Once upon a time… in Hollywood
États-Unis : 2019
Titre original : Once upon a time… in Hollywood
Réalisateur : Quentin Tarantino
Scénario : Quentin Tarantino
Acteurs : Leonardo Di Caprio, Brad Pitt, Margot Robbie
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 2h39
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 14 août 2019
Date de sortie DVD/BR : 14 décembre 2019
En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus…
Le film
[4/5]
« Le film commence : après un faux reportage sur le plateau d’une série western, on se retrouve plongé en plein dans le Hollywood de 1969. Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, et dans des plus petits rôles, Al Pacino et Kurt Russell. On s’attendait à une fresque flamboyante sur le monde du cinéma, au tournant d’une époque ; c’est dire si nous avons été surpris.
Disons-le sans ambages : les deux acteurs principaux, parmi les plus grands et les plus populaires du cinéma américain contemporain, sont géniaux. Leur duo fonctionne à merveille, entre l’autocélébration et l’auto-parodie de chacun d’entre eux. Quentin Tarantino prend un malin plaisir à les plonger dans un Hollywood étonnamment ni glamour ni flamboyant, dans lequel le cinéaste préfère filmer les devantures tout en néon des cinémas de série B. Surprenant aussi, les grands noms de l’époque, Steve McQueen, Bruce Lee, ou encore Roman Polanski, ne sont là que quelques minutes, n’intéressent pas tant que ça le récit. Once upon a time… in Hollywood n’est ainsi pas une fresque sur Hollywood, mais autour de la cité du cinéma, sur ses à-côtés. Acteur sur la descente, cascadeur sympathique, hippies inquiétants … Parmi tous ceux qu’on croise pendant ces presque trois heures de métrages, une seule personne est iconisée, fétichisée même : Sharon Tate / Margot Robbie.
Le film est étonnamment peu nostalgique : le Hollywood d’il y a cinquante ans n’est finalement pas si éloigné du contemporain, il n’est pas magnifié. Il est d’ailleurs beaucoup plus question de séries que de films, comme si Tarantino avait déjà tout dit quant à ses références. Bruce Lee, présent lors d’une des scènes les plus drôles du film, est ainsi présenté comme un acteur imbu de lui-même, un comédien plus qu’une légende des arts-martiaux.
Once upon a time… in Hollywood est en effet étrangement statique. Il ne se passe presque rien pendant les trois quarts du film, sans que ce soit pour autant désagréable. Tarantino n’a plus rien à prouver, il se permet des plans séquences discrets, n’a pas besoin d’en faire des tonnes, ne cherche pas à impressionner. Mais on sent, au fond, comme une lourdeur dans l’âme. Beaucoup moins enjoué que les œuvres précédentes, lorsque, enfin une scène où la violence explose, dans la droite lignée de tous les films qui l’ont rendu célèbres, c’est presque trop tard. Drôle d’œuvre donc, presque une transition, ou un moment de pause avant un 10ème (et potentiel dernier) long-métrage. »
Critique de notre rédacteur Nicolas Santal.
Pour son neuvième et (peut-être) avant-dernier film, Quentin Tarantino signe un témoignage empreint de nostalgie (et de fureur) sur la fin de la frivolité plus apparente que réelle de l’âge d’or du 7e Art. (…)
Mini-star de télévision grâce à la série « Bounty Law » dans laquelle il incarnait un chasseur de primes pur et dur, Rick comprend qu’il ne connaîtra probablement jamais la carrière dont il rêvait. Leonardo DiCaprio se montre fragile en has been conscient de l’être, peinant à survivre dans un milieu plus hostile que les paillettes ne le laissent paraître. Seule une petite fille sur un tournage et un lance-flammes semblent pouvoir lui remonter le moral alors qu’il semble condamné à jouer les méchants caricaturaux.
