Mayhem
États-Unis : 2017
Titre original : –
Réalisation : Joe Lynch
Scénario : Matias Caruso
Acteurs : Steven Yeun, Samara Weaving, Steven Brand
Éditeur : Program Store
Durée : 1h24
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 3 juillet 2018
Injustement remercié par ses employeurs dans un cabinet d’avocats, Derek prépare son départ en ruminant sa rancœur. Au même moment, le mystérieux virus ID7 se répand, transformant chaque employé en individu désinhibé et cruel, obéissant à ses pulsions primaires… Derek va-t-il en profiter pour se venger ? Il va devoir avant tout lutter pour sa survie…
Le film
[4/5]
En élève assidu semblant avoir pleinement assimilé les leçons d’un George A. Romero, Joe Lynch choisit avec Mayhem de livrer une critique volontiers subversive de la société américaine contemporaine. Utilisant le canevas classique du film « d’infectés » afin de critiquer sans vergogne la violence sociale et professionnelle de l’ère Trump, le cinéaste et son scénariste Matias Caruso livrent une satire pour le moins mordante du monde du travail américain (que l’on pourra aisément élargir à une bonne partie du monde occidental) se transformant littéralement en un jeu de massacre assez jouissif au cœur duquel les employés d’un cabinet d’avocats, libérés de leurs inhibitions sociales, n’hésitent plus à tuer pour monter en grade dans la société.
Le sujet n’a certes rien de neuf (Costa-Gavras avait déjà imaginé une situation similaire en 2005 avec Le couperet, quoi que traitée sur un mode fort différent), mais au-delà de la simple critique de l’arrivisme professionnel érigé en modèle de vie, Joe Lynch dénonce également en filigrane, et de la même façon que la saga American Nightmare le fait depuis quelques années, la sauvagerie d’un peuple n’attendant finalement qu’une garantie d’impunité pour se livrer à leurs plus bas instincts et aux actes les plus barbares qui soient. Mais si Joe Lynch semble tendre à ses compatriotes un miroir à peine déformant de leurs aspirations les plus secrètes, le cinéaste, grand habitué du cinéma de genre (aussi bien dans le domaine de l’horreur que de l’action décomplexée, puisqu’il a également signé l’excellent Everly avec Salma Hayek), le fait avec un humour et un sens du délire potache qui font avant tout de Mayhem un bon gros film de sale gosse qu’un pensum surlignant à tout prix son discours et sa portée sociale.
Mayhem s’impose donc au final comme un film d’horreur certes conscientisé mais avant tout absolument jouissif et fou, s’offrant en prime quelques digressions purement tournées vers des moments de cinéma « plaisir » et iconoclaste, à la façon de cet affrontement de gangs aux allures de western déglingué, en plein open space et sur fond de « Motherfucker » par Faith no more.
Le Blu-ray
[4/5]
Côté technique, l’image du Blu-ray de Mayhem édité par Program Store est d’une précision étonnante, et fait honneur à la belle photo du film, légèrement désaturée afin de plonger les personnages au cœur d’un univers de travail « grisâtre », qui sera rapidement teinté de rouge vif. Les couleurs sont donc fidèles à l’esprit du film, et les contrastes laissent s’affirmer des noirs profonds et denses. Au rayon des mauvais points, on dénote un léger souci de compression faisant apparaitre une image assez pixellisée à mi-métrage, et on déplore un encodage en 1080i, ne respectant pas le cadencement original du film à 24 images / seconde. Cependant, l’éditeur compose globalement plutôt bien avec le matériau dont il dispose et nous offre une galette Haute Définition solide, dont l’impact est encore renforcé par la présence de deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 (VF / VO), immersifs en diable, spatialisés de façon très « cartoonesque » et extrêmement efficaces lors des séquences les plus violentes. On privilégiera de loin la version originale, plus ample et dynamique, à sa petite sœur la version française, d’autant que cette dernière, au cœur de laquelle on reconnait, entre autres, la voix de Michael Rudy Cermeno, s’avère relativement monocorde et ne possède pas la folie furieuse du mixage original.
Dans la section suppléments, on trouvera juste la bande-annonce du film ; cela dit, ne nous plaignons pas : le Blu-ray édité par Program Store nous permettra de découvrir ce petit film d’horreur dans des conditions tout à fait satisfaisantes. Gardons à l’esprit c’est une chance de pouvoir toujours compter sur des éditeurs prêts à se lancer dans l’aventure du DTV en France : un défi qui est loin d’être évident économiquement parlant, étant donné les chiffres de la vidéo physique en chute libre depuis quelques années ainsi que le nombre ahurissant de téléchargements illégaux tournant malheureusement autour des films de genre.