Test Blu-ray : Moon 44

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Moon 44

Allemagne de l’Ouest : 1990
Titre original : –
Réalisation : Roland Emmerich
Scénario : Dean Heyde, Oliver Eberle, Roland Emmerich
Acteurs : Michael Paré, Lisa Eichhorn, Dean Devlin
Éditeur : Extralucid Films
Durée : 1h39
Genre : Science-fiction
Date de sortie cinéma : 7 août 1991
Date de sortie DVD/BR : 10 octobre 2022

En 2038, les ressources naturelles de la Terre sont quasiment épuisées. La lutte est âpre pour s’approprier les dernières portions minérales disponibles sur les autres planètes. Des corporations se créent. Lorsque l’une d’elles voit disparaître ses robots, elle fait appel à des prisonniers pour la défendre. Au sein de l’équipe, la tension monte…

Le film

[3/5]

Il n’y pas si longtemps de cela, Roland Emmerich était, sans exagération aucune, le roi d’Hollywood. Chacun de ses nouveaux films était alors attendu avec ferveur par un public toujours au rendez-vous, et le nom du cinéaste d’origine allemande était carrément devenu un synonyme de « Blockbuster ». Parallèlement au succès jamais démenti de ses films tout au long des années 90/2000, il était également devenu la tête de turc de tous les Trolls qui officiaient déjà lors des balbutiements du web mondial. Emmerich était l’homme à abattre, le symbole de l’impérialisme américain au cinéma, celui que vous adoriez détester en quelque sorte.

Depuis 2012 en 2009 (et non l’inverse) cependant, la vapeur s’est un peu inversée : depuis une dizaine d’années maintenant, les films de Roland Emmerich ne suscitent plus qu’une indifférence polie. Pire encore pour Roland Emmerich : à l’exception des Inrocks, la plupart des cinéphiles qui le conchiaient copieux il y a 15 ans lui trouvent même aujourd’hui quelques qualités, illustrant par là même le vieil adage selon lequel il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Certains de ses films se sont vus réhabilités, passant au pire du statut de « bouse innommable » à celui, plus enviable, de « plaisir coupable », voire même, dans le meilleur des cas, au statut de « bon petit film trop sous-estimé ».

Dans le même mouvement, on a entrepris de redécouvrir les premières œuvres de Roland Emmerich, réalisées en Allemagne entre 1984 et 1990 : Le Principe de l’arche de Noé (1984), Joey (1985), Ghost Chase (aka Hollywood Monster, 1987) et bien sûr Moon 44 (1990), le film de science-fiction qui lui a ouvert les portes d’Hollywood, et qui vient tout juste de sortir en Blu-ray chez Extralucid Films. Biberonné au cinéma américain, le cinéaste laissait à l’époque s’exprimer fièrement toutes ses influences, pillant sans vergogne à droite et à gauche, du côté de chez Spielberg pour ses premiers films, et du côté de tout un pan de la science-fiction américaine avec Moon 44, le film évoquant d’un point de vue formel quelques classiques du genre tels que Star Wars, Aliens le retour, Blade Runner ou encore New York 1997.

Tourné en langue anglaise et présenté hors compétition à l’occasion du 19ème Festival international du film fantastique d’Avoriaz début 1991, Moon 44 comptait d’ailleurs une poignée de célébrités chic et pas cher à son casting, telles que Michael Paré (Les Rues de feu) et Malcolm McDowell. Les amoureux de la série The X-Files (Aux frontières du réel) reconnaîtront également la tronche patibulaire mais presque de Brian Thompson, qui se ferait régulièrement remarquer dans la série avec son rôle récurrent d’extra-terrestre. Ce casting prestigieux lui permit donc de s’exporter un peu à travers le monde, et notamment en France : le film sortit en effet durant l’été 1991 face au carton Robin des Bois, prince des voleurs. Avec 1.222 entrées enregistrées dans l’hexagone, le film de Roland Emmerich aurait cependant du mal à rivaliser avec les presque cinq millions d’entrées du film avec Kevin Costner. Mais comme chacun sait, tout vient à point à qui sait attendre, et cinq ans plus tard seulement, le cinéaste allemand attirerait 5,7 millions de français dans les salles avec son nanar atomique Independence Day

