Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde
France, Chine, Guadeloupe : 2019
Titre original : –
Réalisation : Hélène Giraud, Thomas Szabo
Scénario : Hélène Giraud, Thomas Szabo
Acteurs : Bruno Salomone, Thierry Frémont, Stéphane Coulon
Éditeur : Éditions Montparnasse
Durée : 1h32
Genre : Animation
Date de sortie cinéma : 30 janvier 2019
Date de sortie DVD/BR : 30 mai 2019
Quand tombent les premières neiges dans la vallée, il est urgent de préparer ses réserves pour l’hiver. Hélas, durant l’opération, une petite coccinelle se retrouve piégée dans un carton… à destination des Caraïbes ! Une seule solution : reformer l’équipe de choc ! La coccinelle, la fourmi et l’araignée reprennent du service à l’autre bout du monde. Nouveau monde, nouvelles rencontres, nouveaux dangers… Les secours arriveront-ils à temps ?
Le film
[4/5]
Durant les premières minutes de Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde, le spectateur retrouve la petite coccinelle insolente héroïne du premier film, qui s’amuse à nouveau à provoquer les mouches du voisinage, ce qui entraînera inévitablement une course-poursuite à travers les bois : les habitués de la série TV Minuscule sont en terrain connu, confortable, avec même un vague petit sentiment de déjà vu, même si la poursuite ne se déroule non plus au printemps mais durant l’hiver. Il n’en faudrait pas beaucoup plus pour que les spectateurs ayant déjà vu le premier épisode des aventures de ces toutes petites bêbêtes puissent craindre une certaine idée de « redite » ou de répétition par rapport au premier opus.
Mais Thomas Szabo et Hélène Girard, qui se cachent derrière les bestioles de Minuscule depuis presque une quinzaine d’années maintenant, ont plus d’un tour dans leur sac ! Et une fois passée cette introduction classique (la course-poursuite mouches / coccinelle est un gag récurrent dans la vie de ces petites bestioles des bois), Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde entrera de plein pied dans la nouveauté : les deux cinéastes bousculent leurs habitudes narratives, étendent leur univers et par la même occasion bouleversent la routine du spectateur en introduisant dans le récit des éléments jusqu’ici complètement inédits.
Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde nous propose en effet une histoire complexe, au cœur de laquelle interviendront une série de personnages humains, et allant encore beaucoup plus loin que la série et le premier film dans l’humour absurde et la suspension d’incrédulité – on suit en effet ici une araignée mélomane qui traversera l’Atlantique aux commandes d’un bateau volant grâce à cinq ou six ballons gonflés par une fourmi. Pour autant, le moins que l’on puisse dire est que le film fonctionne parfaitement, à la façon d’un Toy Story par exemple, et que suivre les pérégrinations de ces insectes en milieu inhospitalier (la Guadeloupe et ses créatures étranges : araignées géantes, chenilles urticantes, mantes religieuses, phasmes…) s’avère un véritable plaisir. Un plaisir d’autant plus original et audacieux que Thomas Szabo et Hélène Girard demeurent fidèles à leur volonté de départ : proposer un film complètement muet, dénué de la moindre ligne de dialogue. L’exploit est de taille, et l’expérience s’avère tout à fait convaincante. Une belle réussite que résumait en ces mots notre rédacteur en chef Pascal le Duff au moment de la sortie du film en salles :
« Thomas Szabo et Hélène Giraud prennent les commandes de cette suite à leur premier opus sorti en 2014. La fluidité de l’animation, mêlée à de très belles prises de vues réelles, permet de s’impliquer dans les aventures amusantes de ces petites bêtes qui montent, qui montent et parfois descendent avec fracas. Les péripéties sont chorégraphiées au millimètre comme au temps du cinéma muet.
Pas de dialogues mais une musique espiègle et quelques interactions avec des êtres humains (dont Thierry Frémont et Bruno Salomone) résumés à des corps burlesques et des grognements comiques. Le nouveau cadre géographique, la Guadeloupe, permet aux réalisateurs de se renouveler pour nous dérider les mâchoires, nous titiller les mandibules et nous pincer le cœur. »
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est donc sous les couleurs des Éditions Montparnasse que débarque aujourd’hui Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde sur support Blu-ray. Fidèle à ses habitudes en matière de Haute Définition, l’éditeur a assuré avec une image qui dépote à 100% : définition, piqué, niveau de détail, tout est au taquet, on est vraiment en présence d’une très belle galette HD, qui sublime des plans pensés pour prendre une ampleur visuelle impressionnante lors d’une projection sur grand écran ; la profondeur de champ est excellente, les couleurs sont saturées à mort avec un niveau de détail assez époustouflant et des noirs admirablement gérés, point indispensable car une poignée de séquences se déroulent de nuit. Malheureusement, et il faut bien le préciser, on notera que le Blu-ray de Minuscule 2 a été encodé en 1080i, accélérant le défilement « cinéma » du film et réduisant sa durée d’1h32 à 1h28. Bien sûr, ce genre de pinaillage ne tracasse que quelques HDphiles très pointus (le commun des mortels s’en tamponne le coquillard, soyons honnêtes), mais ce recours au 1080i s’explique d’un strict point de vue économique : le marché du Blu-ray en France se réduisant comme peau de chagrin, on peut supposer que la logique économique la plus viable pour les éditeurs de l’hexagone est bel et bien de travailler occasionnellement avec un seul master cadencé à 25 images / seconde et servant à la fois pour le DVD et le Blu-ray. Côté son, le mixage est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, avec une bande-son très enveloppante et dynamique, et proposant de fait une immersion parfaitement réussie au cœur du film, et rendant un bel hommage à la musique symphonique de Mathieu Lamboley. On notera également que les Éditions Montparnasse n’oublient pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 plus cohérent si vous visionnez Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde sur un « simple » téléviseur.
Côté bonus, l’éditeur nous propose, outre les traditionnelles bandes-annonces, un très intéressant making of de 26 minutes au cœur duquel les réalisateurs reviennent, en compagnie de toute leur équipe, sur les divers secrets de fabrication du film. C’est à la fois très technique et abordable pour le commun des mortels : passionnant. L’envers du décor sera également largement abordé dans le livret 32 pages disponible dans le boîtier, qui permettra aux auteurs de revenir sur leurs ambitions, les défis techniques que représentait le tournage du film. Les dernières pages sont consacrées à une série de questions (« que tout le monde se pose ») posées par des enfants à Thomas Szabo et Hélène Girard. On continuera ensuite avec une introduction alternative non finalisée (d’une durée d’un peu moins de neuf minutes), qui nous permettra de découvrir un début complètement différent de celui retenu pour le montage final, même si bien sûr on retrouve des éléments similaires entre les deux.
Last but not least, les Éditions Montparnasse nous proposent de découvrir deux courts-métrages : le très amusant La nuit des mandibules (26 minutes), qui met en scène l’enlèvement de plusieurs insectes par un étrange scientifique, et enfin Mouches à merde, le court-métrage à l’origine de la série Minuscule, qui reprend une des fameuses course-poursuites entre la coccinelle et un gang de dangereuses mouches (à merde).