N.W.A. – Straight outta Compton
États-Unis : 2015
Titre original : Straight outta Compton
Réalisateur : F. Gary Gray
Scénario : Jonathan Herman, Andrea Berloff
Acteurs : O’Shea Jackson Jr., Corey Hawkins, Jason Mitchell
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 2h45
Genre : Musical, Biographie
Date de sortie cinéma : 16 septembre 2015
Date de sortie DVD/BR : 19 janvier 2016
En 1987, cinq jeunes hommes, à coup de rimes aussi franches que des uppercuts et des beats hardcore ont su canaliser la haine de leur quotidien des bas quartiers de Los Angeles. Leurs frustrations communes allaient être le carburant qui nourrirait leur art et donner à la communauté ce dont elle avait besoin : une voix pour mettre le feu. N.W.A est né de cette démarche rebelle. Une révolution sociale est en marche…
Le film
[4,5/5]
Ample, puissant, immersif (2h45 au compteur et pas l’ombre du moindre petit chouïa d’ennui du côté du spectateur), N.W.A : Straight outta Compton permet à F. Gary Gray de nous livrer la première « fresque » rap de l’histoire du cinéma. Visiblement à l’aise avec son sujet et sa caméra, le cinéaste signe là un vibrant hommage au groupe qui a donné naissance au gangsta rap sur la côte Ouest, avec des scènes et une reconstitution évoquant par moments la maestria d’un Paul Thomas Anderson époque Boogie nights. Belle œuvre évoquant l’explosion puis la séparation d’un groupe proprement révolutionnaire, N.W.A : Straight outta Compton passionnera à coup sûr les passionnés de musique en général, et de rap en particulier, comme une excellente biographie « officielle » du groupe.
Bien sûr, les passionnés de rap West Coast trouveront forcément que certains aspects ont été un peu forcés, alors que d’autres ont été adoucis. Ainsi, le film aborde de front et avec un grand talent la naissance du phénomène « rap », mais laisse de côté le côté « gangsta ». Le film étant produit, entre autres, par Dr. Dre et Ice Cube (qui sont régulièrement évoqués dans le film comme de véritables génies), les membres de N.W.A sont un peu décrits comme des jeunes gens bien sous tous rapports ; mis à part le trafic de drogue du personnage de Eazy-E, et celui d’Ice Cube qui semble le seul décrit de façon relativement authentique, tous les autres paraissent bien sages, au point que l’on puisse se demander pour quelle raison quelques membres du groupe ont pu séjourner en prison. Ainsi, le personnage de Dr. Dre est sans doute le moins réussi du métrage, et probablement le plus éloigné de la réalité ; parallèlement, on sent la volonté des auteurs et producteurs à bien enfoncer Suge Knight, qui en prend sévèrement pour son grade. Par ailleurs, le dernier acte (l’idée de reformation du groupe et les visites à l’hôpital) semble également tenir d’avantage du fantasme que de la réalité, la légende murmurait que personne n’a jamais rendu visite à Eazy durant son séjour à l’hôpital.
Malgré ces petites réserves, N.W.A : Straight outta Compton demeure néanmoins un excellent film, porté par des acteurs au top et une bande-son qui envoie toujours autant le bois. Cependant, on retiendra tout particulièrement la prestation d’O’Shea Jackson Jr., dont la ressemblance incroyable avec Ice Cube n’est finalement pas étonnante… puisqu’il s’agit de son fils.
D’après nos confrères de TMZ, une suite du film, intitulée Dogg Pound 4 Life, est déjà prévue, et devrait reprendre là où Straight outta Compton s’est arrêté ; on peut donc s’attendre à y (re)voir Suge Knight, 2Pac, Snoop Dogg ou encore Eminem.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Le Blu-ray édité par Universal nous propose une expérience visuelle et sonore absolument recommandable. Définition au taquet, piqué précis, couleurs et contrastes sont au taquet, et l’image s’avère globalement très enthousiasmante. Côté son, et comme d’hab avec cet éditeur, seule la VO est proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 explosif et ultra-dynamique (avec des scènes de concert à tomber à la renverse), tandis que la VF doit se contenter d’un « simple » encodage en DTS 5.1, certes ample et efficace, mais ne pouvant tenir la comparaison avec son ainé en HD (d’autant plus qu’elle s’avère, naturellement, artistiquement beaucoup plus faible). On notera que les moins anglophones parmi les spectateurs auraient probablement apprécié un sous-titrage sur les textes des chansons.
Dans la section suppléments, outre le commentaire audio du réalisateur F. Gary Gray, on prolongera l’expérience du film, avec tout d’abord une série de très courtes scènes coupées, ainsi qu’une chanson additionnelle censée prendre place durant le concert de Detroit. On poursuivra la navigation au cœur de la section interactivité aux côtés des « vrais » membres de N.W.A, qui s’expriment volontiers dans une série de featurettes abordant les débuts du groupe et son impact sur la culture populaire, l’importance contextuelle de la ville de Compton, ainsi que le tournage de certaines scènes en particulier (les émeutes et le concert). Pour terminer, un module un poil plus ludique que les précédents, intitulé Devenir N.W.A, met face à face les membres du groupe et les acteurs les incarnant à l’écran.