Test Blu-ray : Monstrous

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Monstrous

États-Unis : 2022
Titre original : –
Réalisation : Chris Sivertson
Scénario : Carol Chrest
Acteurs : Christina Ricci, Santino Barnard, Don Durrell
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 1h28
Genre : Fantastique
Date de sortie DVD/BR : 7 avril 2023

Dans les années 1950 aux Etats-Unis, en Californie. Laura, une jeune mère de famille, quitte son mari et emmène avec elle Cody, son fils de sept ans. Ils s’installent dans une maison éloignée de la ville, à côté d’un lac. Cody a du mal à s’intégrer dans sa nouvelle école. Il entend des bruits la nuit venant du plan d’eau. Sa mère se demande si son fils est victime d’hallucinations… à moins qu’une créature hante réellement le lac…

Le film

[3,5/5]

Le nom de Chris Sivertson n’est pas inconnu des amateurs de cinéma d’horreur : on l’avait en effet découvert en 2006 avec The Lost, une adaptation d’un roman de Jack Ketchum, qui avait bénéficié d’une sortie en DVD couplée avec le magazine Mad Movies. Son film suivant, I Know who killed me (2007), qui mettait en scène une Lindsay Lohan alors au centre de la tornade médiatique, avait connu une violente volée de bois de la part de la critique de l’époque : le film avait par ailleurs remporté sept Razzies lors de la 28ème édition des Golden Raspberry Awards, qui récompensent les plus mauvais films de l’année. Toutefois, le film avait par la suite connu une espèce de réhabilitation par le biais de plusieurs programmations lors de festivals : Ty Burr, critique du très sérieux Boston Globe, avait ainsi comparé le film de Chris Sivertson à certaines œuvres de Brian de Palma et David Lynch.

En 2013, Chris Sivertson avait refait parler de lui en co-signant avec Lucky McKee l’écriture et la réalisation du slasher parodique All Cheerleaders Die, qui devait à l’origine être le premier d’une série de films écrits et réalisés par le duo de cinéastes. Et puis voilà : Chris Sivertson et Lucky McKee ont disparu sans laisser de traces. Dix ans plus tard, Chris Sivertson réapparaît avec Monstrous, un film fantastique dont le cœur est finalement assez proche des thématiques abordées par I Know who killed me en 2007, que cela soit au niveau des répercussions psychologiques de la violence et de la douleur ou du fait, justement, de ne pas parvenir à surmonter ses traumatismes les plus profonds.

Mettant en scène une femme fuyant un mari violent en traversant l’Amérique en compagnie de son jeune fils, Monstrous fait preuve d’une certaine originalité en plaçant son intrigue en plein cœur des années 50. Pour autant, l’idée de Chris Sivertson et de sa scénariste Carol Chrest n’est pas de verser dans la nostalgie d’une Amérique fantasmée largement relayée par le cinéma populaire des années 80, mais plutôt de s’en détourner. Monstrous n’emmènera ainsi pas le spectateur dans les dinners, les drive-ins et les petits pavillons de banlieue où il fait bon vivre que l’on pouvait voir dans des films tels que Retour vers le futur ou Peggy Sue s’est mariée, mais au contraire dans une Amérique au cœur de laquelle la femme n’a pas le droit au chapitre, et plus que jamais régie par les règles du patriarcat et de la « pression domestique ».

Même si Chris Sivertson et Carol Chrest tentent d’utiliser l’horreur pour capter l’intérêt du public et dévier son attention du contenu politique de l’intrigue, Monstrous explore tout de même mine de rien plusieurs aspects de l’aliénation et de la « charge mentale » subie par les femmes des années 50, ce qui contribuera au final à créer une espèce d’ambiance d’étrangeté et d’instabilité qui s’avérera un terreau fertile pour l’apparition de la « créature » du film, venue de l’étang voisin et semblant bien déterminée à y emmener le petit Cody (Santino Barnard), 7 ans et fils de Laura, incarnée par une Christina Ricci qui retrouve enfin ici, un peu plus de quinze ans après Black Snake Moan, un rôle à la mesure de son talent.

Car même si l’Histoire du cinéma ne retiendra probablement à tout jamais d’elle que sa prestation dans le rôle de Mercredi Addams dans les films de Barry Sonnenfeld, c’est bel et bien la prestation de Christina Ricci qui permet à Monstrous de fonctionner sur la durée : l’actrice donne en effet de la chair à son personnage, en maîtrise les nuances du début à la fin du film, et nous propose une interprétation assez fascinante de cette femme et de son effondrement émotionnel. L’importance de la prestation de l’actrice est d’autant plus flagrante que le budget alloué par Saban Films à Chris Sivertson afin de donner vie à sa vision n’est pas forcément des plus confortables : les CGI animant la créature à laquelle Cody et Laura doivent faire face ne sont pas les plus impressionnants que l’on ait pu voir ces dernières années sur un écran de cinéma, et le moins que l’on puisse dire est que ces effets spéciaux un peu trop pauvres nécessiteront une bonne dose d’indulgence de la part du spectateur. Pour autant, Monstrous compte également quelques scènes efficaces, notamment dans la façon dont Laura va devoir mener une guerre – que l’on sait perdue d’avance – contre les différents représentants des bonnes mœurs US (la logeuse, le patron, la police).

Le Blu-ray

[4/5]

Sur le plan technique, Metropolitan Vidéo nous livre à nouveau avec cette édition Blu-ray de Monstrous un sans-faute absolu : la définition est d’une précision cristalline, le piqué littéralement chirurgical, les contrastes sublimes, tout est au taquet, et ce malgré les nombreuses scènes sombres ou plongées dans la fumée. L’immersion est absolue côté réalisme et profondeur de champ. Côté son, même constat, on est dans l’excellence acoustique absolue et totale. La bande-son est encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, en VF comme en VO : il n’y a rien à redire, c’est tout simplement excellent. Les basses font littéralement trembler les murs durant les scènes de flippe, bref, l’immersion est totale et vraiment bluffante – un très beau travail technique. Pas de suppléments.

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