Midway
États-Unis, Chine, Hong Kong, Canada : 2019
Titre original : –
Réalisation : Roland Emmerich
Scénario : Wes Tooke
Acteurs : Ed Skrein, Patrick Wilson, Luke Evans
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h18
Genre : Guerre
Date de sortie cinéma : 6 novembre 2019
Date de sortie DVD/BR : 6 mars 2020
Après la débâcle de Pearl Harbor qui a laissé la flotte américaine dévastée, la marine impériale japonaise prépare une nouvelle attaque qui devrait éliminer définitivement les forces aéronavales restantes de son adversaire. La campagne du Pacifique va se jouer dans un petit atoll isolé du Pacifique nord : Midway. L’amiral Nimitz, à la tête de la flotte américaine, voit cette bataille comme l’ultime chance de renverser la supériorité japonaise. Une course contre la montre s’engage alors pour Edwin Layton qui doit percer les codes secrets de la flotte japonaise et, grâce aux renseignements, permettre aux pilotes de l’aviation américaine de faire face à la plus grande offensive jamais menée pendant ce conflit…
Le film
[3,5/5]
« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… » Il fut un temps où Roland Emmerich était, sans exagération aucune, le roi d’Hollywood. Chacun de ses nouveaux films était alors attendu avec ferveur par un public toujours au rendez-vous, et le nom du cinéaste d’origine allemande était carrément devenu un synonyme de « Blockbuster ». Parallèlement au succès jamais démenti de ses films tout au long des années 90/2000, il était également devenu la tête de turc de tous les Trolls qui officiaient déjà lors des balbutiements du web mondial. Emmerich était l’homme à abattre, le symbole de l’impérialisme américain au cinéma, celui que vous adoriez détester en quelque sorte.
Depuis 2012 en 2009 (et non l’inverse) cependant, la vapeur s’est un peu inversée : depuis une dizaine d’années maintenant, les films de Roland Emmerich ne suscitent plus qu’une indifférence polie. Même Independence Day : Resurgence, la suite de son plus gros succès, n’a finalement généré « que » 317 millions de dollars de recettes, et attiré 1,3 millions de français dans les salles en 2016, alors que le premier film avait littéralement cassé la baraque en 1996, avec 817 millions de recettes et 5,7 millions de français dans les salles obscures. Le site Écranlarge vous indiquerait probablement qu’avec l’inflation, les recettes du premier film correspondraient sans doute aujourd’hui à 10 milliards et que le deuxième épisode est de fait le plus gros four de l’histoire de l’humanité, mais nous n’avons pas l’âme de mathématiciens et économistes du cinéma ; on considérera juste qu’Independence Day : Resurgence est sans le moindre doute arrivé dans les salles avec 15 ans de retard.
Pire encore pour Roland Emmerich : à l’exception des Inrocks, la plupart des cinéphiles qui le conchiaient copieux il y a 15 ans lui trouvent même aujourd’hui quelques qualités, illustrant par là même le vieil adage selon lequel il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Certains de ses films se sont vus réhabilités, passant au pire du statut de « bouse innommable » à celui, plus enviable, de « plaisir coupable », voire même, dans le meilleur des cas, au statut de « bon petit film trop sous-estimé ». Il n’y a certes rien de pire que la tiédeur et l’indifférence, mais le fait est que la haine de Roland Emmerich semble avoir fait son temps, le flambeau étant passé depuis à Brett Ratner puis à Michael Bay, nouveaux symboles d’un cinéma Hollywoodien infréquentable.
La preuve la plus flagrante de cette tiédeur se retrouvera dans le manque d’engouement tournant autour de son dernier film, Midway, qui avec 124 millions de dollars de recettes au box-office international (et 422.000 spectateurs en France), est déjà considéré comme un échec commercial. C’est vrai qu’on est loin des 525 millions / 2,5 millions d’entrées en France de Dunkerque, mais on admettra tout de même qu’avec Emmerich (comme Crésus), on était en présence d’une proposition artistique simple et directe, très, très, mais alors très éloignée de celle de Christopher Nolan, qui s’avérait quant à lui d’une ambition telle que d’aucuns pouvaient la trouver boursouflée et prétentieuse. Avec Midway, Emmerich semble de son côté avoir tiré les leçons de son cinéma des années 90/2000, à moins que des soucis de production l’aient « forcé » à revoir ses ambitions à la baisse. Le fait est cependant qu’il prend clairement le parti d’aller à l’essentiel sans se prendre la tête, sans perdre de temps avec de la psychologie de comptoir ni dans des dialogues à rallonge. Le casting est excellent, et l’ensemble se laisse suivre sans que jamais l’ennui ne pointe le bout de son nez, ce qui déjà est un exploit dans la filmographie d’Emmerich. Solide et généreux dans ses scènes d’avion, le film est par ailleurs très spectaculaire, même si du point de vue de la mise en scène et du découpage de l’action, on est loin d’un Pearl Harbor.
