Test Blu-ray : Monster Dog

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Monster Dog

Espagne, Italie : 1984
Titre original : Leviatán
Réalisation : Claudio Fragasso
Scénario : Claudio Fragasso, Rossella Drudi
Acteurs : Alice Cooper, Victoria Vera, Carlos Santurio
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h24
Genre : Horreur
Date de sortie Blu-ray : 31 mars 2024

Accompagné de sa fiancée, Sandra, et de deux couples d’amis, la star du rock Vince Raven se rend dans la demeure de ses défunts parents, située dans un lieu isolé en rase campagne, afin de tourner son dernier clip. Croisant sur leur route le shérif, celui-ci les met en garde : plusieurs personnes ont récemment perdu la vie, le corps déchiqueté. Un peu plus tard, le groupe renverse accidentellement un berger allemand, puis rencontre un vieillard proférant d’étranges menaces liées à une malédiction. Quand Vince et ses amis arrivent enfin à destination, c’est pour constater que Jos, le gardien de la maison, qui devait les accueillir, a disparu…

Introduction

Le Chat qui fume et les films que vous ne verrez jamais sur Netflix – Vague 5

L’explosion de Netflix et de quelques autres services de SVOD en France a, en l’espace de quelques années seulement, considérablement affaibli le secteur de la vidéo physique en DVD et Blu-ray. Aujourd’hui, les éditeurs vidéo doivent avoir recours à différentes astuces afin de maintenir les consommateurs dans leur giron. Cela dit, grâce à une présence accrue sur les réseaux sociaux, à des éditions collector en pagaille et à de « beaux objets » prenant la forme de luxueux coffrets, Le Chat qui fume est peu à peu parvenu à faire son trou dans le cul cœur des cinéphiles français, et à devenir un des acteurs les plus incontournables de son secteur d’activités.

Cependant, ce n’est pas parce qu’on s’est imposé comme le leader incontesté qu’il faut se reposer sur ses lauriers, et quitte à prendre des risques, Le Chat qui fume a encore innové en 2022, en lançant une première série de cinq films au format Blu-ray. Peut-être considérés comme un peu plus « obscurs » que les autres films disponibles dans le catalogue de l’éditeur, ces bonnes grosses raretés des années 70/80/90 ne faisaient peut-être pas partie des plus connues et prestigieuses, mais avaient régalé les écumeurs de vidéoclubs à la grande époque de la VHS triomphante. Proposés à bas prix et dans des boîtiers standard, les raretés proposées par Le Chat qui fume dans ses premières vagues étaient Draguse ou le Manoir infernal, L’Aube sauvage (Savage Dawn), Le Souffle maudit (Demon Wind), Mutronics (The Guyver), Red Mob (Chtoby vyzhit), Special Effects, Breeders, Video Dead, Scarecrows, L’Abîme (The Rift), Cherry 2000, The Gate II, L’Ange de la destruction (Eve of Destruction), Blastfighter – L’Exécuteur et Brigade des Mœurs.

Cela ressemble maintenant à une tradition : à chaque nouvelle livraison de titres « majeurs », Le Chat qui fume nous propose dorénavant une poignée de titres destinés à gonfler les rangs de cette collection nostalgique. La cinquième vague de ces petits plaisirs coupables estampillés 80’s est composée de :

Le Grand amour du Comte Dracula (El gran amor del conde Drácula) – Javier Aguirre, 1974

Monster Dog – Claudio Fragasso, 1986

Voyage au bout de l’horreur (The Nest) – Terence H. Winkless, 1988

Heart of Midnight – Matthew Chapman, 1988

Si vous ne les avez peut-être pas tous loués dans les années 80/90, ces films, vous les connaissez tout de même, de nom ou de réputation – vous avez probablement lu des articles à leur sujet dans Mad Movies ou dans Impact, à la grande époque de Jean-Pierre Putters. On espère que ce galop d’essai trouvera son public, et saura attirer les amateurs de bandes déviantes vintage en France de la même façon qu’aux États-Unis. Cela fait un moment en effet que le marché a évolué dans cette direction aux États-Unis, pays où tous les nanars bénis de l’époque de la VHS, même les plus improbables ou les plus méconnus, voient le jour en Haute-Définition. Une bonne affaire pour des cinéastes tels que Fred Olen Ray, David DeCoteau, Jim Wynorski, Andy Sidaris, Rick Sloane, Kevin Tenney, Douglas Hickox ou Albert Band, hier méprisés, aujourd’hui largement remis sur le devant de la scène…

