Papa, Maman, la bonne et moi
France : 1954
Titre original : –
Réalisation : Jean-Paul Le Chanois
Scénario : Pierre Véry, Marcel Aymé, Jean-Paul Le Chanois
Acteurs : Robert Lamoureux, Gaby Morlay, Fernand Ledoux
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h41
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 26 novembre 1954
Date de sortie DVD/BR : 6 juillet 2022
Robert Langlois tombe amoureux d’une charmante jeune fille, Catherine. Il vit chez ses parents et, s’étant fait renvoyer du stage qu’il effectuait chez un notaire, il n’ose aborder le sujet du mariage. Il s’arrange alors pour que ses parents engagent Catherine comme bonne…
Papa, Maman, ma femme et moi
France : 1956
Titre original : –
Réalisation : Jean-Paul Le Chanois
Scénario : Pierre Véry, Marcel Aymé, Jean-Paul Le Chanois
Acteurs : Robert Lamoureux, Gaby Morlay, Fernand Ledoux
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h47
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 6 janvier 1956
Date de sortie DVD/BR : 6 juillet 2022
La famille Langlois s’agrandit. En plus des parents et du jeune couple que forment Robert et Catherine, viennent s’ajouter quatre enfants. Les petits tracas du quotidien et la présence des deux paires de jumeaux rendent la cohabitation difficile…
Les plus jeunes parmi nos lecteurs ne connaissent probablement pas du tout Robert Lamoureux. Même en ce qui concerne les plus âgés, on pourrait émettre quelques doutes sur le fait que parmi nos dizaines de milliers de fidèles se trouvent encore beaucoup de cinéphiles en mesure de citer beaucoup plus que la chanson « Papa, maman, la bonne et moi », son fameux sketch de la « Chasse au canard », et bien sûr le fait qu’il ait donné naissance à trilogie de La 7ème Compagnie, saga au cœur de laquelle il s’était attribué le rôle du colonel Blanchet (« Le fil rouge, sur le bouton rouge… »).
On mesure mal aujourd’hui le succès populaire rencontré par la chanson « Papa, maman, la bonne et moi » en 1950. Celui-ci fut tel que cette dernière fut adaptée au cinéma en 1954, sous le même titre donc, Papa, maman, la bonne et moi, afin de capitaliser sur la présence à l’écran de Robert Lamoureux. Cette comédie douce-amère, qui s’avère encore assez efficace presque soixante-dix ans après sa sortie, a bénéficié du talent d’écriture de Pierre Véry, Marcel Aymé et Jean-Paul Le Chanois, qui nous dressent ici le portrait type d’une famille bourgeoise française dans les années 50.
Si le film n’évite pas l’écueil de l’enfilade de sketches ou de saynètes comiques, Papa, maman, la bonne et moi s’avère cependant suffisamment enlevé, léger et drôle pour emporter l’adhésion. Si la bienveillance est toujours de mise, l’utilisation de la voix off de Robert Lamoureux permet au film de s’offrir un contrepoint humoristique fort sur beaucoup de situations propres à souligner les écarts entre les générations ou entre les classes sociales.
Gros succès dans les salles françaises en 1954 (5,4 millions d’entrées), Papa, maman, la bonne et moi se double aujourd’hui d’un intérêt sociologique certain, dans le sens où le film de Jean-Paul Le Chanois nous en raconte beaucoup plus qu’il n’en a l’air sur ce qu’était la vie en France à l’époque du tournage du film. Une France des « Trente Glorieuses », le regard fixé vers l’avenir, tournant le dos aux restrictions des périodes de guerre, et ce bien sûr même si Papa, maman, la bonne et moi ne fermait pas les yeux devant les problèmes, notamment celui de la crise du logement, qui se trouve être au cœur de l’intrigue : c’est parce qu’il ne trouve pas à se loger que le petit couple formé à l’écran par Robert et Catherine (Robert Lamoureux et Nicole Courcel) se voit obligé de cohabiter avec les parents du héros. On y découvre d’ailleurs qu’au sein d’un même immeuble, on pouvait croiser des gens de classes sociales très différentes, ne partageant pas la même entrée, les plus riches vivant au premier, et les plus pauvres dans les étages supérieurs, jusqu’aux minuscules taudis placés « sous les toits », qui servent de débarras aux nantis et d’appartements aux plus démunis.
Cette crise du logement sera également au centre de la suite du film, malicieusement intitulé Papa, maman, ma femme et moi, sortie deux ans plus tard et ayant réuni 3,8 millions de français dans les salles. Souvent considéré comme très inférieur au premier volet, ce nouveau film n’a plus pour lui l’effet de surprise, mais demeure toujours aussi charmant et fantaisiste. On regrette que le personnage de la nièce de Catherine, âgée de quatre/cinq ans et dont elle avait la garde dans le premier opus, disparaisse complètement de l’intrigue, mais celle-ci s’efface au profit d’autres enfants, qui seront le centre de cette nouvelle incursion dans les méandres de la petite bourgeoisie française des années 50. L’arrivée de deux paires de jumeaux dans la maison va en effet accentuer les difficultés de cohabitation entre les parents Langlois (Fernand Ledoux et Gaby Morlay) et le jeune couple. Il est certain que vivre à huit dans un appartement et une chambre de bonne (habilement reliés l’un à l’autre par un trou dans le plafond) est difficile, et fait ici à nouveau l’objet de saynètes très amusantes, traitées avec légèreté et provoquant régulièrement le rire.
On notera également la présence de Louis de Funès dans les deux films, dans le rôle d’un voisin bricoleur et haut en couleurs. La popularité de l’acteur commençant à grandir à l’époque, son temps de présence à l’écran dans Papa, maman, ma femme et moi est beaucoup plus important que dans le premier film.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Prenant le relais de LCJ Editions après une première édition prenant la forme de deux Blu-ray séparés, Gaumont nous invite à redécouvrir Papa, maman, la bonne et moi et Papa, maman, ma femme et moi sur une seule et même galette. Et côté master, le boulot de restauration a fait place nette de toutes les poussières et autres points blancs, le grain argentique a été préservé et le piqué et les contrastes ont pris un sacré coup de fouet, rendant ses lettres de noblesse à la jolie photographie noir et blanc des deux films, signée Marc Fossard. Côté son, l’éditeur nous propose deux pistes sonores en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine, se concentrant essentiellement sur la restitution des dialogues et sur la musique de Georges Van Parys. Du très beau travail, aussi bien visuel qu’acoustique.
Dans la section suppléments, Gaumont nous propose un entretien avec Noël Véry (14 minutes), fils du co-scénariste du film, qui évoquera rapidement la carrière de son père avant d’aborder les deux films et la façon subtile dont ils dressent le portrait fidèle de la France des années 50. On trouvera également les bandes-annonces des deux films.