Mark Dixon, détective
États-Unis : 1950
Titre original : Where the sidewalk ends
Réalisation : Otto Preminger
Scénario : Ben Hecht
Acteurs : Dana Andrews, Gene Tierney, Gary Merrill
Éditeur : Wild Side Vidéo
Durée : 1h35
Genre : Policier, Thriller
Date de sortie cinéma : 22 août 1955
Date de sortie DVD/BR : 4 avril 2018
Fils d’un gangster, Mark Dixon est devenu un policier violent. Lors d’une enquête, il tue un homme et fait passer le meurtre pour un règlement de comptes. Jiggs Taylor, un chauffeur de taxi, est accusé. Mal à l’aise, Dixon tente d’aider Morgan, la fille de Jiggs à innocenter son père…
Le film
[5/5]
Grand artisan du Film Noir, auquel il a offert quelques chefs d’œuvres tout au long des années 40, Otto Preminger choisit avec Mark Dixon, détective (1950) de surprendre à nouveau le spectateur en prenant en quelque sorte le genre « à revers ». Reformant pour l’occasion le couple d’acteurs de Laura (1944), composé de Dana Andrews et Gene Tierney, le cinéaste suit donc les mésaventures d’un flic aux méthodes expéditives se retrouvant obligé de maquiller un crime qu’il a commis de façon involontaire. Subitement devenu à la fois policier et hors-la-loi, le personnage de Mark Dixon (Dana Andrews) se verra rapidement tiraillé entre son désir de se sortir de cette situation inextricable et sa volonté farouche de s’éloigner le plus possible de l’image de son père, truand notoire. Destin, atavisme, déterminisme social… Les thèmes classiques du Film Noir sont bel et bien présents.
Mais sur la route de notre héros, la rencontre avec Morgan (Gene Tierney) ne contribuera finalement pas à sa perte comme on aurait pu s’y attendre, mais deviendra au contraire le synonyme d’une possible rédemption – de fait, le récit nous propose ici le schéma comportemental inverse du personnage classique de la « Femme Fatale » dans le genre, qui sème habituellement la mort et la désolation autour d’elle. Gene Tierney s’impose donc comme une anti-Femme Fatale par excellence, dont Preminger souligne à l’image l’aspect positif presque mystique par une très habile utilisation de la lumière, omniprésente, créant une image presque éthérée et très faiblement contrastée, qui va également clairement à l’encontre des us et coutumes d’un genre généralement plutôt plongé dans l’obscurité, et affichant des contrastes très marqués.
Scénario à tiroirs à la construction et au suspense savamment calculés, mise en scène impressionnante, sens du cadre, éclairages et direction photo exceptionnels… Mark Dixon, détective joue avec les codes du Film Noir, qu’il prend un malin plaisir à détourner ; cependant, et si paradoxalement il ne constitue pas l’un des représentants les plus « classiques » du genre et de ses multiples passages obligés, le film d’Otto Preminger s’avère indéniablement une de ses plus grandes réussites. Une merveille absolue !
Le Blu-ray
[4,5/5]
Disponible depuis le début du mois d’avril sous les couleurs de Wild Side dans un coffret Combo Blu-ray + DVD exceptionnel, Mark Dixon, détective a intégré sa prestigieuse collection de digibooks grand luxe, aux finitions parfaites, dédiés depuis quelques années à différents films et réalisateurs. Wild Side continue donc avec régularité à étoffer une collection que l’on peut désormais sans peine comparer à la prestigieuse collection « Criterion » aux États-Unis, d’autant que les coffrets proposés par l’éditeur français nous proposent toujours des visuels originaux et vraiment très classe. Aussi inattendu que moderne, celui de Mark Dixon, détective joue sur un côté ouvertement « bande dessinée », rappelant les visuels créés par Robert Rodriguez autour de son diptyque Sin City il y a quelques années. Les deux films et la série de comics Sin City étant voulus par Rodriguez et Frank Miller comme des hommages à la grande tradition du Film Noir, on pourra considérer que d’une certaine manière, la boucle est bouclée !
Comme d’habitude, ce nouveau coffret comporte à la fois le film sur support DVD et Blu-ray. Le film d’Otto Preminger bénéficie d’ailleurs d’un très bel upgrade Haute Définition : le master est stable, propre, le grain d’origine, quoi que très léger, est bel et bien présent, la définition est le piqué sont d’une précision accrue… Du très beau travail, pour un master impeccable issu d’une restauration 4K. Du côté des pistes son, seule la version originale anglaise nous est proposée, en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine évidemment. Les dialogues sont clairs, les ambiances plutôt bien préservées, sans souffle. Une présentation optimale donc pour voir et revoir le film dans les meilleures conditions possibles.
En plus d’être un bel objet qui trônera fièrement sur vos étagères aux côtés des autres films édités par Wild Side, ce coffret Mark Dixon, détective n’est d’ailleurs pas avare en suppléments : on commencera avec le livret de 88 pages intégré à l’étui, rédigé dans un style clair et concis par Frédéric Albert Lévy, collaborateur régulier de Wild Side et membre fondateur de la revue Starfix. Richement illustré, ce livret reviendra notamment sur le scénario écrit par Ben Hecht et ses remaniements, ainsi que sur les frictions entre Otto Preminger et Darryl F. Zanuck sur le tournage du film. Sur le Blu-ray proprement dit, l’éditeur nous propose un documentaire sur Gene Tierney (52 minutes, HD) rythmé par les interventions très pertinentes de Martin Scorsese. On continuera ensuite avec un portrait d’Otto Preminger par Peter Bogdanovitch (33 minutes, HD) au cœur duquel le réalisateur américain commente et analyse la filmographie de son confrère, en s’attardant plus particulièrement sur Laura et Mark Dixon, détective. On terminera avec la traditionnelle bande-annonce.