Test Blu-ray : Mutronics

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Mutronics

États-Unis, Japon : 1991
Titre original : The Guyver
Réalisation : Steve Wang, Screaming Mad George
Scénario : Jon Purdy
Acteurs : Jack Armstrong, Vivian Wu, Mark Hamill
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h32
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 3 juin 1992
Date de sortie Blu-ray : 15 avril 2022

Los Angeles, années 1990 – Un jeune homme, Sean Barker, découvre accidentellement un étrange appareil, le Guyver. Cet artefact peut se transformer en armure, conférant à celui qui la possède des pouvoirs considérables. Le Guyver est activement recherché par les Zoanoids, des extraterrestres belliqueux. Avec l’aide de Mizuki, sa petite amie, et de Max Reed, un agent de la CIA, Barker devra affronter les Zoanoids…

Introduction

Le Chat qui fume et les films que vous ne verrez jamais sur Netflix – Vague 1

L’explosion de Netflix et de quelques autres services de SVOD en France a, en l’espace de quelques années seulement, considérablement affaibli le secteur de la vidéo physique en DVD et Blu-ray. Aujourd’hui, les éditeurs vidéo doivent avoir recours à différentes astuces afin de maintenir les consommateurs dans leur giron. Cela dit, grâce à une présence accrue sur les réseaux sociaux, à des éditions collector en pagaille et à de « beaux objets » prenant la forme de luxueux coffrets, Le Chat qui fume est peu à peu parvenu à faire son trou dans le cul cœur des cinéphiles français, et à devenir un des acteurs les plus incontournables de son secteur d’activités.

Cependant, ce n’est pas parce qu’on s’est imposé comme le leader incontesté qu’il faut se reposer sur ses lauriers, et quitte à prendre des risques, Le Chat qui fume vient encore d’innover, en lançant le mois dernier une nouvelle série de films d’exploitation au format Blu-ray. Peut-être considérés comme un peu plus « obscurs » que les autres films disponibles dans le catalogue de l’éditeur, les cinq premiers titres de cette série parallèle sont de bonnes grosses raretés des années 70/80/90, ne faisant peut-être pas partie des plus connues et prestigieuses, mais ayant régalé les écumeurs de vidéoclubs à la grande époque de la VHS triomphante. Proposés à bas prix et dans des boîtiers standard, ces cinq films bénéficient de l’expérience – désormais unanimement reconnue – du Chat qui fume en matière de soin éditorial, et s’offrent de fait des éditions Blu-ray absolument inespérées.

Les cinq raretés proposées par Le Chat qui fume au sein de cette première vague sont :

Draguse ou le Manoir infernal – Patrice Rhomm, 1976

L’Aube sauvage (Savage Dawn) – Simon Nuchtern, 1985

Le Souffle maudit (Demon Wind) – Charles Philip Moore, 1990

Mutronics (The Guyver) – Screaming Mad George & Steve Wang, 1991

Red Mob (Chtoby vyzhit) – Vsevolod Plotkin, 1992

Si vous ne les avez peut-être pas tous loués dans les années 80/90, ces films, vous les connaissez tout de même, de nom ou de réputation – vous avez probablement lu des articles à leur sujet dans Mad Movies ou dans Impact, à la grande époque de Jean-Pierre Putters. On espère que ce galop d’essai trouvera son public, et saura attirer les amateurs de bandes déviantes vintage en France de la même façon qu’aux États-Unis. Cela fait un moment en effet que le marché a évolué dans cette direction aux États-Unis, pays où tous les nanars bénis de l’époque de la VHS, même les plus improbables ou les plus méconnus, voient le jour en Haute-Définition. Une bonne affaire pour des cinéastes tels que Fred Olen Ray, David DeCoteau, Jim Wynorski, Andy Sidaris, Rick Sloane, Kevin Tenney, Douglas Hickox ou Albert Band, hier méprisés, aujourd’hui largement remis sur le devant de la scène…

Si on est loin, très loin, d’en être au même point en France, Le Chat qui fume a tout de même fait le choix avec cette vague de se tourner vers le passé, quitte à exhumer de petits films que l’on n’aurait jamais cru voir débarquer en France il y a encore quelques années. Dans les 80’s, le crédo des éditions René Chateau était de nous donner à découvrir « les films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Se posant dans la continuité de l’éditeur historique, Le Chat qui fume semble aujourd’hui bien déterminé à offrir au consommateur « les films que vous ne verrez jamais sur Netflix ».

Le film

[3,5/5]

Au début des années 90, tous les regards sont tournés vers l’Asie, et en particulier vers le Japon – suite au choc tellurique provoqué par la découverte d’Akira (Katsuhiro Ôtomo, 1988), c’est l’époque où le public découvre le manga et l’animation japonaise, et les américains commencent à s’intéresser de près à certains gros succès en provenance du pays du soleil levant. Parmi ceux-ci, il y a Bio-Booster Armor Guyver, un manga créé par Toshiki Takaya ayant déjà été adapté dans un OAV intitulé Guyver : Out of Control (Hiroshi Watanabe, 1986) et une série animée de 12 épisodes (1989-1992), inspirée des quatre premiers volumes.

The Guyver est donc un film américain, produit par Brian Yuzna en collaboration avec les japonais de Shochiku Films. On ne vous fera pas l’offense de vous présenter ici Brian Yuzna, génie absolu de l’Art Cinématographique dont on vous a déjà largement parlé dans différents articles. Curieux de nature, Yuzna a sans doute vu le potentiel déjanté du manga, et le film porte vraiment, visuellement du moins, ce qu’on pourrait appeler la « patte Yuzna ». C’est d’autant plus clair que le film est coréalisé par Steve Wang mais surtout par Screaming Mad George – au début des années 90, le nom de ce créateur d’effets spéciaux était tout simplement indissociable de celui de Brian Yuzna, puisque c’est lui qui se chargerait des effets les plus gerbos de Society (1989), Douce nuit, sanglante nuit 4 (1990) et Re-Animator II (1990).

