Piece by Piece
États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Morgan Neville
Scénario : Brian C. Brown
Acteurs (VO) : Pharrell Williams, Morgan Neville
Éditeur : Universal Pictures
Genre : Animation, Documentaire, Biopic
Durée : 1h34
Date de sortie cinéma : 20 novembre 2024
Date de sortie DVD/BR : 2 avril 2025
Une expérience cinématographique unique qui invite le public à un voyage passionnant à travers la vie de celui qui est devenu l’emblème de la pop culture : Pharrell Williams. Au gré du prisme d’une animation LEGO®, laissez libre cours à votre imagination et assistez à l’évolution de l’un des esprits les plus innovants de la musique actuelle…
Le film
[3,5/5]
Si le phénomène ne date pas d’hier, le succès rencontré par Bohemian Rhapsody (2018, 962 millions de dollars de recettes) puis par Rocketman (2019, 206 millions) a contribué à populariser les biopics centrés sur des personnalités incontournables de la musique contemporaine, qu’elles soient mortes ou pas. Ainsi, ces dernières années, les biopics musicaux se sont multipliés : Respect (2021), Elvis (2022), Whitney Houston – I Wanna Dance With Somebody (2022), Bob Marley : One love (2023), Back to Black (2024), Monsieur Aznavour (2024)… Tous n’ont pas eu le même retentissement auprès du public, et après quelques années à enchaîner les biopics, les producteurs commencent aujourd’hui à chercher des moyens de « renouveler » le genre, ou du moins de l’emmener dans des directions inattendues. En 2025, on a donc vu débarquer dans les salles Piece by Piece, qui revenait sur la carrière de Pharrell Williams sous la forme d’un film Lego, et Better Man, qui retraçait la trajectoire de Robbie Williams en remplaçant le chanteur par un singe.
De peur qu’une certaine lassitude ne soit en train de s’installer dans l’esprit du public, les auteurs de biopics choisissent donc la voie de l’originalité. Cela dit, quand on opte pour ce genre de partis pris artistiques, le risque est peut-être que le public se focalise davantage non pas sur l’histoire en elle-même, mais sur la manière dont elle est racontée. Ainsi, en choisissant de narrer l’ascension de Pharrell Williams par le biais de briques Lego, le documentariste Morgan Neville ne prenait-il pas sciemment le risque d’amoindrir la portée strictement « documentaire » de son projet ? Après tout, Piece by Piece n’est que le cinquième film tourné intégralement en Lego1, mais il est le premier à arborer une dimension documentaire, ce qui ne paraît pas, à priori, extrêmement compatible avec les visuels forcément colorés et fantaisistes d’un film d’animation Lego. En effet, dans un monde animé en Lego, tout est possible : les lois de la physique sont abrogées, chaque élément du monde pouvant s’assembler et/ou se désassembler sous les yeux des spectateurs ; dans le même ordre d’idées, l’espace ou les profondeurs de l’océan ne sont plus des limites.
Pour autant, Morgan Neville et Pharrell Williams assument ce choix de A à Z, comme le prouve d’entrée de jeu le titre du film, Piece by Piece, le mot « piece » (morceau, pièce) faisant ici clairement écho à la brique Lego. De plus, dès les premières minutes du film, le recours aux briques colorées permet à Morgan Neville d’illustrer – non sans une certaine poésie – le concept de synesthésie, un phénomène neurologique qui permet à Pharrell Williams d’associer les notes de musique qu’il entend à des nuances de couleurs. Cette sensation est efficacement et brillamment rendue à l’image, par les cascades de briques colorées qui font rapidement comprendre au spectateur que le monde tel qu’il est perçu par Pharrell Williams n’est pas tout à fait le même que celui auquel est confronté le commun des mortels. De ce fait, l’utilisation de briques Lego prend finalement toute sa cohérence. Cette idée se confirmera tout au long du film, le format permettant non seulement de recréer des événements passés, mais également d’illustrer de façon très efficace l’état d’esprit du chanteur dans les moments de doute, ou durant les années pendant lesquelles sa carrière semblait à la dérive.
Et pour les français qui connaissent sans aucun doute moins bien la carrière de Pharrell Williams que le public d’outre-Atlantique, Piece by Piece s’avérera également un véritable nid d’informations. Si bien sûr on connaît sa collaboration avec les Daft Punk (« Get Lucky ») et son tube « Happy » (enregistré pour la bande originale de Moi, moche et méchant 2), on sait probablement un peu moins chez nous que Pharrell a travaillé avec les plus grands artistes de la pop et du rap du 21ème Siècle : Justin Timberlake, Snoop Dogg, Jay-Z, Ludacris, Gwen Stefani, Britney Spears, Madonna, Kendrick Lamar, etc. De fait, le film de Morgan Neville permet au public de prendre pleinement conscience de l’importance de ce brillant auteur-compositeur-interprète, réalisateur artistique, musicien, styliste, rappeur et producteur dans la pop de ces vingt dernières années. Car si vous pensiez ne connaître qu’une ou deux chansons auxquelles Pharrell Williams a participé, le film vous démontre à quel point vous étiez dans l’erreur. La magie de l’animation Lego fait le reste : Piece by Piece est un véritable régal pour les yeux, et s’avère capable de se montrer captivant sans avoir nécessairement recours aux dialogues.
1 Il s’agit du cinquième film Lego « officiel », après La Grande Aventure Lego (2014), Lego Batman (2017), Lego Ninjago (2017) et La Grande Aventure Lego 2 (2019). Le sixième si l’on compte L’Aventure épique (2015), un brickfilm produit sans l’accord de The Lego Group et Lego System A/S.
Le Blu-ray
[4/5]
Comme d’hab avec les Blu-ray édités par Universal Pictures, cette édition Haute-Définition de Piece by Piece envoie le bois niveau image. Le master est sublime, affichant des couleurs explosives et un très beau piqué. Le niveau de détail est excellent, les contrastes très affirmés et les noirs d’une profondeur absolue : c’est du très beau travail. Côté son, c’est également un vrai festival de dynamisme : le film nous est proposé en Dolby TrueHD 7.1 en VO, et s’impose sans peine par sa spatialisation extrêmement efficace, proposant des effets parfois surprenants, dont l’impact est encore renforcé par un caisson de basses carrément survitaminé. La répartition et le placement des voix est très subtil et le tout délivre une parfaite efficacité, c’est superbe. La VF mixée en Dolby Digital+ 7.1 n’est pas en reste, et nous propose une immersion folle au cœur du film.
Du côté des suppléments, on trouvera une featurette (3 minutes) qui permet à Pharrell Williams et Morgan Neville de revenir rapidement sur l’origine du film et de dresser une petite note d’intention.