Plein sud
France, Espagne : 1981
Titre original : –
Réalisateur : Luc Béraud
Scénario : Luc Béraud, Claude Miller
Acteurs : Patrick Dewaere, Clio Goldsmith, Jeanne Moreau
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h29
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 29 avril 1981
Date de sortie DVD/BR : 11 octobre 2017
Dans une rue, Carol suit un homme et attire son attention. Il s’appelle Serge Lainé et c’est le coup de foudre. Il devait partir à Barcelone avec son épouse, mais il emmènera Carol et les deux amants passeront trois jours de folle passion et d’ivresse. Arrivent alors trois personnages inquiétants et farfelus qui tentent d’enlever la jeune femme…
Le film
[3/5]
Étrange film , et étrange destin que celui de Plein sud : démonté par la critique à sa sortie, cuisant échec au box-office, le film avait même été publiquement renié par son réalisateur / co-scénariste Luc Béraud, qui rejetait la faute sur ses producteurs, qui auraient « massacré » son bébé lors du montage et de la post-production. Presque quarante ans après la sortie, Luc Béraud, qui s’exprime dans les suppléments du Blu-ray aujourd’hui édité par Gaumont, semble cependant vaguement réconcilié avec son film, même s’il n’en est toujours pas pleinement satisfait.
Avec le recul, nombreux seront les cinéphiles qui n’ont jamais entendu parler du film, et découvriront Plein sud uniquement parce qu’il propose Patrick Dewaere en tête d’affiche et que ce dernier, malgré son suicide en 1982 à l’âge de 35 ans, n’en finit pas -à raison- d’être considéré comme l’un des plus grands acteurs de sa génération. Loin des personnages de rebelles un peu sanguins en lutte perpétuelle avec la société qu’il avait l’habitude d’incarner, Dewaere interprétait ici le rôle d’un intellectuel dont la vie se verrait bouleversée par la découverte de la « passion », une passion dévorante et charnelle ressentie pour une jeune femme incarnée par Clio Goldsmith. Si ce nom ne vous dit probablement pas grand chose, c’est normal : il s’agit d’une actrice à la carrière « éclair », ayant tourné un peu moins de dix films entre 1980 et 1986 avant de disparaître totalement des écrans de cinéma. Dans Plein sud, elle campe un personnage aux motivations troubles, inculte et désagréable : un personnage franchement antipathique qui ne facilitera pas l’immersion pour le spectateur, qui se demandera pendant quasiment toute la durée du film, et malgré les explications données en voix off, ce que Dewaere fout avec une telle « connasse », et ce qui peut motiver cette passion aussi destructrice que mortifère.
Heureusement, il y a Patrick Dewaere, qui, comme à son habitude, bouffe littéralement l’écran, et parvient à rendre plus qu’humain ce personnage paumé d’intello en rupture avec son existence trop balisée. Impudique, drôle (ce coup de téléphone à José Luis López Vázquez durant lequel il est pris de fou rire, constitue probablement le meilleur moment du film), toujours sur la corde raide entre le calme et l’hystérie… Une composition comme d’habitude exceptionnelle. A ses côtés, la jeune Goldsmith paraît bien falote, et presque transparente ; au rayon des seconds rôles, Jeanne Moreau qui apparaît en dernière bobine compose un personnage scabreux aux antipodes de son image publique, tandis qu’au contraire, Guy Marchand fait du Guy Marchand, dans la peau d’un beauf dont il tirerait le meilleur quelques années plus tard dans L’été en pente douce (Gérard Krawczyk, 1987).
Le Blu-ray
[4,5/5]
Disponible chez Gaumont au sein de la vingtième vague de sa collection Blu-ray Découverte, Plein sud s’offre donc un inattendu lifting HD sur galette Blu-ray ; il s’agit du troisième film mettant en vedette Patrick Dewaere à voir le jour dans cette collection, après Coup de tête et F comme Fairbanks.
Présenté au format 1.66 respecté, en 1080p, avec la VF encodée en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine (dans un rendu clair et parfaitement équilibré), Plein sud bénéficie du savoir-faire habituel des équipes techniques de Gaumont : le piqué est d’une belle précision, le grain cinéma est bien préservé, les couleurs sont belles ; seuls les contrastes semblent varier un peu d’un plan à un autre (parfois même au sein d’une seule et même séquence), manquant tantôt de punch et s’affichant nets et tranchants le plan suivant. Dans l’ensemble néanmoins, on ne fera pas la fine bouche : la cure de jouvence dont bénéficie le film est bien réelle et assez impressionnante.
Du côté des bonus, outre la bande-annonce originale, on trouvera un entretien avec le réalisateur du film, Luc Béraud, qui revient sur ses souvenirs du film, de l’écriture au tournage, qui vit notamment naître des tensions entre les deux acteurs principaux, Patrick Dewaere et Clio Goldsmith. Le cinéaste fait également son auto-critique, puisqu’il avoue ne pas être très satisfait de son film.