Distribué en France sous le titre Mutronics, le film de Steve Wang et Screaming Mad George est placé sous le signe de la rencontre entre l’Orient et l’Occident. Prenant de grandes libertés avec le manga d’origine, ce film de science-fiction fantastique est en effet placé sous le signe d’une certaine énergie gogole, assez barrée, et nous propose au final un résultat extrêmement américanisé, fort éloigné de l’œuvre de Toshiki Takaya. Il faut dire aussi qu’au début des années 90, « le » gros carton auprès des jeunes, c’était Les Tortues Ninja, film qui en 1990 avait explosé le box-office avec 200 millions de dollars de recettes et 1,2 millions d’entrées dans les salles françaises. L’année suivante, Les Tortues Ninja II, c’était encore 79 millions de dollars de recettes et 800.000 entrées en France.

Il n’y a finalement rien d’étonnant à ce que Brian Yuzna, Screaming Mad George et Steve Wang aient finalement choisi de jouer la carte du film familial, à la façon d’autres films aujourd’hui largement oubliés tels que Les marrrtiens ! (Patrick Read Johnson, 1990), Dinosaures (Brett Thompson, 1991) ou encore Super Mario Bros (Annabel Jankel & Rocky Morton, 1993). D’ailleurs, on rappellera aux plus distraits que le scénario de Chérie, j’ai rétréci les gosses était signé… Brian Yuzna et Stuart Gordon, soit les deux papas de Re-Animator ! Mutronics s’impose donc au final comme un gros cartoon en prises de vue réelles, plein de gags stupides, comme s’il tentait de faire cohabiter en un seul film un manga extrêmement violent et un défilé de gros monstres en costumes pour de rire. Et comme le rap FM avait également largement été popularisé par Les Tortues Ninja (M.C. Hammer, Vanilla Ice, Spunkadelic…), Mutronics mettra également en scène un rappeur bidon à la Benny B. Yo !

Cependant, Screaming Mad George et Brian Yuzna sont également bien conscients de ce qu’ils doivent aux fans de cinéma d’horreur, et prennent tout de même le parti avec Mutronics de livrer au public un véritable film de « monstres », plein jusqu’à la gueule de métamorphoses physiques grand-guignolesques et de créatures visqueuses et bizarroïdes, mélanges d’animaux et d’appendices gluants (voire même turgescents, on pense notamment à la crête qui se dresse sur la tête du Guyver, et qui ressemble quand même pas mal à un pénis). L’un de ces monstres en latex ressemble vaguement à un éléphant, un autre à un Gremlin sous acide, un autre évoque un gros tas de merde. Dans le même état d’esprit, les auteurs du film vont rechercher David Gale et Jeffrey Combs, les deux héros de Re-Animator, afin de leur confier deux rôles importants. Et puisqu’on évoquait Mutronics comme une rencontre entre l’Est et l’Ouest, on ajoutera que Jeffrey Combs, surtout connu pour son rôle du Docteur Herbert West, incarne ici un certain Professeur East. Plutôt marrant, non ?

Sorti dans les salles en juin 1992, Mutronics fut distribué à l’époque par Metropolitan Filmexport. Du côté des acteurs, le film nous proposait également de retrouver Mark Hamill (Luke Skywalker dans La Guerre des étoiles), Willard E. Pugh (le maire Kuzak dans Robocop 2), Michael Berryman (Pluton dans La Colline a des yeux) ainsi que Linnea Quigley (Trash, la punkette nue dans Le Retour des morts vivants).

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est donc Le Chat qui fume qui nous permet aujourd’hui de revoir Mutronics, une trentaine d’années après l’avoir découvert en salle ou en VHS. Proposé au tarif imbattable de 20 euros, le film débarque donc dans un boîtier plastique, mais bénéficie d’une maquette et d’une composition graphique toujours signée Frédéric Domont. Côté Blu-ray, le master n’est certes pas tout à fait exempt de défauts, mais assure un rendu global propre et d’une stabilité exemplaire. Le piqué est précis, le niveau de détail élevé, et les couleurs sont toujours naturelles et convaincantes (sauf bien sûr sur les plans à effets qui accusent une légère baisse de définition). Côté son, nous aurons droit à deux mixages en DTS-HD Master Audio 2.0 (VO et VF d’origine), l’immersion sonore se fait de façon ample et dynamique. Du beau boulot technique ! On notera par ailleurs que les chanceux ayant pré-commandé le Blu-ray sur le site de l’éditeur ont également eu droit à un fourreau dessiné par le talentueux Grégory Lê.

Dans la section suppléments, en plus de la traditionnelle bande-annonce, on se régalera d’une très intéressante présentation du film par Julien Sévéon (16 minutes). Le journaliste remettra le film dans son contexte de production, et reviendra essentiellement sur les différences existant entre le manga d’origine et le film de Screaming Mad George et Steve Wang. Il ne tarira d’ailleurs pas d’éloges sur le travail de Screaming Mad George dans le domaine des Arts graphiques et des effets spéciaux, et regrettera l’absence d’un ouvrage lui étant entièrement consacré. Comme on le comprend ! Pour vous procurer cette édition limitée à 1000 exemplaires, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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