Moi et les hommes de 40 ans
France, Italie, Allemagne : 1965
Réalisation : Jack Pinoteau
Scénario : Paul Andréota, Jack Pinoteau, Jean-Jacques Rouff, Walter Ulbrich
Acteurs : Dany Saval, Paul Meurisse, Michel Serrault
Éditeur : Gaumont
Genre : Comédie
Durée : 1h35
Date de sortie cinéma : 19 mars 1965
Date de sortie DVD/BR : 13 mars 2024
Caroline, une jolie manucure de 20 ans, est déçue par son petit ami, Maxime. Elle décide alors d’accepter les nombreuses propositions que lui font les quadragénaires fréquentant le salon de coiffure où elle travaille. Entourée d’hommes aux tempes grisonnantes et pour la plupart mariés, elle est prise dans une suite d’événements rocambolesques, jusqu’à se retrouver involontairement fiancée à un milliardaire…
Le film
[3,5/5]
Si on connaît bien la carrière de Claude Pinoteau, réalisateur de grand succès populaires tels que La Gifle ou La Boum, en revanche, on ne connaît souvent de la filmographie de son frère Jack Pinoteau que ses collaborations avec Darry Cowl, notamment sur Le Triporteur, le film dans lequel il prononce sa fameuse réplique « Petit canaillou » par la suite largement popularisée par Kad Merad. La carrière de Jack Pinoteau au cinéma s’est étalée de 1948 à 1965 ; tout au long de ses dix-sept années, il occuperait alternativement les postes de réalisateur et d’assistant-réalisateur.
Moi et les hommes de 40 ans est son dernier film de cinéma. Sorti en 1965, il attirerait dans les salles un peu plus de 447.000 français. Conçu à la façon d’un film à sketches, le film enchaîne les saynètes humoristiques au fil des rencontres entre l’héroïne, Caroline, interprétée par Dany Saval, et trois « hommes de quarante ans ». Chaque segment pourrait être vu comme un petit film à part entière, dans le sens où les personnages apparaissent puis disparaissent sans jamais revenir par la suite, mais l’ensemble est lié par la personnalité de Dany Saval, qui porte littéralement le film sur ses épaules, avec l’aide – il faut bien l’admettre – d’excellents dialogues signés Philippe Bouvard.
Le premier segment de Moi et les hommes de 40 ans narre les déboires de Caroline lors d’un rendez-vous galant accordé par erreur à la fois à Paolo Ferrari et à Michel Serrault, qui se trouvent être voisins, et tous deux mariés. Portée par l’énergie et le cabotinage hilarant de Michel Serrault, cette saynète joue clairement la carte du vaudeville, avec son lot de portes qui claquent, de personnages qui courent dans tous les sens, avec en prime une Caroline fourrée dans un sac et bringuebalée d’une pièce à l’autre à grands renforts de cris perçants.
Le deuxième segment de Moi et les hommes de 40 ans suit Caroline en week-end à Deauville ; profitant de l’invitation de Michel Galabru, elle compte en réalité se rapprocher d’un beau médecin interprété par Paul Hubschmid. Il va sans dire qu’à la manière du premier segment qui laissait le champ libre à Michel Serrault, cette deuxième petite histoire est essentiellement centrée sur l’exubérance de Michel Galabru, qui nous réserve une poignée de séquences assez drôles, et parfois même plutôt surréalistes, à l’image de cette démonstration de barres parallèles outrancièrement effectuée par un cascadeur.
Enfin, le dernier segment de Moi et les hommes de 40 ans évoque la rencontre entre Caroline et un milliardaire incarné à l’écran par Paul Meurisse. Ce dernier récit ne mettant en scène qu’un seul personnage masculin, il nous proposera un véritable festival, un quasi-one man show de la part de l’inoubliable interprète du Monocle, qui fait ici preuve d’une fantaisie inattendue, tout en usant et abusant de sa stature élancée et de son charisme pour occuper l’espace. Son humour pince-sans-rire mêlée au côté pétillant de Dany Saval (future madame Drucker) terminent le film sur une note clairement bon enfant. Une curiosité à redécouvrir.
Le Blu-ray
[4/5]
Moi et les hommes de 40 ans vient d’intégrer les rangs de la prestigieuse collection Blu-ray Découverte de chez Gaumont (aussi appelée Gaumont découverte en Blu-ray), et pour cette occasion, le film de Jack Pinoteau s’est offert une restauration 2K effectuée par le laboratoire Éclair. Le grain argentique est parfaitement respecté et le noir et blanc est littéralement somptueux : qu’il s’agisse de la définition, du piqué, des contrastes ou de la tenue des noirs, tout est indéniablement soigné, même si bien sûr les quelques plans à effets (fondus enchaînés) affichent un peu plus de grain que les autres. En deux mots, c’est du très joli boulot technique. Côté son, le film nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, clair et sans souffle : c’est parfait !
Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose une présentation du film par Jean-Michel Pinoteau et Sylvain Perret (18 minutes). Le fils de Jack Pinoteau ouvrira le sujet, en évoquant une poignée de souvenirs d’enfance (on ne rigolait pas à table) ainsi que ses maigres souvenirs du tournage de Moi et les hommes de 40 ans (on apprendra cela dit que la Rolls Royce conduite par Paul Meurisse à la fin du film était dorée). Sylvain Perret, responsable éditorial chez Gaumont, prendra ensuite le relais et ne faillira pas à sa réputation d’immense défenseur du cinéma populaire tendance bis / exploitation, notamment made in France. Il y reviendra sur la carrière de Jack Pinoteau et son étrange disparition des radars, tout en déplorant la difficulté à trouver des témoignages sur les films populaires des années 50/60. On terminera ensuite avec un sujet consacré à la restauration du film (4 minutes), sur le mode toujours payant du « avant / après ».