Moonlight Express
Hong Kong : 1999
Titre original : Sing yuet tung wa
Réalisation : Daniel Lee
Scénario : Yumiko Aoyagi, Susan Chan
Acteurs : Leslie Cheung, Sam Lee, Michelle Yeoh
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h46
Genre : Thriller
Date de sortie DVD/BR : 2 juillet 2024
Après la mort de son fiancé Tetsuya, décédé dans un tragique accident de voiture, la Japonaise Hitomi décide de partir pour Hong Kong. Là-bas, elle fait la connaissance de Karbo, un policier infiltré qui ressemble étrangement à Tetsuya. Très vite, ils commencent à éprouver des sentiments l’un pour l’autre et prennent la fuite en Chine continentale lorsque Karbo est poursuivi…
Le film
[4/5]
Découvert en France au début des années 2000 grâce à Black Mask, qui fut l’un des premiers DVD édités par la collection HK Vidéo alors dirigée par Christophe Gans, Daniel Lee s’est surtout fait connaitre dans le domaine du cinéma d’action et du wu xia pian, dans lequel il s’épanouit depuis le milieu des années 90 avec des films tels que Star Runner, Dragon Squad, La 14ème lame ou Le Dernier royaume.
C’est peut-être d’ailleurs cette dévotion à des genres plutôt musclés qui fait tout le prix de son Moonlight Express, sorti sur les écrans hongkongais en 1999 : il s’agit en effet bel et bien d’un thriller, mais au cœur duquel les coups de feu s’effacent au profit d’une histoire d’amour romantique réunissant Leslie Cheung, alors à l’apogée de sa carrière, et Takako Tokiwa, une très célèbre actrice de télévision japonaise.
Dans Moonlight Express, Takako Tokiwa incarne donc Hitomi, une Japonaise sur le point de se marier avec son fiancé Tetsuya et de s’installer avec lui à Hong Kong. Cependant, un tragique accident de voiture entraîne la mort de Tetsuya et Hitomi se retrouve seule à Hong Kong. Leslie Cheung incarne Karbo, un policier sous couverture menacé par les truands qui l’ont découvert ainsi que par une poignée de flics qui le soupçonnent de mener un double-jeu. Il rencontre Hitomi par hasard, et son incroyable ressemblance avec Tetsuya pousse la jeune fille à le suivre dans ses efforts pour échapper à tous ceux qui le traquent et pour laver son nom.
La suite de l’intrigue de Moonlight Express nous proposera un singulier mélange de romance et de polar. Le fait que le personnage de Leslie Cheung soit le double de Tetsuya fait reposer le film de Daniel Lee sur la résurrection « virtuelle » d’un personnage disparu, et lui confère une atmosphère presque fantastique, développant un sous-texte tragique sur le destin et l’amour éternel. L’intensité des sentiments est bel et bien au rendez-vous, et le film bénéficie clairement de la solide réalisation de Daniel Lee et de la présence des deux acteurs principaux, dont l’alchimie à l’écran s’avère vraiment payante.
Moonlight Express est donc assurément plein de charme, et s’avère encore renforcé par le casting général, qui outre les deux acteurs principaux, nous donne aussi à voir des acteurs tels que Michelle Yeoh, Sam Lee ou Jack Kao évoluer à l’écran. L’idée de juxtaposer des éléments romantiques et criminels est bonne, mais leur combinaison ne fonctionne pas toujours, surtout étant donné que le scénario, typique de la romance made in Hong Kong, n’évite jamais le mélo sirupeux et la guimauve, nous servant à plusieurs reprises des clichés volontiers fleur bleue et un peu ringards.
L’exercice de style est casse-gueule, et Daniel Lee ne parvient pas forcément à équilibrer le récit : les deux intrigues au cœur de Moonlight Express ont en effet du mal à coexister, et semblent constamment empiéter l’une sur l’autre, et le dénouement ne nous proposera qu’une clôture très superficielle des différents enjeux de l’intrigue. En revanche, pris individuellement, les deux aspects du récit sont bien présentés, avec d’un côté le flic clandestin qui se retrouve en difficulté face à ses propres alliés, et de l’autre l’arc romantique qui bénéficie du charisme des deux acteurs, Leslie Cheung paraissant comme à son habitude sombre, froid et distant et Takako Tokiwa plus prompte à s’ouvrir à un nouveau sentiment amoureux malgré la tristesse.
Et puisque Daniel Lee a toujours été porté sur l’action, les scènes d’action de Moonlight Express sont absolument remarquables, et constituent un autre point fort du film. Pleines de tension, elles bénéficient d’une excellente représentation « topographique » des différents lieux où elles prennent place. La photo – qui nous donne à voir d’intenses combinaisons de verts et de bleus très saturés – et est également à souligner : Daniel Lee fait régulièrement le choix d’inonder ses scènes d’une lumière magnifique et d’ombres luxuriantes, qui confèrent un certain mystère et une aura presque fantastique à une intrigue autrement assez prévisible. Les scènes prenant place dans le restaurant « western » de Michelle Yeoh sont également très belles, baignant dans la lumière dorée du coucher de soleil – une des rares scènes où la chaleur remplit réellement l’écran, et qui contraste nettement avec les tons verts des scènes d’action, qui soulignent la possible corruption de Karbo.
Le Blu-ray
[4/5]
Nous proposant de découvrir ou redécouvrir quelques excellents films de tous les genres et de toutes les nationalités, Carlotta Films continue de nous gâter avec l’arrivée en Haute-Définition de Moonlight Express, qui était jusqu’à ce jour totalement inédit en France. Et on ne pourra que tirer notre chapeau à l’éditeur, qui nous livre ici un master restauré 2K assez superbe. La copie a visiblement été bien conservée, avec un grain cinéma respecté aux petits oignons, et des contrastes finement travaillés. Le master est stable, sans rayures ou griffes disgracieuses, et le piqué est assez précis : du très beau travail ! Côté son, l’éditeur nous propose de découvrir le film de Daniel Lee en version originale, soit en DTS-HD Master Audio 1.0 mono, sans souffle ni bruits parasites, soit dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 à la spatialisation certes un peu excessive et artificielle. Dans l’ensemble et dans les deux cas, les dialogues demeurent parfaitement clairs et équilibrés, et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier.
Côté suppléments, l’éditeur français nous propose, outre la traditionnelle bande-annonce, un bon petit making of promotionnel (23 minutes), qui nous proposera quelques images du tournage ainsi que la note d’intention de Daniel Lee. Intéressant !