Si on est loin, très loin, d’en être au même point en France, Le Chat qui fume a tout de même fait le choix avec cette vague de se tourner vers le passé, quitte à exhumer de petits films que l’on n’aurait jamais cru voir débarquer en France il y a encore quelques années. Dans les 80’s, le crédo des éditions René Chateau était de nous donner à découvrir « les films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Se posant dans la continuité de l’éditeur historique, Le Chat qui fume semble aujourd’hui bien déterminé à offrir au consommateur « les films que vous ne verrez jamais sur Netflix ».

Le film

[3,5/5]

Il vous suffira de participer à un festival dédié au cinéma fantastique pour vous en convaincre : cinéma d’horreur et musique métal sont étroitement liés. Si on n’en fait pas une généralité, force est de constater que l’on croise davantage de métalleux arborant fièrement tatouages, barbes, poils et T-Shirts bariolés dans les allées du SXSW, du PIFFF, du NIFFF, du FIFFS ou du BIFFF (du-du-du BIFFF) que dans les allées du salon du mariage, de l’agriculture ou du camping-car. CQFD. D’ailleurs, les passerelles entre le rock énervé et le cinéma de genre sont littéralement innombrables : le Septième Art a, au fil des années, suivi de très nombreux groupes de hard ou de métal (Metallica : Some kind of monster, Lemmy, Anvil…), de grands noms du heavy metal apparaissent occasionnellement dans des films (Ozzy Osbourne, Lemmy Kilmister, Alice Cooper, Gene Simmons…), et des groupes métal divers et variés signent régulièrement les bandes originales de films d’horreur.

Enfin, il est impossible d’ignorer les groupes ou personnalités de la musique métal qui ont tenté de percer via le cinéma d’horreur : on pense à Dee Snider (Twister Sister) avec Strangeland (1998), à Cradle of Filth avec Cradle of fear (2001), à Lordi avec Dark floors (2008) ou Monsterman (2014). Et bien sûr, avant eux, il y avait eu Kiss avec Kiss contre les fantômes (1978), et Alice Cooper dans Monster Dog (1984), deux films que les métalleux cinéphiles français avaient cherché à se procurer en VHS Import tout au long des années 80, et avaient parfois du mater en noir et blanc à cause du fameux problème de compatibilité PAL / NTSC (ça vous rappelle des souvenirs, les vieux ?).

De fait, Monster Dog a toujours été considéré comme « le film d’horreur d’Alice Cooper » : s’il n’était absolument pas impliqué dans l’écriture du scénario ou le choix du sujet, le film nous donnait à voir et à entendre deux titres inédits, plus ou moins balancés à l’écran par Claudio Fragasso sous la forme de vidéo-clips. En réalité, la présence de ces deux clips au cœur du film ne fait que mettre en évidence le fait que la principale inspiration des producteurs de Monster Dog était de surfer sur le carton du clip Michael Jackson’s Thriller (1983), réalisé par John Landis, ainsi que sur Le Loup-garou de Londres, également réalisé par John Landis en 1981.

Avec son intrigue mettant en scène – entre autres – un loup-garou, l’ambition de Claudio Fragasso et son équipe sur Monster Dog était sans doute en partie de surfer sur le travail de Rick Baker sur les effets spéciaux des deux films de John Landis. Malheureusement, le résultat à l’écran était loin de rivaliser avec les scènes de métamorphose de ces deux films, et a carrément été coupé au montage. Mais là n’est pas le principal intérêt du film : il s’agit surtout d’une des rares incursions au cinéma de la légende du rock Alice Cooper. Père fondateur du shock rock, Alice Cooper est un auteur-compositeur-interprète évoluant dans le business du hard rock depuis plus de cinquante ans. Pour ceux qui l’ignoreraient, son attitude, son apparence et ses mises en scène macabres s’inspirent des films d’horreur et du Grand-Guignol… ce qui en faisait le candidat idéal pour un film d’horreur !

