Test Blu-ray : Mon ami robot (Robot Dreams)

0
274

Mon ami robot (Robot Dreams)

Espagne, France : 2023
Titre original : Robot Dreams
Réalisation : Pablo Berger
Scénario : Pablo Berger
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h43
Genre : Animation, Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 27 décembre 2023
Date de sortie DVD/BR : 24 juillet 2024

Dog vit à Manhattan et la solitude lui pèse. Un jour, il décide de construire un robot et ils deviennent alors les meilleurs amis du monde ! Par une nuit d’été, Dog avec grande tristesse, est obligé d’abandonner Robot sur la plage. Se reverront-ils un jour ?

Le film

[4,5/5]

Une dizaine d’années après Blancanieves, le cinéaste espagnol Pablo Berger revient au « muet » avec Mon ami robot (Robot Dreams), un brillant film d’animation ayant pris soin d’éliminer toute trace de dialogue pour mieux retrouver l’essence de l’expression/émotion pure à travers l’amitié improbable se créant entre un robot et le chien qui l’a acheté pour pallier à sa solitude dans la fourmilière du New York des années 80.

Avec son design simple et naïf, évoquant des séries animées populaires telles que Les Griffin ou Bob’s Burger, le film Mon ami robot (Robot Dreams) s’impose comme une expérience visuelle inattendue de la part de Pablo Berger, qui nous avait jusqu’ici habitué à des films à la photo somptueuse et à la mise en scène sophistiquée. Pour autant, et en dépit de la simplicité apparente de son dispositif visuel, le cinéaste espagnol parvient avec son nouveau film à toucher du doigt une émotion quasi-universelle, qui s’avère d’autant plus remarquable qu’elle fait preuve d’un sens aigu du mouvement, des lieux et surtout de la retranscription des sentiments.

Car mine de rien, Mon ami robot (Robot Dreams) explore avec talent le sentiment de solitude, et parvient sans un mot à faire passer énormément de choses, avec une clarté telle que même les plus jeunes spectateurs pourront comprendre le désarroi de ces personnages isolés, qui se retrouveront en mangeant des Cheetos et en dansant sur l’air de « September » d’Earth, Wind & Fire. Et quand Dog et Robot se retrouvent séparés par un événement inattendu, les deux amis commenceront à vivre des fantasmes de retrouvailles au fur et à mesure que les saisons changent, permettant au spectateur de saisir toute la force de leur lien.

À partir du moment où les deux personnages se retrouvent à nouveau seuls, le scénario de Pablo Berger, adapté du livre pour enfants « Robot Dreams » signé Sara Varon (qui avait également la particularité notable de ne pas proposer le moindre texte), fait le choix de créer des expériences distinctes pour Dog et Robot. Dog fait face à la séparation en continuant à vivre sa petite vie, mais le chagrin fait qu’il est en proie à des cauchemars. De son côté, Robot, incapable de bouger, laisse son esprit l’emmener là où son corps mécanique ne peut pas aller. C’est dans ces passages souvent émouvants que Mon ami robot (Robot Dreams) parvient à faire beaucoup avec très peu, offrant une compréhension des personnages et des lieux à la manière d’un film muet, suivant l’évolution des personnages au fur et à mesure que leurs vies changent au cours de l’année, grâce à l’aide d’autres personnes.

Le tout est donc à la fois paradoxalement très triste et joyeux, Mon ami robot (Robot Dreams) prenant le temps d’analyser de façon réaliste les relations entre Dog et Robot ainsi que leur évolution naturelle. Et si l’émotion est forte dans le dernier acte du métrage, on notera que le but de Pablo Berger n’est pas de se vautrer dans le pathos, loin de là – le film au contraire met le doigt de façon assez fine sur le concept d’amitié et sur ses voies parfois douloureuses, soulignant l’existence de liens qui ne sont pas toujours destinés à durer, mais qui peuvent néanmoins rester à jamais dans les mémoires. Une touchante illustration de la maxime « loin des yeux, loin du cœur », en somme…