Bref, on est en présence avec Midway d’un film réussi, et même sympathique et tout à fait fréquentable. On en veut pour preuve les propos de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff, qui évoquait en ces mots les qualités et les défauts du métrage lors de sa sortie en salles :
« Roland Emmerich (Independence Day), Allemand expatrié en Amérique, se livre à un nouvel essai patriotique sur son pays d’adoption avec ces héros courageux face à l’adversité. Il suit notamment des militaires ayant réellement existé, dont le pilote cowboy Dick Best. Il dirige avec exaltation une bataille navale à taille réelle en filmant avec clarté la stratégie déployée pour défaire les Japonais, dont il salue la bravoure, même s’ils sont relégués à de la figuration.
Cette relecture suffisamment épique pour ne pas ennuyer souffre néanmoins de dialogues peu fins, d’effets spéciaux inégaux et de prestations peu subtiles, dont émerge surtout celle de Woody Harrelson, sous les traits du célèbre Amiral Nimitz, joué par Henry Fonda dans un film des années 70 sur ce même sujet. »
Le Blu-ray
[5/5]
Jouer la carte du suspense est inutile et autant être clair d’entrée de jeu : ce Blu-ray de Midway édité par Metropolitan Vidéo est, comme on pouvait s’y attendre, une véritable galette de démo technique. Avec sa définition au taquet, son piqué précis et ses couleurs / contrastes époustouflants, l’image nous offre un rendu Haute-Définition absolument exceptionnel. Une claque de tous les instants, qui commence dés le premier plan du film et ne vous lâchera plus jusqu’au générique de fin. C’est d’autant plus impressionnant que comme il en a pris l’habitude sur quelques blockbusters depuis un peu plus d’un an, l’éditeur nous propose également des pistes son encodées en HD à la fois sur la VO et sur la VF : les deux pistes encodées en DTS-HD Master Audio 7.1 se révèlent parfaitement immersives, à la fois tonitruantes dans les séquences d’action, vraiment amples et d’une précision redoutable dans la restitution des ambiances. On a donc vraiment droit à un spectacle visuel et sonore d’une ampleur rare, c’est non seulement excellent, mais littéralement ébouriffant. On aurait même tendance à mélanger les deux termes : c’est exbourifflant.
Dans la section suppléments, on aura droit, en plus de la traditionnelle bande-annonce, à une série de featurettes promotionnelles très intéressantes, qui reviendront de façon assez complète sur le tournage. On commencera avec un making of (14 minutes) qui se concentrera globalement sur la volonté des auteurs du film de garder les choses sur le terrain de la véracité historique ; ce dernier sera complété par un sujet se concentrant sur les personnalités réelles ayant inspiré les personnages du film (12 minutes). On continuera ensuite avec un sujet consacré au réalisateur Roland Emmerich (5 minutes). Le reste des suppléments sera encore un peu d’avantage tourné vers l’aspect « historique » du film, avec un retour sur la bataille de Midway (15 minutes), et de ce qu’elle représente au cœur de la Seconde Guerre Mondiale, sur les messages codés (6 minutes) ou encore avec le témoignage émouvant de deux survivants de la bataille de Midway (9 minutes). On notera également la présence d’un commentaire audio de Roland Emmerich, non sous-titré, mais avec son fort accent allemand vous n’aurez aucun mal à comprendre ce qu’il dit. Un sacré beau Blu-ray.
On notera également que le Blu-ray de Midway édité par Metropolitan Vidéo est présenté dans un superbe Steelbook aux couleurs du film.