Test Blu-ray : Mandy

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Mandy

États-Unis, Belgique, Royaume-Uni : 2018
Titre original : –
Réalisation : Panos Cosmatos
Scénario : Panos Cosmatos, Aaron Stewart-Ahn
Acteurs : Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 2h01
Genre : Horreur, Science-Fiction
Date de sortie DVD/BR : 6 février 2019

Pacific Northwest, 1983. Red Miller et Mandy Bloom mènent une existence paisible et empreinte d’amour. Quand leur refuge entouré de pinèdes est sauvagement détruit par les membres d’une secte dirigée par le sadique Jérémie Sand, Red est catapulté dans un voyage fantasmagorique marqué par la vengeance, le sang et le feu…

Le film

[5/5]

Le nom de Panos Cosmatos ne vous sera pas nécessairement inconnu : vous aviez en effet peut-être découvert le cinéma du fils de George P. Cosmatos lors de l’édition 2011 de l’Étrange Festival, où le public présent dans la salle avait pu découvrir, médusé, son premier film Beyond the black rainbow, gros délire hardcore de science-fiction, aussi fascinant que réellement abstrus, mais qui laissait apparaître une réelle personnalité derrière la caméra. Depuis ces premiers pas dans la cour des « grands », les spectateurs qui avaient été charmés par son premier film, tout autant que ceux qui avaient été déroutés par ce dernier, attendaient la suite, attendaient de voir ce que ce jeune prodige, comparable par exemple à un Ben Wheatley, allait nous proposer au cœur de son deuxième film. Sauf que voilà, Ben Wheatley, découvert à peu près au même moment (et dont le cinéma sera, lui aussi, loin de mettre tout le monde d’accord), a signé cinq films entre Kill list (2011) et l’année dernière, auxquels on pourra ajouter plusieurs téléfilms, courts-métrages et épisodes de série TV.

Durant ce laps de temps, certes probablement totalement infime à l’échelle cosmique, Panos Cosmatos, lui, n’a fait « que » préparer Mandy. Il aura donc fallu huit ans pour que le cinéaste se décide à reprendre le chemin des studios et nous livre ce revenge-movie halluciné, véritable « trip » cinématographique aussi unique qu’époustouflant, porté par le jeu de Nicolas Cage, habité et aux limites de l’hystérie. Une hystérie que l’on pourra d’ailleurs qualifier de collective, étant donné le festival de personnages tarés qui se succèdent à l’écran, illuminés, complètement allumés ou sous LSD, déclamant leurs dialogues de façon lente, pleine d’emphase, et pour le moins bizarre. Slalomant entre l’horreur, le film de vengeance et la science-fiction pure, bifurquant régulièrement vers des séquences littéralement « from outer space », telles que cette visite chez le chimiste, incarné par Richard Brake (31), Mandy s’impose sans forcer comme le film le plus original, le plus singulier et le plus fou de l’année 2018.

Mais le film prend surtout toute sa valeur grâce à la mise en scène de Panos Cosmatos, et aux partis pris esthétiques extrêmes dont il fait preuve. En effet, Mandy s’impose visuellement comme une expérience authentiquement barrée, unique en son genre : certaines séquences sont baignées de rouge, de rose ou de vert, la granulation est très forte et l’image adoucie par l’usage de « panaflares » ou lumières fixées à la lentille, donnant à l’image une texture étrange. La photo de Benjamin Loeb est de toute beauté, et colle vraiment à l’ambiance du film, déviante, folle, absolument radicale. Une tuerie !

Le Blu-ray

[5/5]

Côté Blu-ray, Universal Pictures nous livre avec cette galette Haute-Définition de Mandy un encodage pour le moins soigné : l’ensemble est d’une précision absolue, avec des couleurs éclatantes, explosives même, et un piqué précis, même en basse lumière – ce qui est tout particulièrement important dans le sens où les trois quarts du film se déroulent dans l’obscurité, même si celle-ci est à l’occasion traversée d’éclairs de couleurs très vives. S’il a dû composer avec l’ambiance visuelle pour le moins singulière du film, l’éditeur s’en tire vraiment haut la main, et nous propose véritablement d’entrer au cœur du film de la façon la plus convaincante qui soit. Côté son, la VO est encodée en DTS-HD Master Audio 5.1, et le mixage s’avère vraiment impérial, fin, intense, bien spatialisé et vraiment spectaculaire durant les séquences d’action qui émaillent la dernière partie du film. La version française doit quant à elle se contenter d’un très efficace DTS 5.1, qui nous propose un rendu acoustique des ambiances assez remarquable, tout en imposant naturellement un dynamisme échevelé durant les passages les plus intenses (et dieu sait s’il y en a dans ce film). On notera d’ailleurs que le doublage du film a été effectué en France, et non par les boites de doublages au rabais qui pullulent en Espagne depuis quelques années, et qui pourrissent peu à peu le monde du « Direct To Video ». On y retrouvera notamment Dominique Collignon-Maurin, le doubleur habituel de Nicolas Cage, qui n’avait pas du autant s’éclater en doublant l’acteur depuis, allez, disons le deuxième opus de la saga Ghost rider en 2012.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord une série d’un peu moins de quatorze minutes de scènes coupées ou étendues, qui détonnent un peu avec le reste du film, dans le sens où elles présentent quelques interactions entre les personnages que l’on pourrait qualifier de « normales », plus cohérentes que le reste du film, qui vire souvent au mysticisme le plus absolu : on aura notamment droit à une version longue de la rencontre entre Nicolas Cage et Bill Duke, qui nous donnera une poignée d’informations supplémentaires (quoiqu’inutiles) sur le groupe de motards sataniques que Cage s’apprête à affronter. On poursuivra ensuite avec un making of (22 minutes, HD), qui nous permettra de nous plonger dans une série d’entretiens avec les acteurs et l’équipe du film, et de découvrir quelques très impressionnants « concept arts ». Du beau boulot.

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