, l’autre qui semble en avoir 35. Preuve de plus qu’ici le temps « réel » n’est pas important. (…)
Vous l’aurez compris, Poesía sin fin est un concentré d’imaginaire pur, de philosophie, de poésie, bref un film à l’image de son auteur : généreux et génial. La bonne nouvelle ? Il envisage plusieurs suites à cette autobiographie magique … Ainsi qu’une suite à El topo, « les enfants d’El Topo ». A 87 ans, Alejandro Jodorowsky n’a pas perdu le goût de la création cinématographique, bien au contraire ! »
Extrait de la critique de notre chroniqueur Nicolas Santal. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien.
Le Blu-ray
[5/5]
Poesía sin fin est non seulement proposé dans un joli digibook qui ravira les collectionneurs, mais le Blu-ray édité par Blaq Out envoie le bois niveau image. Le master est sublime avec un grain superbement préservé, un très beau piqué pour un niveau de détail nous permettant d’admirer en profondeur le moindre détail des plans furieux et magnifiques signés Jodorowsky. Les contrastes sont très affirmés, les noirs d’une profondeur absolue, c’est du très beau travail. Côté son, seule la VO est proposée en DTS-HD Master Audio 5.1, et propose un bon confort d’écoute, un bon dynamisme, bref une immersion absolue, surtout lors des passages les plus fous du film, qui en envoient littéralement plein les canaux et plein les oreilles.
Rayon suppléments, on aura droit à quasiment deux heures de bonus faisant la part belle aux propos du réalisateur Alejandro Jodorowsky : on commencera avec un passionnant entretien avec le cinéaste, dans lequel ce dernier se livre à quelques confidences concernant la mort, l’Art, l’Histoire et la question du « point de vue » de l’Artiste, qui s’oppose naturellement à la notion de « réalisme » ou de « réalité ». On continuera avec un formidable making of prenant la forme d’une compilation d’environ trente minutes d’images « volées » sur le tournage, et nous donnant à voir le maestro au travail. On reviendra ensuite sur le cinéma de Jodorowsky dans un sujet documentaire s’ouvrant comme un journal intime filmé (avec un Jodo s’exprimant face caméra et interpelant le spectateur), pour se poursuivre avec des entretiens revenant sur ses méthodes de travail, se situant à la croisée des chemins entre de multiples Arts. On terminera avec un extrait d’une séance de « psychomagie sociale » menée par Jodorowsky devant une salle de théâtre comble, et une espèce de petit court-métrage très poétique intitulé Alejandro Jodorowsky et les mouettes ; en deux mots comme en cent, voici donc une interactivité riche et parfaite, qui procurera beaucoup de plaisir aux amateurs du film et du cinéaste.