Test Blu-ray : Magic

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Magic

États-Unis : 1978
Titre original : –
Réalisation : Richard Attenborough
Scénario : William Goldman
Acteurs : Anthony Hopkins, Ann-Margret, Burgess Meredith
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h47
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 14 février 1979
Date de sortie DVD/BR : 12 février 2021

Formé par le vieux Merlin, l’illusionniste Corky Withers rencontre le succès à partir du jour où il introduit dans son spectacle une marionnette à son image, nommée Fats. Ventriloque, Corky détourne l’attention du public grâce aux plaisanteries de Fats : autant Corky est gentil et effacé, autant Fats est vulgaire et agressif. Bientôt possédé par sa marionnette, celle-ci l’entraîne à commettre des actes diaboliques et meurtriers…

Le film

[5/5]

Magic, c’est l’histoire de Corky, un magicien de cabaret qui rate sa première apparition sur scène mais qui a force de travail méticuleux devient un ventriloque brillant. Son problème : sa peur de l’échec le rend dangereusement fou. Ce point de départ aurait pu très vite virer au grand guignol. Pourtant, le film de Richard Attenborough évite cet échec, grâce à un scénario brillant de William Goldman (Butch Cassidy et le Kid, Marathon Man…), à la mise en scène sobre de Richard Attenborough et à l’interprétation fébrile de Anthony Hopkins. Il donne vie à un homme brisé, qui ne peut pas faire face à l’éventualité de rater ce qu’il entreprend. Lorsqu’il est sur le point de signer un contrat en or pour la télévision, il s’inquiète du bilan médical que l’on veut lui faire passer. Il n’ignore pas son instabilité mais veut protéger son secret. Il fuit alors dans le bled où il a grandi et s’installe chez la femme dont il était amoureux à l’adolescence. On devine ses failles aussi grâce à quelques flash-backs savamment distillés qui montrent une famille en deuil : apparemment la mort d’un frère sur lequel on ne s’appesantit guère. Son rapport avec la poupée qu’il fait vivre donne ainsi le sentiment qu’il est à la recherche d’un jumeau perdu. La qualité de l’écriture de William Goldman évite la psychologie surlignée, car ces éléments sont brefs, discrets.

Les scènes fortes et surprenantes s’enchaînent avec une belle régularité. La première apparition sur scène est ratée : il ment à son maître mais à l’écran, Richard Attenborough filme son échec malgré ses propos mensongers. Lorsque plus tard, son imprésario invite un producteur de télévision, on voit réellement le talent du magicien et dans le rôle du premier, Burgess Meredith jubile de sa découverte. Jusqu’au moment où il comprend qu’il a un très gros problème psychologique. Son duel dans une petite chambre avec Anthony Hopkins montre deux grands comédiens qui se font face, mais sans être dans la performance. L’émotion est réelle, forte, l’aîné offrant au plus jeune une dernière chance qu’il n’est plus en capacité de saisir.

Dans le rôle de Peg, Ann-Margret est exceptionnelle. Elle est belle, même si elle est marquée par le temps et usée par une vie décevante. La scène où Hopkins veut lui faire deviner la carte qu’elle a choisi est là encore un grand moment de cinéma. La qualité de son jeu repose sur le travail qu’il a effectué pour devenir un prestidigitateur de talent. Il bat les cartes comme un professionnel, face à Ann-Margret qui peine à les faire glisser aussi bien que lui. Mais face à un premier échec de devinette, il devient menaçant. Pourtant, elle est enfin séduite et il semble avoir dépassé sa peur panique d’échouer. Leur échange navigue entre émotion forte, avec de très beaux sentiments amoureux, et un effroi réel. Plus tard, on la voit sautiller de joie après leur nuit passée ensemble alors que son mari les observe au loin. C’est un geste révélateur et joliment esquissé, grâce au jeu enjoué de Ann-Margret, sincèrement touchante. Elle hésite entre fidélité à un époux qu’elle n’aime plus et la promesse d’une deuxième chance. Et ensuite, léger revirement comique lorsque le montage coupe sur le visage de Ed Lauter. Le comédien donne un aspect bourru à son personnage de mari trompé. Lorsqu’il emmène son rival sur une barque sur le lac, il apparaît d’abord menaçant puis plus touchant lorsqu’il admet la crainte de perdre sa femme. Et en face de lui, horreur et humour avec Anthony Hopkins qui scrute les eaux de peur de voir la vérité surgir.

