Test Blu-ray : Nightmare Island

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Nightmare Island

États-Unis : 2020
Titre original : Fantasy Island
Réalisateur : Jeff Wadlow
Scénario : Jillian Jacobs, Christopher Roach, Jeff Wadlow
Acteurs : Michael Peña, Maggie Q, Lucy Hale
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h50
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 15 janvier 2020
Date de sortie DVD/BR : 20 mai 2020

L’énigmatique M. Roarke donne vie aux rêves de ses chanceux invités dans un complexe hôtelier luxurieux et isolé. Mais quand leurs fantasmes les plus fous se transforment en véritables cauchemars, les invités n’ont d’autre choix que de résoudre les mystères de cette île pour en sortir vivants…

Le film

[3/5]

En l’espace d’une vingtaine d’années, le nom de Jason Blum est devenu incontournable dans le petit monde du fantastique et de l’horreur sur grand écran. En adoptant des méthodes de production drastiques, proches de celles d’un Roger Corman dans les années 70, le producteur est parvenu à faire de Blumhouse Productions un véritable empire, enchainant depuis une quinzaine d’années les films d’horreur à budget restreint, et révélant de grands cinéastes (James Wan, Jordan Peele…). En règle générale, les films produits par Blumhouse privilégient la mise en place d’un concept et d’une ambiance à de quelconques – et coûteux – artifices techniques. Les effets spéciaux sont généralement peu nombreux, et les idées utilisées avec parcimonie, une à la fois, afin de ne pas trop rapidement user les concepts. « Si tu as d’autres idées, on verra dans une éventuelle suite, coco. » S’offrant très régulièrement d’énormes succès dans les salles obscures, Jason Blum n’a cependant jamais changé son fusil d’épaule et se contente encore aujourd’hui de miser sur de petits budgets, ce qui permet aux cinéastes de son cheptel de bénéficier d’une certaine liberté créative, dans les limites bien sûr de leur budget limité.

S’il s’agit à nouveau d’un film « concept » d’avantage porté par un pitch malicieux que par son casting, Nightmare Island marque tout de même une petite rupture dans les habitudes de Jason Blum et Blumhouse Productions. En effet, le nouveau film de Jeff Wadlow ne se base pas sur un scénario « original ». Il s’agit en réalité d’une adaptation très officielle de L’île fantastique, série TV des années 70 avec Ricardo Montalbán dans la peau de Mr Roarke, et Hervé Villechaize dans le rôle du nain et homme à tout faire, Tattoo. Beaucoup de quarantenaires se souviendront avoir découvert cette série à la télé, à peu près à la même époque que Buck Rogers et ses « Bidi Bidi Bidi ». D’une façon assez curieuse, la France est le seul pays à avoir cherché à « cacher » la filiation entre la série et le film, flouant le public avec un titre trompeur : le Fantasy Island original devient donc ici un Nightmare Island probablement plus accrocheur pour les jeunes. Exploité dans les salles françaises un mois avant le « Grand Confinement », le film terminerait sa course à 370.000 entrées, ce qui est un score très honorable. Avec 46 millions de dollars de recettes à l’international, le film est de toute façon une nouvelle bonne affaire à mettre au crédit de Blumhouse.

Pour ceux qui ignoreraient le concept de la série, Nightmare Island mettra donc en scène une île paradisiaque sur laquelle n’importe quel désir peut se réaliser. Excellent concept de série, permettant presque toutes les folies, que l’équipe d’Action ou vérité va s’amuser à revisiter, dans les limites d’un budget de sept millions de dollars. Cachant sa nature de fable morale derrière des atours de film d’horreur chébran pour les djeun’s, le film s’échinera à nous démontrer que sous couvert de réparer un traumatisme passé, les personnages ne font finalement qu’effacer leurs erreurs pour les remplacer par d’autres, qui s’avéreront ici encore plus dommageables que les précédentes. Le concept est sympathique, jusque dans ses limites, qui pourraient facilement se voir perverties. Mais le fait est qu’il aurait peut-être d’avantage convenu à une nouvelle série TV qu’à un film fantastique. Peut-être Jason Blum a-t-il d’ailleurs déjà cette idée derrière la tête : pourquoi en effet racheter les droits de la série d’origine si l’idée n’était pas d’exploiter le filon au maximum ? On peut donc supposer que la série Fantasy Island ne tardera pas à montrer le bout de son nez, sur Netflix ou ailleurs…