DiCaprio éclipsé par Brad Pitt
Pourtant excellent, DiCaprio est éclipsé par Brad Pitt au charisme animal. Son personnage, unique point réel de stabilité dans la vie de Rick et ami fidèle, est marqué par de multiples zones d’ombre sur lesquelles le doute plane. Héros cool (avec ou sans chemise), Cliff rassure mais peut inquiéter, sans états d’âme apparents. Au contraire de Rick qui exprime ses craintes à voix haute, il fait preuve d’une économie dans ses prises de parole et se satisfait de sa survie tranquille, comme conscient d’être en sursis. Sa droiture très personnelle le mène dans un ranch où sont regroupés des hippies pas vraiment « flower power ». Une inquiétude sourde pèse alors, qui atteindra son climax dans une fin épique tirée de faits réels. Margot Robbie est une Sharon Tate candide et pleine de vie, regardée avec tendresse lorsqu’elle se découvre au cinéma.
Des dialogues moins marquants
Malgré une maestria formelle dans la recréation d’une époque révolue et des non-dits riches de sens, le rythme est victime de l’éparpillement de sa narration nonchalante. Les dialogues sont moins marquants que dans Reservoir dogs, Pulp fiction ou Jackie Brown, Quentin Tarantino délaissant son panache habituel pour les bons mots et autres répliques alambiquées. Il préfère capter par des images et paroles factuelles le crépuscule d’une certaine innocence de l’Amérique, celle véhiculée par l’ancien Hollywood. Un résultat moins rock’n’roll que précédemment, qui convoque quelques gloires réelles dont un Bruce Lee très ressemblant, revu et corrigé dans tous les sens du terme avec humour et un Steve McQueen qui l’est moins. Le final cataclysmique revisite une réalité historique sordide en mode Inglourious Basterds, une approche audacieuse pour les uns, douteuse pour les autres.
Critique de notre rédacteur en chef Pascal le Duff.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Autant être clair d’entrée de jeu : le Blu-ray de Once upon a time… in Hollywood édité par Sony Pictures est tout simplement superbe, et rend un vibrant hommage à la qualité des images sublimées par la photographie du film de Quentin Tarantino, signée Robert Richardson, collaborateur régulier du cinéaste depuis Kill Bill. La présentation technique est tellement impressionnante que le spectateur est happé d’entrée de jeu : la définition, le piqué, les contrastes et surtout les couleurs – quel pep’s incroyable ! – sont réellement de toute beauté. Le niveau de détail, même dans les arrière-plans, ne sont jamais pris en défaut, les scènes plus sombres ne faiblissent jamais, bref, il s’agit là d’un véritable Blu-ray de démonstration. Côté son, le spectateur ne sera pas en reste non plus puisque le film est mixé à la fois en VF et en VO dans un DTS-HD Master Audio 5.1 à la spatialisation ample et généreuse, d’un dynamisme total, explosant réellement quand la formidable musique du film reprend ses droits, couvrant tout le spectre audio avec une finesse absolument épatante. Comme d’habitude cela dit, on privilégiera largement la VO à sa petite sœur française – c’est du Tarantino dans le texte, tout de même ! Techniquement, c’est donc du grand Art, chapeau bas à Sony Pictures.
Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord une sélection de featurettes assez courtes mais qui composeront, mises bout à bout, un petit making of relativement complet, même si très orienté « promo » : on commencera donc avec un sujet dédié au film, à ses thématiques et à la place qu’il occupe dans la carrière de Tarantino (« La lettre d’amour de Quentin Tarantino à Hollywood », 5 minutes), pour enchainer avec un sujet dédié au directeur photo Robert Richardson (« Bob Richardson : l’amour des films », 5 minutes) et avec des featurettes plus axées sur le production design du film, à travers une exploration des véhicules utilisés dans le film (« Discussion de garage : les voitures de 1969 », 6 minutes), les décors habilement recréés par Barbara Lane (« Reconstruire Hollywood », 9 minutes) et enfin les tenues et costumes portés par les personnages, expliqués par la costumière Arianne Phillips (« La mode en 1969 », 7 minutes). L’ensemble est bien tenu, plutôt rythmé – en un mot passionnant, même si on pourra rester un peu sur notre faim concernant le « fond » du film. On pourra néanmoins se consoler avec une grosse sélection de 25 minutes de scènes coupées, qui raviront à coup sûr les admirateurs de Quentin Tarantino. On suppose que ces dernières, parfois excellentes, ont simplement été écartées du montage final pour des questions de rythme et de durée.