Phoenix forgotten
États-Unis : 2017
Titre original : –
Réalisation : Justin Barber
Scénario : T.S. Nowlin, Justin Barber
Acteurs : Florence Hartigan, Luke Spencer Roberts, Chelsea Lopez
Éditeur : Marco Polo Production
Durée : 1h27
Genre : Science-Fiction, Horreur
Date de sortie DVD/BR : 21 mars 2018
20 ans après la disparition de son frère et deux de ses amis dans le désert d’Arizona, une jeune femme essaie de découvrir la vérité sur ce qui leur est vraiment arrivé. En se basant sur des témoignages et des vidéos tournées par les trois adolescents, elle découvre que leur disparition est liée aux OVNI vus dans la région…
Le film
[3/5]
Depuis le carton au box-office du Projet Blair witch en 1999, le procédé stylistique d’un cinéma « à la première personne », avec le recours à une caméra [très faussement] subjective, a été utilisé des dizaines, et même probablement des centaines de fois dans le cinéma fantastique ou d’épouvante. Il s’agit d’un artifice très en vogue, au point que beaucoup de cinéphiles considèrent aujourd’hui ce type de mise en scène, couramment appelé « found footage », comme la plaie du genre horrifique. Depuis 2010, le succès jamais vraiment démenti de la saga Paranormal activity a contribué à pérenniser ce style, et à priori, malgré un léger retrait ces dernières années, il semble que le genre du found footage ait encore de beaux jours devant lui…
Produit par Wes Ball et co-écrit par T.S. Newlin, le duo réalisateur / scénariste se cachant derrière la réussite de la trilogie Le labyrinthe, Phoenix forgotten impressionne surtout par son impressionnante rigueur technique. Bénéficiant également par sa production de l’expérience et du soin du détail de Ridley Scott (via Scott Free), ce found footage se révèle en effet crédible sur toute la ligne : alternant les passages tournés en caméra numérique ultra moderne et les nombreuses séquences tournées à l’aide de DV et autres caméscopes des années 90, le film de Justin Barber ne cherche jamais à épater la galerie avec de « jolis » plans, et garde au cœur de son récit une notion de crédibilité vraiment saisissante, refusant le crescendo dans le grand spectacle habituellement de mise dans ce genre de spectacle.
Mais, paradoxalement, c’est également cette qualité qui marquera les principales « limites » du film, qui s’imposera certes comme un excellent assemblage de films à la première personne, mais qui, comme l’impose cet exercice, perd énormément de la « grammaire » propre au cinéma en tant qu’Art (cadrages, lumières, placement de la caméra, montage, musique…), et se retrouve finalement forcément moins convaincant en tant qu’objet purement cinématographique. Néanmoins, grâce à la tension qu’il développe au fil de son récit et surtout grâce à sa courte durée, Phoenix forgotten parvient tout de même à s’imposer comme un solide représentant du genre found footage. On notera d’ailleurs que depuis la disparition de la série The X-Files – Aux frontières du réel (à qui le film fait d’ailleurs un amusant clin d’œil), le thème de la menace extra-terrestre n’est plus mis sur le devant de la scène avec la même régularité qu’avant. On espère de fait un petit regain d’intérêt pour cette thématique nous ayant offert quelques jolis films méconnus par le passé, tels que Fire in the sky (Robert Lieberman, 1993).
Le Blu-ray
[4/5]
Le Blu-ray de Phoenix forgotten proposé par Marco Polo Production rend vraiment hommage au film et à sa patine visuelle extrêmement réaliste : la galette Haute Définition fait vraiment honneur aux plans conçus par Justin Barber et son directeur photo Jay Keitel afin de nous livrer un rendu aussi « roots » que possible. Tourné en utilisant plusieurs formats de captation différents (avec une large dominance de DV crasseuse 90’s, à la définition forcément très inférieure aux passages « contemporains »), le Blu-ray propose forcément une expérience visuelle en dents de scie, mais respectant pleinement la volonté de ses auteurs. La définition est optimale, les couleurs superbes, le tout est proposé au format et en 1080p, c’est du travail éditorial superbe. Côté son, c’est également un festival avec deux pistes encodées DTS-HD Master Audio 5.1 aux rendus très similaires, permettant au cinéaste de verser dans l’atmosphérique expérimental de la plus immersive des manières. Les deux pistes son prennent toute leur ampleur dès les premières minutes du film, et ne laisseront quasiment aucun répit aux oreilles du spectateur : la spatialisation est intense, les basses se déchainent, et l’ensemble permet une immersion totale au cœur de ce véritable cauchemar filmique.
Pas de suppléments, mais on réitérera ici nos propos et notre réflexion concernant l’édition en Blu-ray et DVD de films inédits sous les couleurs de Marco Polo Production : le marché de la vidéo en France étant ce qu’il est, on affiche notre soutien sans faille aux éditeurs ayant eu le courage de se lancer dans cette aventure malgré la conjoncture : on préférera de plus toujours voir débarquer un film horrifique inédit dans une édition vidéo vierge de tout bonus que de ne pas le découvrir du tout !