Passant d’un personnage à l’autre / d’un fantasme à un autre, Nightmare Island enchaîne donc les rebondissements, privilégiant le rythme au détriment de la caractérisation des personnages, ce qui se ressentira malheureusement lors du troisième acte du film, qui dénote de l’incapacité de ses auteurs à dépasser le concept dans lequel ils se sont un peu trop enfermés. Ainsi, passée une première séquence mystérieuse et sympathique, le film révèle son concept, séduisant, mais peine à maintenir l’intérêt à cause de personnages finalement assez ternes, ni vraiment sympathiques, ni vraiment intéressants. Leurs fantasmes, qui deviendront réalité avant de basculer dans le cauchemar, ne provoqueront dès lors qu’un ennui poli. Si l’on excepte le personnage incarné par Maggie Q, on ne se soucie guère de ce qu’il pourra advenir d’eux. Ils s’avèrent définitivement plats, laborieusement construits, et malgré toute leur bonne volonté, les acteurs ne pourront trouver aucune profondeur ou réel moyen de les développer à l’écran. Une interaction inattendue entre les différents personnages sera révélée dans le troisième acte, mais ne parviendra que très partiellement à rehausser l’intérêt que l’on pouvait avoir pour eux.

Cela dit, Nightmare Island a tout de même pour lui ce concept prometteur, et l’amusante façon dont la réalité se confronte au fantasme dans les différents cas de figure qui nous sont donnés à voir. Un peu comme dans les contes, ou comme dans des films tels que Fantasmes (1967), Wishmaster (1997) ou Endiablé (2000), mieux vaut être très attentif à la façon dont vous formulez vos souhaits. Ces raisons, alliées au rythme implacable des rebondissements et à la très solide tenue technique de l’ensemble, permettent à Nightmare Island de maintenir l’intérêt du spectateur jusqu’au dénouement de l’histoire. Mais Jason Blum ne met jamais tous ses œufs dans le même panier, et les probabilités de retrouver Michael Peña dans la peau de Mr Roarke dans un avenir proche sont grandes. Espérons juste qu’un plus grand soin sera porté aux personnages la prochaine fois !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Nightmare Island est arrivé au format Blu-ray il y a quelques semaines, sous les couleurs de Sony Pictures. Avec ce Blu-ray flamboyant, l’éditeur prouve à nouveau sa maîtrise technique dans le domaine de la Haute-Définition. La compression est parfaite, le master est littéralement éblouissant, et le rendu crève l’écran. Un véritable feu d’artifice de couleurs, auquel le caractère précis de la HD offre réellement un écrin imparable. Sur ce support, il n’y a aucun doute que visuellement, le film mettra volontiers tout le monde d’accord. Côté son, VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1, et les deux versions possèdent le coffre nécessaire pour convaincre à 100%. Puissance et ampleur sont au rendez-vous, et le spectateur se retrouvera en pleine immersion au cœur du récit.

Dans la section bonus, on trouvera tout d’abord la possibilité de visionner Nightmare Island soit dans sa version « cinéma » soit dans sa version longue non censurée, qui comporte selon la jaquette des séquences inédites à la fois « brutales et choquantes ». En réalité, la durée entre les deux versions ne diffère que de quelques secondes, mais la version longue comporte quelques dialogues plus explicites, ainsi qu’un peu plus de violence et de nudité (même si l’ensemble reste encore assez familial). On continuera ensuite avec un commentaire audio du réalisateur Jeff Wadlow, qui sera rejoint par les acteurs Michael Peña, Portia Doubleday, Ryan Hansen, Lucy Hale, Jimmy O. Yang, Austin Stowell et Maggie Q au téléphone. La piste est à la fois informative et légère, et livrera, comme il se doit, son quota d’anecdotes de production et de tournage. On terminera ensuite avec une sélection de scènes coupées (9 minutes), également disponibles avec les commentaires et explications du réalisateur Jeff Wadlow.

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