Bon, alors, niveau budget, Moon 44 ce n’est pas tout à fait ID4. C’est plutôt un film conçu comme une ode au système D, avec modèles réduits et effets spéciaux 100% pratiques réalisés avec passion par une équipe d’ambitieux allemands de l’Ouest, qui croyaient dur comme fer à leur projet. Le film nous transporte donc en 2038. Les ressources de la Terre sont épuisées. Cela a conduit les conglomérats industriels à se diriger vers l’espace et à exploiter les richesses se situant au-delà des étoiles, sur des planètes, des astéroïdes et des satellites riches en matières premières. Après que les rivalités habituelles entre les entreprises les aient menées à s’attaquer les unes les autres, certaines entreprises se voient donc obligées d’utiliser des condamnés pour renforcer leurs effectifs. Ces condamnés pilotent des hélicoptères tout en étant dirigés / guidés par de jeunes copilotes restés à terre. Voilà pour le contexte. Michael Paré incarne donc Stone, une espèce de flic / chasseur de primes / mercenaire (il commence le film comme Deckard de Blade Runner, le termine comme Snake Plissken de New York 1997) chargé de s’infiltrer sur la lune 44 pour découvrir pourquoi des outils miniers automatisés disparaissent. Face à lui, le mystère ne fera pas long feu quant à l’identité des méchants de l’histoire, rapidement présentés comme tels : il s’agit bien entendu du Major Lee, alias Malcolm McDowell et de son second, le Sergent Sykes (Leon Rippy), une caricature de militaire toujours vénère et bruyant, passant son temps à gueuler.

Que l’on aime ou pas le film, force est de constater qu’en termes de « Production Design », Moon 44 est assez épatant, développant tout du long le charme discret de ses effets visuels à l’ancienne. L’univers construit à l’écran par Roland Emmerich et son équipe est bluffant, noir, crasseux, extraordinaire. Il constituera en réalité grosso modo le seul atout véritable du film, mais ce dernier devrait logiquement parvenir à convaincre les amateurs de science-fiction de se lancer dans l’aventure. Pour la petite histoire, Moon 44 a également permis à Roland Emmerich de rencontrer un futur partenaire professionnel de choix en la personne de Dean Devlin, qui joue le jeune Tyler dans le film, mais qui occuperait les postes de scénariste et de producteur pour Roland Emmerich tout au long des années 90.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est donc sous les couleurs de Extralucid Films que vient de débarquer Moon 44 au format Blu-ray : un nouveau film venant grossir les rangs de la collection « Extra Culte » Blu-ray que nous propose l’éditeur français depuis quelques années maintenant (on vous invite également à lire nos tests de Starcrash – Le choc des étoiles, The House on sorority row, Seizure – La reine du mal, Death warmed up, Le Jour de la bête, Perdita Durango, Balada Triste, L’Ambulance, Sonny Boy, Ticks et Pumpkinhead – Le Démon d’Halloween). Côté image, le Blu-ray de Moon 44 s’avère très inégal, affichant tantôt un piqué remarquable doublé d’un grain finement préservé, tantôt une image douce et extrêmement filtrée : on suppose que les éléments d’origine ne permettaient pas mieux. Par ailleurs, le master du film n’a pas été débarrassé de tous les dégâts infligés par le temps, et laisse occasionnellement apparaître de petites taches ou griffes. Le résultat est néanmoins globalement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0, mono d’origine évidemment, en VF comme en VO. Les dialogues sont clairs et bien découpés, sans souffle notable, et la musique de Joel Goldsmith (le fils de Jerry Goldsmith) est bien mise en avant.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un entretien avec Roland Emmerich (11 minutes), réalisé en visio-conférence. Le cinéaste y reviendra sur la genèse du film, ainsi que sur ses premiers films américains. On continuera ensuite avec une présentation du film par Fabien Mauro (26 minutes), qui évoquera la carrière et plus particulièrement les premiers films de Roland Emmerich, puis embrayera avec Moon 44, évoquant son casting, son intrigue, ses effets spéciaux, etc. Intéressant ! On poursuivra ensuite avec quelques aspects plus techniques du film, à travers un entretien avec Volker Engel, superviseur des effets spéciaux (23 minutes) ainsi qu’un entretien avec Oliver Scholl, chef décorateur (18 minutes), tous deux également réalisé en visio-conférence. Les deux techniciens y évoqueront leur carrière, leur métier et ses évolutions, ainsi que leur travail aux côtés de Roland Emmerich. Enfin, on terminera avec un court message de Michael Paré (2 minutes) à destination des fans du film et des producteurs français (sic), qui sera complété d’un moment avec Michael Paré (5 minutes) – deux interventions enregistrées depuis le smartphone de l’acteur, qui reviendra sur sa carrière d’acteur, ainsi que sur le tournage de Moon 44. On terminera avec une sympathique galerie de photos. Pour vous procurer cette édition Blu-ray, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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