Maniac
Royaume-Uni : 1963
Titre original : The maniac
Réalisation : Michael Carreras
Scénario : Jimmy Sangster
Acteurs : Kerwin Mathews, Nadia Gray, Liliane Brousse
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h26
Genre : Thriller
Date de sortie DVD/BR : 26 novembre 2019
Dans le sud de la France, un peintre américain entretient une relation amoureuse avec une tenancière de bar. Cette dernière lui demande de l’aider à faire évader son mari, enfermé dans un asile pour un sordide meurtre au chalumeau, en échange de quoi elle sera sienne pour toujours. Une tâche peu aisée pour un modeste peintre, mais le jeu en vaut la chandelle. Si seulement tout pouvait se passer comme prévu…
Le film
[4/5]
Produit par la Hammer en 1963, Maniac fait partie de la petite vague de thrillers psychologiques lorgnant ouvertement du côté de chez Daphné Du Maurier ou de Boileau-Narcejac mis en boite par la firme britannique suite au succès international de Psychose en 1960. Tournés à la suite les uns des autres, Hurler de peur (1961), Paranoïaque (1963), Maniac (1963), Meurtre par procuration (1964), Confession à un cadavre (1965), Hysteria (1965) ou encore Fanatic (1965) ont donc pris le parti de délaisser – du moins en grande partie – les artifices formels du cinéma gothique pour se concentrer sur des intrigues contemporaines mettant en scène des machinations diaboliques orchestrées comme de véritables plongées au cœur des tourments de la folie humaine. Solidement ficelés, les scénarios de cette série de films étaient, le plus souvent, signés Jimmy Sangster, une des personnalités les plus incontournables de la Hammer, et proposaient le plus souvent un « twist » final inattendu, révélation qui constituerait le clou du film.
Si l’ombre de Hitchcock et de ses adaptations de Daphne du Maurier plane au-dessus de cette série de thrillers psychologiques, d’autres influences se font également sentir, telles que celle des ouvrages de Boileau-Narcejac, et en particulier des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot. Cette référence est particulièrement flagrante dans le cas de Maniac. Outre bien sûr le fait que l’intrigue se déroule en France, elle met également en scène un triangle amoureux composé d’un homme, d’une jeune ingénue et d’une femme mure, cynique et déterminée. Le film met également en scène une machination, et l’on y retrouvera aussi un cadavre encombrant, qui disparaît et réapparait de façon incompréhensible…
Prenant place sous le cagnard de la Camargue, Maniac développera rapidement, grâce au talent de metteur en scène de Michael Carreras, une ambiance trouble, presque oppressante. La photographie, signée Wilkie Cooper, est tout simplement superbe, nous proposant des compositions de plans sublimes. Formellement superbe, le film s’offre également un scénario solide, s’attachant à nous proposer des personnages riches et complexes. Les non-dits et le poids d’un passé riche en événements tragique plane sur les trois personnages principaux, et le film se régale à jouer sur les attentes du spectateur. En effet, et passé un prologue mettant en scène un meurtre au chalumeau, Michael Carreras et Jimmy Sangster prendront le temps de poser leurs personnages, et la série de liens qui se tissent entre eux. Pour autant, le film est court (1h26) et le spectateur n’aura jamais l’occasion de trouver le temps long tant les rebondissements sont nombreux : si Maniac prend son temps afin d’introduire son fameux personnage-titre (le maniaque au chalumeau donc), la tension sexuelle s’étant instaurée au cœur du trio d’acteurs principaux permet au film de tenir sur la durée en restant toujours intéressant pour le spectateur.
Au casting, le rôle principal est tenu par Kerwin Mathews, que les amateurs de bis connaissent bien puisqu’il incarnait Hubert Bonisseur de La Bath dans OSS 117 se déchaîne, et les deux rôles féminins sont quant à eux incarnés par Nadia Gray (La dolce vita) et Liliane Brousse, que l’on verrait la même année dans Paranoïaque. Le trio parviendrait presque à voler la vedette à Donald Houston dans la peau du tueur ; impeccable de folie contenue et de perversité. En deux mots comme en cent, Maniac s’avère donc un excellent petit thriller psychologique, et dénote du soin sans cesse renouvelé déployé par la Hammer dans les années 50/60 afin de livrer au spectateur des films solidement écrits et mis en scène, s’imposant comme des divertissements de haute tenue.
Le Combo Blu-ray + DVD + Livret
[5/5]
Cela fait un an et demi maintenant qu’ESC Editions a édité le premier Blu-ray de sa riche collection « British Terrors », et en l’espace de ces quelques mois, cette riche collection de films de genre britanniques est parvenue à se faire une place de tout premier ordre dans le cœur des cinéphiles français. S’imposant comme de véritables références en terme de qualité de transfert et de suppléments, les titres de la collection se suivent et ne se ressemblent pas, prouvant à ceux qui en douteraient encore la richesse infinie du catalogue de la Hammer et, dans une moindre mesure, de la Amicus. Comme d’habitude avec ESC Editions, Maniac s’affiche donc dans une superbe édition Combo Blu-ray + DVD + Livret prenant la forme d’un Mediabook au design soigné et à la finition maniaque, s’intégrant bien entendu dans la charte graphique de la collection depuis ses débuts à l’automne 2018.
Côté image, l’éditeur français nous propose une copie noir et blanc de toute beauté, respectueuse du grain d’origine, mais sachant également imposer un beau piqué et des contrastes solides. La restauration a fait place nette des poussières et autres points blancs, et le résultat s’avère même au-delà de nos espérances. Côté son, la VO nous est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine), parfaitement clair, net et sans bavures. Les sous-titres comportent leur lot de fautes d’orthographe, mais rien de rédhibitoire.
Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord la traditionnelle présentation de la Hammer par Nicolas Stanzick, déjà présente sur les autres films de la Hammer disponibles au sein de la collection « British Terrors ». L’éditeur nous proposera également de nous plonger dans une présentation du film par Christophe Foltzer (8 minutes), au cœur de laquelle l’éternel complice de Chris Huby reviendra sur le scénario du film de Michael Carreras, qui évoque dans un premier temps Les diaboliques pour mieux s’en écarter par la suite. Très pertinent. On terminera le tour des bonus avec le livret de 16 pages intégré au boitier, signé par devinez qui ? Oui, par l’éternel Marc Toullec, qui aborde ici tous les aspects de la production dans un court texte richement illustré de photogrammes du film.