Paris au mois d’août
France : 1966
Réalisation : Pierre Granier-Deferre
Scénario : Pierre Granier-Deferre, Rodolphe-Maurice Arlaud, Henri Jeanson
Acteurs : Charles Aznavour, Susan Hampshire, Michel de Ré
Éditeur : Pathé
Durée : 1h43
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 7 janvier 1966
Date de sortie DVD/BR : 24 avril 2019
Pendant que sa femme et ses enfants sont en vacances, un vendeur à la Samaritaine, resté seul a Paris, tombe amoureux de Patricia, jeune mannequin de mode…
Le film
[4/5]
Si bien sûr sa carrière compte un certain nombre de succès publics, Pierre Granier-Deferre est surtout connu de nos jours pour avoir été un des seuls réalisateurs français à s’être opposé à la Nouvelle Vague, véritable révolution dans le paysage cinématographique français, en affirmant son attachement à des films de facture plus « traditionnelle ». De fait, l’image qu’il peut véhiculer auprès des cinéphiles est celle d’un cinéma « de papa », très éloigné des errances urbaines, jazzy et/ou poétiques mises en scène par Jean-Luc Godard, François Truffaut ou Louis Malle.
Ceci établi, la découverte – ou redécouverte – de Paris au mois d’Août n’en sera que plus étonnante. Habitée par la présence de Charles Aznavour (Tirez sur le pianiste de François Truffaut, 1960) et de la britannique Susan Hampshire, dont l’accent prononcé rappellera forcément celui de Jean Seberg dans A bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1960), cette comédie romantique à base de flâneries nocturnes et poétiques, de passion contrariée et d’infidélité semble en effet sous très forte perfusion de Nouvelle Vague, et s’avère en l’état assez sidérante de la part d’un cinéaste s’étant par la suite affirmé comme le parangon d’une esthétique beaucoup plus classique, voire même désuète.
Paris au mois d’Août emportera donc le spectateur dans une espèce de tourbillon de sentiments au cœur d’une suite de moments volés dont la modernité n’aura de cesse de nous surprendre. On y découvrira par petites touches ces deux personnages se lançant dans une aventure que l’on sait condamnée à l’avance. Alternant les scènes de calme et de folie douce, peuplée de personnages hauts en couleurs et de séquences mémorables – parfois aux limites de l’expérimental – le film de Pierre Granier-Deferre trouve néanmoins son équilibre dans ce va et vient narratif le plus souvent épatant et plein de charme, dominé par les deux personnages principaux et leur refus à tout crin du train-train quotidien, le champ des possibles s’ouvrant grâce à la ville de Paris, étrangement désertée en plein mois d’Août, et où la romance peut logiquement s’épanouir au grand jour.
En résulte une magnifique histoire d’amour, délicate, tendre et drôle. Filmé en scope, doté d’une photo absolument sublime signée Claude Renoir, suivant ses personnages dans des décors formidables (qu’il s’agisse des extérieurs parisiens ou des appartements baroques et surréalistes que l’on y découvre), Paris au mois d’Août impose sans peine son rythme erratique et ses scènes les plus gonflées (à l’image de cette scène d’amour, inédite, que n’aurait pas renié Godard), d’autant que le film s’avère réellement porté par un duo d’acteurs nous proposant une alchimie plus que parfaite. Une sacrée découverte, doublée d’une sacrée surprise.
Le Blu-ray
[5/5]
L’équipage (1935), Paris au mois d’août (1966) et Fin août, début septembre (1998) sont donc les trois nouveaux films intégrant ce mois-ci les « Versions restaurées par Pathé », prestigieuse collection de digipacks cartonnés entamée il y a maintenant quelques années, et qui compte déjà quelques grands classiques du cinéma tels que Les enfants du Paradis de Marcel Carné, Paradis perdu d’Abel Gance ou encore, dans un genre assez différent, le sublime Showgirls de Paul Verhoeven.
Comme d’habitude avec Pathé, Paris au mois d’août a bénéficié d’une restauration 2K maniaque, et affiche aujourd’hui une forme insolente. L’image est resplendissante, offrant toute la beauté argentique du cinéma de l’époque, et redorant le blason esthétique d’un cinéaste un peu méprisé. A part quelques plans plus obscurs vraiment très rares, un brin parasités par un léger bruit, l’ensemble est d’une propreté et d’une stabilité assez foudroyantes. La luminosité relevée et les contrastes appuyés donnent une force incroyable aux flâneries poétiques proposées par le film, et une nouvelle jeunesse aux deux acteurs, Charles Aznavour (1924-2018) et Susan Hampshire (née en 1937). On notera également que le grain d’origine est scrupuleusement respecté, et que le piqué est d’une étonnante précision. Une réussite totale. Niveau son, Paris au mois d’août est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono), et le mixage s’avère propre et clair, restituant parfaitement les dialogues et la musique du film, et faisant preuve d’un équilibre remarquable : une bande-son qui participe parfaitement à l’impeccable ravalement de façade proposé ici par Pathé.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un passionnant sujet d’un peu moins d’une demi-heure proposant des entretiens croisés avec Erik Berchot, pianiste et ami de Charles Aznavour, Jacques Layani, écrivain spécialiste de la carrière de Pierre Granier-Deferre, et enfin Daniel Pantchenko, écrivain ayant signé – entre autres – une biographie de Charles Aznavour (mais également de Jean Ferrat, Léo Ferré ou Anne Sylvestre). L’ensemble s’avère très vivant et assez riche en anecdotes et informations intéressantes. On terminera le tour des bonus avec une sélection d’actualités Pathé (12 minutes environ), consacrées au mois d’août, à Paris ou à Charles Aznavour. Un sans-faute !
Enfin, c’est fait !…Je ne croyais jamais plus revoir cette merveilleuse romance de Pierre GRANIER-DEFERRE, d’après l’oeuvre de René FALLET. L’histoire, la mise en scène, la musique, les jeux d’acteurs (outre le couple vedette, aussi inattendu, qu’étonnement crédible, Michel de RÉ et Daniel IVERNEL renaissent, avec flamboyance, en nos mémoires). Le tout, couronné par une superbe carte postale en noir et blanc, amoureusement animée de Notre Paris des années 60 et çà, c’est inestimable.
Jolie découverte en effet ! Grâces soient rendues à Pathé d’éditer régulièrement ce genre de films de patrimoine oubliés en Blu-ray, surtout à une époque le marché de la vidéo physique est en chute libre. Une telle qualité pour un produit qu’ils ne sont même pas sûrs d’écouler à 1000 unités dans le commerce, c’est vraiment remarquable. Merci de votre commentaire Christian !
I think this is a wonderful film, I’m pleased there are subtitles to help my French, it is so beautiful to see Paris in black and white and back in 1966 with less people and cars. I lived in Paris in 1971/72 and loved being there, this has brought so many memories back I’m very happy