Monster Dog est le fruit d’une coproduction entre l’Espagne et l’Italie. Le film a été tourné en Espagne, à un moment où la carrière d’Alice Cooper marquait des signes de faiblesse : son dernier album en date, DaDa (1983), s’était avéré un violent échec commercial, et le chanteur, alors âgé de 36 ans, se débattait avec de gros problèmes d’alcoolisme. De son propre aveu, il avait commencé le tournage du film en 1984 juste après sa cure de désintoxication, afin de voir s’il était capable de travailler tout en restant sobre. Bien entendu, le film est signé Claudio Fragasso, collaborateur régulier de Bruno Mattei (Virus cannibale, Bianco Apache, Scalps…), et d’entrée de jeu, on savait bien que le ressenti du spectateur à la découverte du film se situerait davantage du côté du plaisir coupable que du véritable choc esthétique, et à ce niveau, Monster Dog nous donne vraiment ce qu’on s’attendait à voir : deux chansons d’Alice Cooper, un peu de gore, un loup-garou, des bandits de western et un chien-monstre, le tout nous étant livré de façon énergique et un peu nawak.

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est sous les couleurs du Chat qui fume que débarque donc Monster Dog en France, et au format Blu-ray qui permet au film de rendre honneur à la belle photo de José García Galisteo. Le film nous est proposé dans un boîtier classique, ce qui lui assure un tarif imbattable et contribue à renforcer l’aspect « collection » autour des titres méconnus que l’éditeur nous propose de (re)découvrir avec cette nouvelle vague orientée Horror 80’s. Comme d’habitude, la maquette et la composition graphique de la jaquette a été confiée aux bons soins de l’excellent Frédéric Domont.

Côté image, le Blu-ray de Monster Dog s’avère d’excellente facture : l’ensemble est d’une clarté surprenante, le niveau de détail excellent, les couleurs sont agréables, avec des contrastes boostés sur les deux clips d’Alice Cooper. Par ailleurs, le grain cinéma a été préservé : il s’agit d’une présentation optimale pour un film que l’on désespérait de voir arriver un jour sur les linéaires de nos revendeurs. Côté son, le film de Claudio Fragasso s’impose dans un mixage VO et DTS-HD Master Audio 2.0. Les dialogues sont clairs, et les scènes musicales bénéficie d’un rendu acoustique fidèle à l’ambiance « rock » du film.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord une sélection de scènes coupées (14 minutes), présentées en définition standard avec des sous-titres japonais. Pour la plupart, il s’agit de coupes très courtes mais parfois intéressantes du point de vue de la narration, parce qu’elles développent les interactions entre les personnages, proposent des dialogues alternatifs ou comblent quelques trous narratifs. On notera une amusante scène de métamorphose dont on comprend qu’elle ait été écartée du montage final. On terminera enfin avec un making of rétrospectif (43 minutes), qui donnera la parole non pas à Lamberto Bava comme indiqué sur la jaquette et dans le menu du Blu-ray, mais au réalisateur Claudio Fragasso, à la scénariste Rosella Drudi et au producteur exécutif Roberto Bessi. Ils y reviendront sans langue de bois sur l’histoire du film et sur son tournage. Plusieurs anecdotes sont intéressantes : on découvrira notamment la raison pour laquelle Alice Cooper a fini par être doublé, les différents problèmes pour créer le monstre du film, le comportement très affable d’Alice Cooper vis-à-vis de l’équipe ou encore le fait que Claudio Fragasso aimait tirer des coups de feu sur le plateau. Rosella Drudi se remémorera une anecdote assez amusante tournant autour d’un photographe de plateau ayant interrompu le tournage. Fragasso et Drudi évoqueront par ailleurs leur déception à la découverte du montage final, raccourci d’une vingtaine de minutes. Pour vous procurer cette édition Blu-ray limitée à 1000 exemplaires, rendez-vous sur le site de l’éditeur !

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