Test Blu-ray : Mo’ Better Blues

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Mo’ Better Blues

États-Unis : 1990
Titre original : –
Réalisateur : Spike Lee
Scénario : Spike Lee
Acteurs : Denzel Washington, Spike Lee, Wesley Snipes
Éditeur : Elephant Films
Durée : 2h09
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 21 novembre 1990
Date de sortie DVD/BR : 7 juillet 2020

En 1969, Bleek Gilliam a 12 ans quand il commence son initiation à la trompette. 20 ans plus tard, il a formé son quintet et joue avec passion. Absorbé par la musique, les concerts et la vie d’artiste, il va peu à peu s’isoler de son entourage, de ses groupies dévouées ou de sa famille, plus rien ne semble compter. Les choses se corsent quand Giant, son impresario, s’endette et met la vie et la carrière de Bleek en danger…

Le film

[4/5]

Un an après l’uppercut Do the right thing, qui l’imposerait définitivement dans la cour des grands cinéastes de la fin des années 80, Spike Lee prenait tout le monde à revers avec Mo’ Better Blues, qui suivait les déboires d’un trompettiste de jazz incarné par Denzel Washington. Mais à y regarder d’un peu plus près, il semble que le film s’intègre finalement de façon assez harmonieuse avec les autres films de son début de carrière.

En effet, ses films proposaient tous, et dès ses débuts, une vision extrêmement stylisée de la société, au point de souvent même pencher du côté de la fable politique et morale. Humaniste, son œuvre appelait à l’apaisement des conflits, entre les races autant qu’entre les générations. Ce thème de la « réconciliation » raciale et générationnelle, on le retrouve évidemment de façon nette au cœur de Mo’ Better Blues. C’est d’ailleurs encore plus évident quand on considère que la quasi-intégralité des morceaux que l’on entend dans le film sont signés Bill Lee… jazzman et propre père de Spike Lee.

Cela dit, la passion du jazz ne se transmet pas forcément, et Mo’ Better Blues ne fera que nous confirmer que Spike Lee était plus à son aise à filmer le rap, musique de sa génération qu’il a d’ailleurs contribué à faire connaître à travers le monde. Ainsi, il semble clair dès les premières séquences du film que Spike Lee considère le jazz comme un Art, et de fait, il nous en propose à l’image un rendu plus conventionnel et aseptisé, loin, très loin, trèèèèèèèèèès loin de l’inoubliable générique de début de Do the right thing, porté par le « Fight the power » de Public Enemy.

C’était là une façon pour Spike Lee de dire, non sans humour, qu’il ne se poserait jamais forcément là on où l’attendait. Mais le fait de slalomer entre les genres n’évite pas ici les clichés dans la représentation du musicien totalement dévoué à son Art et à son instrument, ou encore dans la description de ses quelques personnages féminins, qui dépassent rarement le stade du stéréotype. Cela donne à Mo’ Better Blues un côté un peu lisse et artificiel, à l’image de ces scènes de concert, idéalisées à mort par la superbe photo d’Ernest Dickerson. On notera par ailleurs que Wesley Snipes, dont la carrière n’avait pas encore explosé, livre une belle performance dans la peau d’un saxophoniste « compétiteur ».

Cependant, c’est aussi grâce à ces clichés, devenus presque incontournables dans les films suivant la carrière d’un musicien, que le film gagne des points et pourra nous paraître si moderne trente ans après sa sortie en salles. L’académisme presque « universel » de l’histoire qui nous est contée (fable morale et un peu vieux jeu), la mise en scène élégante / inventive de Spike Lee et le jeu habité de Denzel Washington permettent en effet à Mo’ Better Blues de traverser les années sans prendre la moindre ride.

Le Blu-ray

[4/5]

C’est donc Elephant Films qui nous propose aujourd’hui de (re)découvrir Mo’ Better Blues en Blu-ray. L’image est proposée au format, le piqué est très satisfaisant, les couleurs sont tout particulièrement éclatantes, avec des contrastes bien tranchants, et le tout est proposé dans un master stable et bien restauré, tout en respectant scrupuleusement le grain argentique d’une captation en 35 mm. Côté son, VF et VO sont toutes deux mixées en DTS-HD Master Audio 2.0. Les deux versions restituent les dialogues avec la plus parfaite clarté, et les nombreuses scènes musicales font preuve d’une dynamique surprenante.

Du côté des suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce du film, on trouvera une intéressante présentation du film par Régis Dubois (12 minutes). L’auteur de « Spike Lee, un cinéaste controversé » y reviendra sur quelques-uns des aspects les plus marquants du film et de la mise en scène de Spike Lee. On notera également la présence d’un livret exclusif de Stephen Sarrazin (32 pages) qui ne nous a malheureusement pas été fourni par l’éditeur.

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