La plus grande force de Magic est sa grande honnêteté. Le ventriloque est manifestement schizophrène, ce qui apparaît dans quelques scènes charnières. Peg triture le pantin comme l’objet qu’il est, l’agent confronte le ventriloque lorsqu’il discute avec son « partenaire » de bois dans une scène de duel originale et lorsque le mari est poignardé par la poupée, on voit Corky juste derrière. Il s’agit du portrait d’un homme malade mais pas d’un film d’horreur gratuit. Le film se clôt sur une très belle scène de sacrifice qui évite les lieux communs du genre. Le revirement final de Peg apporte une légère tonalité comique tristement ironique. Un très grand film, étonnamment si bouleversant, porté par Anthony Hopkins dans l’un de ses plus beaux rôles. Une surprise magnifique…

Critique de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Quelle joie de retrouver Magic au format Blu-ray en France ! On salue bien bas l’initiative de Rimini Éditions d’avoir sorti le film de Richard Attenborough de l’oubli (relatif) où il était tombé. Côté image, la copie est quasi-irréprochable : la restauration a été faite avec soin, et le Blu-ray (naturellement encodé en 1080p) s’impose sans peine comme tout à fait respectueux des couleurs et de la granulation d’origine, tout en proposant un piqué et un niveau de détail assez bluffants. Les contrastes ne sont jamais pris à revers, et les (nombreuses) scènes nocturnes ne souffrent jamais de noirs « bouchés ». Les pistes audio ne sont pas en reste : les deux mixages (VF / VO) sont proposés en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine). On préférera la version originale à la version française, non seulement parce qu’elle est plus convaincante d’un point de vue artistique, mais également parce qu’elle s’avère plus « punchy » sur les moments de bravoure du film. Un beau boulot technique.

Du côté des suppléments, Rimini Éditions est allé nous dégotter une poignée d’entretiens et de documents d’archive tout à fait intéressants. On commencera donc avec un entretien avec Anthony Hopkins (6 minutes), réalisée en 1978 pour la télévision espagnole ; on continuera ensuite avec un court entretien radiophonique avec Anthony Hopkins (3 minutes), également réalisé au moment de la sortie du film, et au cœur duquel évoque son parcours ainsi que sa filmographie, qui à l’époque ne comptait naturellement pas encore les titres ayant fait sa gloire dans les années 90. On poursuivra avec un très intéressant entretien avec Victor Kemper (11 minutes), dans lequel le talentueux directeur de la photo évoquera son travail et sa carrière, en portant une attention à Magic. On aura ensuite l’occasion de découvrir des images d’archive concernant les tests maquillages d’Ann-Margret (1 minute) ainsi qu’un très intéressant documentaire intitulé « Fats et ses amis - Une histoire de la ventriloquie » (27 minutes), qui reviendra non seulement sur la ventriloquie en tant qu’Art, mais également au cinéma. Dennis Alwood, ventriloque et conseiller technique sur Magic, y occupera une place importante. On terminera enfin avec la bande-annonce ainsi qu’avec les spots TV et radio.

Comme d’habitude avec les Combos Blu-ray / DVD issus de la collection « Fantastique » de Rimini Éditions, cette édition de Magic comporte également un livret inédit de 24 pages intitulé « Maudit pantin », écrit par l’inusable Marc Toullec et revenant sur la figure de la poupée de ventriloque dans le cinéma fantastique, ainsi que sur les carrières de Richard Attenborough, Anthony Hopkins et Ann-Margret.

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