Test Blu-ray : Maléfices

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Maléfices

France : 1962
Titre original : –
Réalisateur : Henri Decoin
Scénario : Henri Decoin, Claude Accursi, Mireille de Tissot
Acteurs : Juliette Gréco, Liselotte Pulver, Jean-Marc Bory
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h45
Genre : Thriller, Fantastique
Date de sortie cinéma : 14 mars 1962
Date de sortie Blu-ray : 22 septembre 2021

François, jeune vétérinaire, est appelé pour soigner le guépard d’une belle et mystérieuse femme venue d’Afrique, Myriam, dont il devient bientôt l’amant. Lorsque celle-ci lui demande de quitter sa femme Catherine pour partir avec elle, François hésite…

Le film

[4/5]

« On n’fait pas du sucre de canne – dans le Morbihan – On n’cultive pas la banane – dans le Morbihan – Il n’y a pas de Vaudou à Vannes – dans le Morbihan »

Si on a choisi de commencer notre article en citant « La biguine au Biniou » des Charlots, c’est que l’intrigue de Maléfices, le film d’Henri Decoin sorti sur les écrans français en 1962, s’y prête (presque) tout à fait. En effet, ce film fantastique adapté d’un roman de Boileau-Narcejac a pour thème principal la magie et les superstitions d’Afrique noire, mais le récit prend place pour sa plus grande partie sur l’île de Noirmoutier, en Vendée, ainsi qu’à Nantes, en Loire Atlantique, soit, à vol d’oiseau, à une cinquantaine de kilomètres du Morbihan.

Une femme aux motivations – et au passé – troubles, un guépard, et autour d’eux tous les mystères de l’Afrique : rituels vaudous, sorcellerie et magie noire se donnent donc rendez-vous dans Maléfices, servis par la réalisation remarquable d’Henri Decoin qui n’hésite pas à « fétichiser » son univers, principalement autour de la « Villa Tam Tam » dans laquelle vit le personnage incarné par Juliette Greco. Elle semble en effet agir dans une réalité parallèle, impression par ailleurs renforcée par le fait que l’île de Noirmoutier était à l’époque « coupée du monde ».

En effet, dix ans avant qu’un pont ne permette à l’île de rejoindre le « continent », on accédait à Noirmoutier par le « passage du Gois », une route submersible représentant un grand danger si la marée s’en mêlait – les séquences prenant place sur cette chaussée développent une tension étouffante, en particulier dans la dernière bobine de Maléfices.

Magnifié par la sublime photo en Scope et noir et blanc de Marcel Grignon, Maléfices nous propose donc un triangle amoureux composé de Juliette Greco, Jean-Marc Bory (Les amants) et Liselotte Pulver (Le jardinier d’Argenteuil), les personnages se croisant et se recroisant au cœur d’une atmosphère lourde, au-dessus de laquelle flotte l’ombre de forces occultes. Bien sûr, les habitués des écrits – ou des œuvres adaptées – de Boileau-Narcejac ne douteront pas qu’une complexe machination est à l’œuvre sous les apparences.

Mais les fausses pistes et les rebondissements anxiogènes sont suffisamment nombreux pour perdre le spectateur dans les recoins du cauchemar éveillé absolument fascinant que représente Maléfices – le pari est donc réussi pour Henri Decoin, qui parvient sans peine à nous maintenir en haleine pendant toute la durée de son film.

Le Blu-ray

[4/5]

A l’occasion de son arrivée dans la collection Blu-ray Découverte de Gaumont (parfois également appelée Gaumont découverte en Blu-ray), Maléfices bénéficie d’un superbe lifting Haute Définition qui lui permet de retrouver tout l’éclat de sa présentation d’origine. Le film est présenté au format CinémaScope respecté, en 1080p, l’image restaurée est de toute beauté, affichant un noir et blanc littéralement superbe : les contrastes sont affirmés, le grain argentique d’origine a été scrupuleusement préservé et le master semble débarrassé de quasiment tous les dégâts infligés par le temps (poussières, taches ou autres griffes…). La restauration est de qualité, et le résultat est extrêmement satisfaisant. Côté son, la bande-son est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0 ; les dialogues sont clairs et bien découpés, et la musique entêtante de Pierre Henry est parfaitement mise en avant.

Du côté des suppléments, outre la traditionnelle bande-annonce, Gaumont nous propose un entretien avec Didier Decoin, romancier et fils d’Henri Decoin (18 minutes). Ce dernier y reviendra sur ses souvenirs du tournage et en particulier du guépard, qu’il qualifie de « gros matou », et qui visiblement était absolument adorable. Il reviendra également sur le côté « Madame Bovary » du personnage incarné par Liselotte Pulver – ce qui était une des obsessions thématiques de son père en tant que cinéaste.

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