Marie Stuart, reine d’Écosse
Royaume-Uni, États-Unis : 2018
Titre original : Mary Queen of Scots
Réalisation : Josie Rourke
Scénario : Beau Willimon
Acteurs : Saoirse Ronan, Margot Robbie, Jack Lowden
Éditeur : Universal Pictures France
Durée : 2h04
Genre : Drame, Historique
Date de sortie cinéma : 27 février 2019
Date de sortie DVD/BR : 3 juillet 2019
Le destin tumultueux de la charismatique Marie Stuart. Épouse du Roi de France à 16 ans, elle se retrouve veuve à 18 ans et refuse de se remarier conformément à la tradition. Au lieu de cela elle repart dans son Écosse natale réclamer le trône qui lui revient de droit. Mais la poigne d’Élisabeth Ière s’étend aussi bien sur l’Angleterre que l’Écosse. Les deux jeunes reines ne tardent pas à devenir de véritables sœurs ennemies et, entre peur et fascination réciproques, se battent pour la couronne d’Angleterre. Rivales aussi bien en pouvoir qu’en amour, toutes deux régnant sur un monde dirigé par des hommes, elles doivent impérativement statuer entre les liens du mariage ou leur indépendance. Mais Marie menace la souveraineté d’Elisabeth. Leurs deux cours sont minées par la trahison, la conspiration et la révolte qui mettent en péril leurs deux trônes et menacent de changer le cours de l’Histoire…
Le film
[4/5]
A en lire certaines critiques ailleurs sur le Net, on en viendrait parfois à se demander si certains confrères n’ont pas tendance à confondre une œuvre de cinéma, qui plus est Hollywoodienne – dont l’objectif premier est le divertissement – et un manuel scolaire d’histoire, à visée évidemment pédagogique. Ainsi, on aurait envie de leur expliquer que la vocation première de Marie Stuart, reine d’Écosse n’est certainement pas de dresser un tableau historique, économique et politique fidèle et rigoureux de l’Europe du XVIème siècle.
Bien sûr, il y a derrière le récit de la vie du personnage principal, de sa lutte pour garder sa place sur le trône et de sa défense de la liberté de culte un fond de vérité historique, mais la rivalité entre Marie Stuart et Élisabeth Ire, deux souveraines coincées dans un monde d’hommes, est présentée dans le film d’une façon très moderne, de façon à faire d’avantage vibrer les sensibilités contemporaines autour de sujets sociaux brûlants, tels que la condition des femmes, gros cheval de bataille Hollywoodien depuis quelques années. Marie Stuart / Wonder Woman, même combat ? En quelque sorte oui : Josie Rourke signe en effet un portrait de femme parfaitement dans l’air du temps, tellement dans la contemporanéité d’ailleurs que le film prendra sans doute un gros coup de vieux beaucoup plus rapidement que d’autres, mises en boite de façon plus classique.
Et pour ce qui est de son « modèle » narratif, l’intrigue de Marie Stuart, reine d’Écosse irait plutôt chercher du côté des manœuvres politiques, sociales et sexuelles mises en scène avec un certain brio depuis quelques années au cœur de la série Game of thrones : le film s’impose en effet comme une « fresque » épique mi-historique mi-fantaisiste, à laquelle se mêlent les stratégies et les manigances sur fond de fortes tensions sexuelles. Une belle réussite qui avait été soulignée par notre rédacteur en chef Pascal Le Duff à la sortie du film :
« Cette biographie pas académique risque de souffrir de la concurrence avec La favorite. Différents sur le fond, les deux films partagent l’envie de dynamiter le genre corseté du film en costumes, avec une mise en scène plus attachée à recréer l’intime que le faste des beaux palais.
La musique dissonante de Max Richter accompagne les partitions parfaites de Saoirse Ronan côté écossais et de Margot Robbie côté anglais. Consciente de l’intérêt d’unir leurs forces, la première au tempérament solaire cherche à se rapprocher de la deuxième au visage momifié. Leurs conseillers aux noirs desseins, convoitant leur pouvoir, multiplient les complots pour les déstabiliser.
Un propos passionnant sur le féminisme, notamment sur le droit des femmes d’exercer le pouvoir et d’affirmer des choix forts dans leur sexualité, sous le regard offusqué d’une cour très masculine. »
Le Blu-ray
[4,5/5]
C’est sous la bannière d’Universal Pictures que débarque aujourd’hui Marie Stuart, reine d’Écosse sur support Blu-ray. Et comme à son habitude, l’éditeur nous propose ici un master Haute Définition de toute beauté. Les couleurs sont superbes, les contrastes denses, les noirs d’une belle profondeur. La définition est irréprochable et le piqué souvent très précis, malgré quelques très légères baisses de régime dans les scènes les plus sombres. Coté enceintes, comme toujours chez l’éditeur, seule la version originale est encodée en Dolby Atmos, dans un mixage littéralement tonitruant. Les scènes de bataille sont naturellement riches en basses, en gros surrounds et effets multidirectionnels à gogo. Mais la version française n’est pas en reste, puisqu’elle s’impose dans un mixage Dolby Digital+ 7.1 très spectaculaire et immersif, qui poussera votre installation acoustique dans ses derniers retranchements : les basses qui vrombissent feront à coups sûrs vibrer vos fauteuils, le dynamisme est échevelé, et la spatialisation permanente, imposant des effets circulaires d’une précision absolue et d’une puissance extraordinaire.
Dans la section suppléments, on commencera avec un commentaire audio de la réalisatrice Josie Rourke et du compositeur Max Richter : l’essentiel des propos échangés par les deux intervenants a pour sujet la musique du film, mais ils reviennent également sur certains éléments de l’histoire, sur les personnages ou encore les performances des acteurs / actrices. Agréable et informatif ! On trouvera ensuite trois featurettes qui représenteront environ dix minutes de visite des coulisses et de découverte de l’envers du décor. On y reviendra sur la notion de « féminisme » au cœur du film, sur les différentes incarnations de Mary Stuart au cinéma, ainsi que sur le face à face final. Très intéressant !