Plus dure sera la chute
États-Unis : 1956
Titre original : The harder they fall
Réalisateur : Mark Robson
Scénario : Philip Yordan
Acteurs : Humphrey Bogart, Rod Steiger, Jan Sterling
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h49
Genre : Drame, Thriller, Film Noir
Date de sortie cinéma : 8 septembre 1956
Date de sortie DVD/BR : 16 septembre 2020
Journaliste sportif en quête d’un scoop, Eddie Willis est contacté par le chef du « syndicat » de la boxe, Nick Benko, qui lui propose de contribuer à la promotion d’un jeune boxeur argentin, Toro Moreno. Espérant découvrir un futur champion, Willis accepte l’offre. Il ne tarde pas à déchanter. En effet, bien qu’impressionnant à première vue, Moreno boxe à peine mieux qu’un débutant. Willis comprend vite que ses combats sont truqués…
Le film
[4/5]
Quand on évoque Plus dure sera la chute, on parle souvent –à raison bien sûr– du « dernier film d’Humphrey Bogart », mais ce que l’on oublie malheureusement le plus régulièrement de souligner, c’est bel et bien la qualité du film de Mark Robson, qui s’avère un véritable petit chef d’œuvre dans son genre. Et dans quel genre, me demanderez-vous ? Difficile en effet de tout à fait rattacher Plus dure sera la chute à la riche mouvance du « Film Noir » des années 40/50, même s’il en reprend quelques éléments : noir, désabusé, porté par Humphrey Bogart qui demeure un des plus grands acteurs du genre, le film décrit également le milieu du sport professionnel comme une véritable mafia aux méthodes plus que révulsantes. Mais Plus dure sera la chute n’est pas pour autant un véritable Film Noir, et s’imposerait sans doute d’avantage comme une espèce de « film de sport », d’un genre un peu à part cela dit puisqu’il s’attache d’avantage à montrer les coulisses, les rouages pourris de la boxe aux Etats-Unis durant les années 50, que le parcours d’un athlète et des matches à proprement parler.
Et pourtant, des matches, il y en a, et pas des moindres. Impressionnants pour l’époque, au point que l’on en vient à se dire que Martin Scorsese s’est probablement inspiré du film de Robson pour son fameux Raging bull en 1980. Violence impitoyable, visages tuméfiés, les coups portés par les boxeurs de Plus dure sera la chute font du mal par où ils passent. Moderne dans sa mise en scène, le film de Mark Robson déroule son petit bonhomme d’intrigue, démontant un par un les rouages d’un sport où tout semble se jouer hors du ring. Rythmé, solide, le film prend ensuite la direction d’un dernier acte vraiment époustouflant, qui dénonce avec force toutes ces magouilles et la corruption qui pourrissent littéralement les milieux du sport. Pour ce faire, le film oppose de façon très habile deux personnages aux valeurs totalement opposées : celui d’Humphrey Bogart, vieillissant, taciturne, usé mais foncièrement honnête, rongé par une impression d’avoir « vendu son âme au diable » pour quelques billets, et celui incarné par Rod Steiger, bavard, manipulateur, cynique et vénal. Une très belle réussite.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Disponible chez Sidonis / Calysta depuis le 16 septembre, Plus dure sera la chute s’offre donc un très attendu lifting HD sur galette Blu-ray ; et pour célébrer la belle (re)découverte que constitue le film de Mark Robson, l’éditeur nous le propose dans des conditions exceptionnelles, naturellement au format 1.85 respecté et en 1080p. La photo du film, signée Burnett Guffey (Tant qu’il y aura des hommes, Ici brigade criminelle…), ne se voit pas trahie par un encodage vraiment soigné de la part de l’éditeur : le grain argentique est respecté et rend vraiment tous les honneurs à la photo noir et blanc du film. Les contrastes sont tranchants, le piqué précis, et le rendu HD est du meilleur effet : un excellent travail. Côté son, le film est proposé dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, soit en VF, soit en VO ; dans les deux cas, le rendu est clair et ne pose pas le moindre problème.
Rayon suppléments, l’éditeur nous propose deux présentations du film, assurées par Bertrand Tavernier et François Guérif. Comme d’habitude, Tavernier est beaucoup plus complet et volubile, revenant notamment sur le scénario du film, porté au crédit de Philip Yordan, mais qui n’en aurait en réalité pas signé une seule ligne. Guérif quant à lui est plus synthétique, mais souligne les immenses qualités du film avec un enthousiasme communicatif. On terminera ensuite avec la traditionnelle galerie de photos et la bande-annonce du film et des sorties récentes de la belle « Collection Film Noir » de chez Sidonis / Calysta.