On notera par ailleurs l’importance de la toile de fond New Yorkaise au cœur de Mon ami robot (Robot Dreams), la Grosse Pomme s’imposant rapidement comme un personnage secondaire du film, au même titre que les marques régulièrement utilisées par Pablo Berger pour ancrer son récit dans une certaine réalité, ou du moins dans un imaginaire cinématographique très précis. À ce titre, il porte une attention toute particulière aux détails (architecture, géographie, résidents, entreprises), tout autant qu’à la conception sonore de son film, qui permet de donner vie aux images d’une façon extrêmement immersive.

Le Blu-ray

[4/5]

On l’a dit un peu plus haut, Mon ami robot (Robot Dreams) est à sa manière une illustration de la célèbre maxime « loin des yeux, loin du cœur ». Et au final, il s’avère assez amusant que le film de Pablo Berger sorte aujourd’hui au format Blu-ray sous les couleurs de Wild Side Vidéo, éditeur autrefois florissant, immense pourvoyeur de DTV et de découvertes cinéma pendant une quinzaine d’années, qui aujourd’hui ne nous propose plus qu’une maigre poignée de sorties vidéo par an, au point même que de nombreux cinéphiles pensaient que Wild Side avait tout simplement mis « la clé sous la porte » et avait cessé toute activité.

Il n’en est finalement rien, et le Blu-ray de Mon ami robot (Robot Dreams) est tout simplement sublime. Couleurs, textures, piqué, tout est au taquet, l’éditeur nous offre une copie Haute-Définition du film tout simplement irréprochable, aucun défaut à l’horizon. Côté son, le film nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 extrêmement efficace, riche en effets de spatialisation en tous genre. Bref, il n’y a rien à redire, tout est parfait, c’est un travail tout simplement magnifique – tout est donc réuni pour une expérience Home Cinema vraiment extraordinaire et mémorable.

Du côté des suppléments, Wild Side nous propose une série de featurettes intéressantes, qui reviendront pendant un peu plus de trois quarts d’heure sur l’envers du décor d’un film passionnant. On commencera avec un focus sur les thèmes du film (5 minutes), en compagnie de Pablo Berger et Sara Varon, qui évoqueront l’amitié, la notion de « perte », la mémoire. On continuera en abordant le New York des 80’s (4 minutes), Pablo Berger qualifiant New York de troisième personnage du film, et expliquant la façon dont il envisage Mon ami robot comme un « film d’époque ». On abordera ensuite la notion de film sans paroles (3 minutes), en opposition avec celle de film « muet », avec Ivan Labanda, directeur des voix, ainsi que la bande-son (5 minutes), et la volonté de l’équipe du film de retrouver la « musique de la rue » – le sujet est rythmé par les interventions de Yuko Harami, responsable des repérages, de la documentation et du montage musical, ainsi que par celles d’Alfonso de Vilallonga, compositeur de la bande originale.

Le sujet suivant sera consacré au style d’animation du film (7 minutes), avec le directeur de l’animation Benoît Feroumont, sur les différents styles musicaux que l’on entend dans les rues de New York (2 minutes), qui vont de la musique cubaine au hip hop en passant par le punk, le rock indé et bien sûr le morceau « September » des Earth, Wind & Fire. On continuera à explorer les facettes de la reconstitution de New York avec un focus sur le son de la ville (7 minutes), en compagnie de la designer sonore Fabiola Ordoyo, et sur le fait de dessiner New York (7 minutes) en revenant sur les différentes étapes du processus d’animation avec le directeur artistique José Luis Ágreda. Enfin, on terminera avec un sujet dédié à Pablo Berger, qui évoquera son passage du film en prises de vues réelles à l’animation (6 minutes), et dans lequel il reviendra sur son obsession du détail, ainsi que sur les points communs qu’entretiennent tous ses films, en termes d’émotion, de surprises, d’humour et de musique. La section bonus se fermera sur la traditionnelle bande-annonce.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici